Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1857-01-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 janvier 1857 25 janvier 1857
Description : 1857/01/25 (A2,N15). 1857/01/25 (A2,N15).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6530614b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
22 L'ISTHME DE SUEZ,
EXPÉJHTION ANGLAISE
DANS LE GOLFE PERSIQUE.
Depuis notre premier article sur l'expédition anglaise
dans le golfe Persique (nO du 25 nov. 1856), les événe-
ments ont beaucoup marché. La guerre a été déclarée à
- la Perse par le gouverneur général des Indes, au nom
et par ordre du gouvernement anglais. La proclamation
qui dénonce la guerre a été publiée à Calcutta le 1er no-
vembre, et le 10 à Bombay. Le gouverneur général de
l'Inde, en prenant en conseil cette résolution, la fonde
uniquement sur la violation du traité conclu en jan-
vier 1853 entre le lieutenant-colonel Sheil, envoyé et
ministre plénipotentiaire de la reine, et entre SaHautesse
le soudi-azim, ou premier ministre du gouvernement
persan. Ce traité avait eu surtout pour but d'assurer l'in-
dépendance de Hérat, qui ne devait appartenir ni aux
Persans, ni aux Afghans, ni aux Anglais. Les stipula-
tions peu précises de ce traité laissaient à la Perse un
droit éventuel sur Hérat ; elle y pouvait envoyer des
troupes dans le cas où les puissances voisines elles-
mêmes feraient quelque mouvement hostile contre cette
ville. En décembre 1855, le gouvernement persan crut
trouver une justification pour cette éventualité, assez im-
prudemment prévue, dans la conquête du Kandauar, dont
s'empara Dost-Mohammed-Khan, le chef actuel de l'Af-
ghanistan; il déclara donc officiellement, dans la Ga-.
zette de Téhéran, qu'il était dans l'intention d'envoyer
des forces à Hérat, Plus tard, en effet, il fit le siège de
cette ville.
Hérat est tombée au pouvoir des Persans, comme on
le sait, le 26 octobre dernier. Mais avant que la nou-
velle pût être parvenue à Calcutta, le gouverneur géné-
ral de l'Inde, après que ses remontrances étaient restées
inutiles, n'hésita pas à employer la force, croyant que
cette diversion pourrait sauver la ville. Il n'en a rien été,
et l'expédition anglaise quitta le port de Bombay quinze
jours environ après que Hérat fut tombée aux mains des
Persans. On sait que l'armée expéditionnaire est d'envi-
ron cinq mille hommes, sous les ordres provisoires du
major général Stalker, qui a dû céder le commandement
à sir James Outram, arrivé sans doute auprès de l'armée
vers le milieu de décembre.
La proclamation solennelle de la guerre n'a pas fait
grande sensation à Calcutta, où elle a eu lieu. La popu-
lation musulmane de cette ville sympathise beaucoup
plus avec les Afghans qu'avec la Perse ; et comme les
négociants européens ne craignent pas que cette guerre
nuise à leur commerce, ils s'en inquiètent assez peu. A
Bombay, qui est plus voisine du théâtre de la guerre, on
ne paraît pas s'en préoccuper non plus davantage ; et il
est probable d'ailleurs que dans cette localité les fourni-
tures nécessaires à l'armée procureront de grands béné-
fices à beaucoup de négociants. Cependant le gouverne-
ment des Indes prépare déjà une réserve pour l'armée
expéditionnaire - il renforce toute son armée, et dans
les trois présidences on a augmenté les cadres tant de
l'année indigène que des régiments européens, afin
d'être prêt à tout événement.
En même temps que l'on commençait au sud le mou-
vement dans le golfe Persique, on le soutenait au nord
par un mouvement sur Caboul, qui pourrait être me-
nacée par la Perse et où il importe de maintenir les Af-
ghans. Le 1er novembre, le brigadier Chamherlaine par-
tait pour Koliat avec des forces qu'on porte à huit mille
hommes. Il marchait par la vallée de Miranzi ; le 8, il
passait la rivière Kouroum , il marchait sur Caboul; et
le 10 il était à Kohat, à cent vingt milles ou cinquante
lieues de cette ville,
Pendant que le gouvernement des Indes inaugurait
ainsi la guerre pour son propre compte, il se faisait un
auxiliaire utile dans l'iman de Mascate, son ancien
allié. L'iman a refusé le tribut qu'il doit à la Perse; et il
semble qu'il s'est proclamé à peu près indépendant, en
se mettant sous la suzeraineté exclusive du sultan de
Constantinople , qu'il vient de reconnaître désormais
pour son seul chef spirituel et temporel.
