Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1860-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1860 15 juin 1860
Description : 1860/06/15 (A5,N96). 1860/06/15 (A5,N96).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6529962z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/07/2013
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 205
inquiétant, c'est que la nature même de cet incendie
met hors de doute qu'il est le résultat de la malveil-
lance. Si les Japonais, pour nous expulser de leur pays,
ne reculent pas devant de tels moyens, il est probable
qu'ils réussiront dans leur projet. Avec un Hong-Kong
français ou anglais sur les côtes du Japon, on forcerait
bien le gouvernement de Yeddo à prendre les mesures
nécessaires contre le retour de pareils sinistres; mais
dans l'état présent des choses, les étrangers ont dû veiller
eux-mêmes à la sûreté de leurs propriétés et de leurs
personnes. Il s'est donc formé à Yoku-Hama une sorte
de conseil municipal composé de quatre membres, cen-
sés représenter la France, l'Angleterre, la Hollande et
l'Amérique, et à la tête duquel se trouve un président.
Ce conseil, oui n'a aucun pouvoir ni vis-à-vis du gou-
vernement japo-
nais ni vis - à - vis
des autorités con-
sulaires à Kana-
gawa, a cependant
procédé d'une ma-
nière énergique.
Après avoir adressé
une circulaire aux
ministres et con-
suls généraux
étrangers, il a for-
mé une garde com-
posée de tous les
marchands établis.
à Yoku-Hama pour
faire des patrouil-
les de huit heures
du soir à six heu-
res du matin dans
le quartier euro
péen. Ce sera effi-
cace tant que cela
durera ; mais je doute que cela dure longtemps à
cause du petit nombre des habitants. On ne peut pas
sans de grandes fatigues passer une nuit sur trois,
surtout quand on est forcé de rester toute la journée à
ses affaires. Je pense qu'on fera venir des gardiens
chinois, et qu'on engagera quelques matelots des na-
vires américains qui ont fait naufrage à Simoda et qui
sont ici sans occupation.
» Le Powhattan, bateau à vapeur de la marine des
États-Unis, est arrivé le 11 janvier pour prendre les am-
bassadeurs japonais qu'il doit conduire en Amérique.
Le 16, toute l'ambassade, qui se compose de soixante et
onze personnes, est venue faire visite à l'amiral Tattnall:
elle a été reçue avec une courtoisie qui doit avoir flatté
l'orgueil japonais. Treize coups de canon ont salué son
arrivée ; l'amiral, entouré de ses officiers en grand uni-
forme, s'est avancé jusqu'à l'escalier ; les soldats de ma-
rine ont porté les armes, et la musique n'a cessé de
jouer tout le temps que l'ambassade a été à bord. On
dit que le Powhattan doit partir pour San-Francisco le
15 février.
» Depuis quelques jours, il se trouve ici un officier
anglais chargé, dit on, d'acheter six mille chevaux pour
l'armée anglaise en Chine. »
On nous écrit de Yeddo (Japon), le 1er février 1860:
« Je vous enverrai par un prochain courrier mes notes
sur mon voyage et mon séjour à Yeddo ; mais je ne
laisserai point partir celui-ci sans vous parler de l'évé-
nement du jour, qui nous a tous affectés de la manière
la plus pénible. Il s'agit d'un nouveau meurtre commis
par un officier japonais sur la personne du sous inter-
prète du consulat général anglais, à la porte même du
consulat, en plein jour, dans la rue la plus fréquentée
de la capitale du Japon, à l'ombre du pavillon britan-
HANGAR CONTENANT DEUX APPAREILS POUR DISTILLER L'EAU DE MER.
nique. Rappelez-
vous que c'est le
quatrième assas-
sinat que dans l'es-
pac3 de quatre mois
les Européens OL t
à reprocher aux
Japonais; tenez
compte de ce que
nous ne sommes
qu'une soixantaine
d'Occidentaux dans
tout le Japon, et
quatorze à Yeddo,
entourés de deux
millions de Japo-
nais, et vous com-
prendrez la cons-
ternation dans la-
quelle ce nouveau
crime nous a jetés.
» C'était le 29 jan-
vier, à cinq heures
de l'après-midi; Den-Kouchki, le sous-interprète de M. Ru-
therford-Alcock, se trouvait à la porte du consulat anglais,
regardant des enfants qui jouaient dans une rue con-
duisant au consulat. Tout à coup un Japonais sort d'une
ruelle étroite qui passe devant l'avenue, et, sans donner
aux enfants le temps de pousser un cri, il se rue sur
Den-Kouchki qui lui tournait le dos, et le transperce
avec son épée japonaise. L'arme meurtrière, conduite
par une main que le crime ne fait pas trembler, entre
dans le dos sous l'épaule droite, et sort par la poitrine.
L'assassin la laisse dans la blessure et s'enfuit sans que
personne l'arrête. La victime se traîne jusqu'à la maison
des gardes japonais attachés au consulat. L'un d'eux
retire l'épée de la poitrine de Den et court avertir
M. Rutherford-Alcock. Celui-ci est bientôt auprès du
moribond, lui prodiguant les soins les plus intelligents.
Mais tout secours est inutile : « Ah ! monsieur Alcock !