Les Persans, de leur côté, ne se montrent pas moins
belliqueux. Après s'être emparés de Hérat, ils ont pris
en outre quelques villes aux Afghans, celle de Furrah
entre autres, et s'avancent sur Caboul, qu'ils voudraient
sans doute occuper avant les troupes qu'y envoie la
Compagnie des Indes orientales. On ne sait pas au juste
le nombre des forces persanes dirigées sur Caboul ;
mais ces forces, quelles qu'elles soient, ont pour elles
le prestige du succès qu'elles viennent de remporter ; et
un tel prestige est beaucoup dans tous les pays, et sur-
tout dans ceux-là.
Il semble donc que tout se prépare pour une collision
assez grave dans ces contrées, et les conséquences en
peuvent être très-sérieuses. On est unanime en Angle-
terre et aux Indes pour regarder Hérat comme un point
stratégique considérable en ce qui concerne la sécurité
des possessions britanniques. On n'hésite point à dire
que c'est une des clefs de l'Inde; et le traité de 1853 ,
précédé de tant d'autres, montre toute la sollicitude de
la Compagnie, quelque incomplet et quelque imprudent
que soit d'ailleurs ce traité. Les journaux anglais , et le
Times en particulier, ne lui ménagent pas les critiques,
et ce dernier journal accuse l'œuvre informe du lieute-
nant-colonel Sheil d'être la cause unique de toutes les
complications actuelles, qui lui semblent d'ailleurs si
embrouillées, qu'il s'avoue parfaitement incapable d'y
rien comprendre. Nous laissons de côté toutes ces ques-
tions, qui seraient naturellement encore bien plus em-
barrassantes pour nous, et qui d'ailleurs ne nous regar-
dent pas; et nous nous bornons à suivre avec attention
les événements qui se passent dans le golfe Persique.
Ceux-là nous touchent davantage, parce qu'ils peuvent
avoir de grandes conséquences, et pour le chemin de fer
que l'on projette sur l'Euphrate, et pour la navigation
même de la mer Rouge. Ces événements ne commen-
cent qu'à se produire; mais nous pouvons étudier quel-
ques-uns des faits accomplis , et par exemple la marche
de l'expédition maritime de Bombay au golfe Persique.
La traversée de Bombay au fond du golfe se divise
en deux parties distinctes : la première dans la mer
EXPÉJHTION ANGLAISE
DANS LE GOLFE PERSIQUE.
Depuis notre premier article sur l'expédition anglaise
dans le golfe Persique (nO du 25 nov. 1856), les événe-
ments ont beaucoup marché. La guerre a été déclarée à
- la Perse par le gouverneur général des Indes, au nom
et par ordre du gouvernement anglais. La proclamation
qui dénonce la guerre a été publiée à Calcutta le 1er no-
vembre, et le 10 à Bombay. Le gouverneur général de
l'Inde, en prenant en conseil cette résolution, la fonde
uniquement sur la violation du traité conclu en jan-
vier 1853 entre le lieutenant-colonel Sheil, envoyé et
ministre plénipotentiaire de la reine, et entre SaHautesse
le soudi-azim, ou premier ministre du gouvernement
persan. Ce traité avait eu surtout pour but d'assurer l'in-
dépendance de Hérat, qui ne devait appartenir ni aux
Persans, ni aux Afghans, ni aux Anglais. Les stipula-
tions peu précises de ce traité laissaient à la Perse un
droit éventuel sur Hérat ; elle y pouvait envoyer des
troupes dans le cas où les puissances voisines elles-
mêmes feraient quelque mouvement hostile contre cette
ville. En décembre 1855, le gouvernement persan crut
trouver une justification pour cette éventualité, assez im-
prudemment prévue, dans la conquête du Kandauar, dont
s'empara Dost-Mohammed-Khan, le chef actuel de l'Af-
ghanistan; il déclara donc officiellement, dans la Ga-.
zette de Téhéran, qu'il était dans l'intention d'envoyer
des forces à Hérat, Plus tard, en effet, il fit le siège de
cette ville.
Hérat est tombée au pouvoir des Persans, comme on
le sait, le 26 octobre dernier. Mais avant que la nou-
velle pût être parvenue à Calcutta, le gouverneur géné-
ral de l'Inde, après que ses remontrances étaient restées
inutiles, n'hésita pas à employer la force, croyant que
cette diversion pourrait sauver la ville. Il n'en a rien été,
et l'expédition anglaise quitta le port de Bombay quinze
jours environ après que Hérat fut tombée aux mains des
Persans. On sait que l'armée expéditionnaire est d'envi-
ron cinq mille hommes, sous les ordres provisoires du
major général Stalker, qui a dû céder le commandement
à sir James Outram, arrivé sans doute auprès de l'armée
vers le milieu de décembre.
La proclamation solennelle de la guerre n'a pas fait
grande sensation à Calcutta, où elle a eu lieu. La popu-
lation musulmane de cette ville sympathise beaucoup
plus avec les Afghans qu'avec la Perse ; et comme les
négociants européens ne craignent pas que cette guerre
nuise à leur commerce, ils s'en inquiètent assez peu. A
Bombay, qui est plus voisine du théâtre de la guerre, on
ne paraît pas s'en préoccuper non plus davantage ; et il
est probable d'ailleurs que dans cette localité les fourni-
tures nécessaires à l'armée procureront de grands béné-
fices à beaucoup de négociants. Cependant le gouverne-
ment des Indes prépare déjà une réserve pour l'armée
expéditionnaire - il renforce toute son armée, et dans
les trois présidences on a augmenté les cadres tant de
l'année indigène que des régiments européens, afin
d'être prêt à tout événement.
En même temps que l'on commençait au sud le mou-
vement dans le golfe Persique, on le soutenait au nord
par un mouvement sur Caboul, qui pourrait être me-
nacée par la Perse et où il importe de maintenir les Af-
ghans. Le 1er novembre, le brigadier Chamherlaine par-
tait pour Koliat avec des forces qu'on porte à huit mille
hommes. Il marchait par la vallée de Miranzi ; le 8, il
passait la rivière Kouroum , il marchait sur Caboul; et
le 10 il était à Kohat, à cent vingt milles ou cinquante
lieues de cette ville,
Pendant que le gouvernement des Indes inaugurait
ainsi la guerre pour son propre compte, il se faisait un
auxiliaire utile dans l'iman de Mascate, son ancien
allié. L'iman a refusé le tribut qu'il doit à la Perse; et il
semble qu'il s'est proclamé à peu près indépendant, en
se mettant sous la suzeraineté exclusive du sultan de
Constantinople , qu'il vient de reconnaître désormais
pour son seul chef spirituel et temporel.
Les Persans, de leur côté, ne se montrent pas moins
belliqueux. Après s'être emparés de Hérat, ils ont pris
en outre quelques villes aux Afghans, celle de Furrah
entre autres, et s'avancent sur Caboul, qu'ils voudraient
sans doute occuper avant les troupes qu'y envoie la
Compagnie des Indes orientales. On ne sait pas au juste
le nombre des forces persanes dirigées sur Caboul ;
mais ces forces, quelles qu'elles soient, ont pour elles
le prestige du succès qu'elles viennent de remporter ; et
un tel prestige est beaucoup dans tous les pays, et sur-
tout dans ceux-là.
Il semble donc que tout se prépare pour une collision
assez grave dans ces contrées, et les conséquences en
peuvent être très-sérieuses. On est unanime en Angle-
terre et aux Indes pour regarder Hérat comme un point
stratégique considérable en ce qui concerne la sécurité
des possessions britanniques. On n'hésite point à dire
que c'est une des clefs de l'Inde; et le traité de 1853 ,
précédé de tant d'autres, montre toute la sollicitude de
la Compagnie, quelque incomplet et quelque imprudent
que soit d'ailleurs ce traité. Les journaux anglais , et le
Times en particulier, ne lui ménagent pas les critiques,
et ce dernier journal accuse l'œuvre informe du lieute-
nant-colonel Sheil d'être la cause unique de toutes les
complications actuelles, qui lui semblent d'ailleurs si
embrouillées, qu'il s'avoue parfaitement incapable d'y
rien comprendre. Nous laissons de côté toutes ces ques-
tions, qui seraient naturellement encore bien plus em-
barrassantes pour nous, et qui d'ailleurs ne nous regar-
dent pas; et nous nous bornons à suivre avec attention
les événements qui se passent dans le golfe Persique.
Ceux-là nous touchent davantage, parce qu'ils peuvent
avoir de grandes conséquences, et pour le chemin de fer
que l'on projette sur l'Euphrate, et pour la navigation
même de la mer Rouge. Ces événements ne commen-
cent qu'à se produire; mais nous pouvons étudier quel-
ques-uns des faits accomplis , et par exemple la marche
de l'expédition maritime de Bombay au golfe Persique.
La traversée de Bombay au fond du golfe se divise
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