» ah ! monsieur Ensden ! » s'écrie l'infortuné, et sa voix
s'éteint. Une minute après, il était mort. Je vis le ca-
davre une demi-heure plus tard ; il avait perdu tout son
sang et il était d'une pâleur livide. La blessure au-
dessous du sein droit était nette et ferme comme une
incision faite par la main d'un chirurgien habile. C'était
inquiétant, c'est que la nature même de cet incendie
met hors de doute qu'il est le résultat de la malveil-
lance. Si les Japonais, pour nous expulser de leur pays,
ne reculent pas devant de tels moyens, il est probable
qu'ils réussiront dans leur projet. Avec un Hong-Kong
français ou anglais sur les côtes du Japon, on forcerait
bien le gouvernement de Yeddo à prendre les mesures
nécessaires contre le retour de pareils sinistres; mais
dans l'état présent des choses, les étrangers ont dû veiller
eux-mêmes à la sûreté de leurs propriétés et de leurs
personnes. Il s'est donc formé à Yoku-Hama une sorte
de conseil municipal composé de quatre membres, cen-
sés représenter la France, l'Angleterre, la Hollande et
l'Amérique, et à la tête duquel se trouve un président.
Ce conseil, oui n'a aucun pouvoir ni vis-à-vis du gou-
vernement japo-
nais ni vis - à - vis
des autorités con-
sulaires à Kana-
gawa, a cependant
procédé d'une ma-
nière énergique.
Après avoir adressé
une circulaire aux
ministres et con-
suls généraux
étrangers, il a for-
mé une garde com-
posée de tous les
marchands établis.
à Yoku-Hama pour
faire des patrouil-
les de huit heures
du soir à six heu-
res du matin dans
le quartier euro
péen. Ce sera effi-
cace tant que cela
durera ; mais je doute que cela dure longtemps à
cause du petit nombre des habitants. On ne peut pas
sans de grandes fatigues passer une nuit sur trois,
surtout quand on est forcé de rester toute la journée à
ses affaires. Je pense qu'on fera venir des gardiens
chinois, et qu'on engagera quelques matelots des na-
vires américains qui ont fait naufrage à Simoda et qui
sont ici sans occupation.
» Le Powhattan, bateau à vapeur de la marine des
États-Unis, est arrivé le 11 janvier pour prendre les am-
bassadeurs japonais qu'il doit conduire en Amérique.
Le 16, toute l'ambassade, qui se compose de soixante et
onze personnes, est venue faire visite à l'amiral Tattnall:
elle a été reçue avec une courtoisie qui doit avoir flatté
l'orgueil japonais. Treize coups de canon ont salué son
arrivée ; l'amiral, entouré de ses officiers en grand uni-
forme, s'est avancé jusqu'à l'escalier ; les soldats de ma-
rine ont porté les armes, et la musique n'a cessé de
jouer tout le temps que l'ambassade a été à bord. On
dit que le Powhattan doit partir pour San-Francisco le
15 février.
» Depuis quelques jours, il se trouve ici un officier
anglais chargé, dit on, d'acheter six mille chevaux pour
l'armée anglaise en Chine. »
On nous écrit de Yeddo (Japon), le 1er février 1860:
« Je vous enverrai par un prochain courrier mes notes
sur mon voyage et mon séjour à Yeddo ; mais je ne
laisserai point partir celui-ci sans vous parler de l'évé-
nement du jour, qui nous a tous affectés de la manière
la plus pénible. Il s'agit d'un nouveau meurtre commis
par un officier japonais sur la personne du sous inter-
prète du consulat général anglais, à la porte même du
consulat, en plein jour, dans la rue la plus fréquentée
de la capitale du Japon, à l'ombre du pavillon britan-
HANGAR CONTENANT DEUX APPAREILS POUR DISTILLER L'EAU DE MER.
nique. Rappelez-
vous que c'est le
quatrième assas-
sinat que dans l'es-
pac3 de quatre mois
les Européens OL t
à reprocher aux
Japonais; tenez
compte de ce que
nous ne sommes
qu'une soixantaine
d'Occidentaux dans
tout le Japon, et
quatorze à Yeddo,
entourés de deux
millions de Japo-
nais, et vous com-
prendrez la cons-
ternation dans la-
quelle ce nouveau
crime nous a jetés.
» C'était le 29 jan-
vier, à cinq heures
de l'après-midi; Den-Kouchki, le sous-interprète de M. Ru-
therford-Alcock, se trouvait à la porte du consulat anglais,
regardant des enfants qui jouaient dans une rue con-
duisant au consulat. Tout à coup un Japonais sort d'une
ruelle étroite qui passe devant l'avenue, et, sans donner
aux enfants le temps de pousser un cri, il se rue sur
Den-Kouchki qui lui tournait le dos, et le transperce
avec son épée japonaise. L'arme meurtrière, conduite
par une main que le crime ne fait pas trembler, entre
dans le dos sous l'épaule droite, et sort par la poitrine.
L'assassin la laisse dans la blessure et s'enfuit sans que
personne l'arrête. La victime se traîne jusqu'à la maison
des gardes japonais attachés au consulat. L'un d'eux
retire l'épée de la poitrine de Den et court avertir
M. Rutherford-Alcock. Celui-ci est bientôt auprès du
moribond, lui prodiguant les soins les plus intelligents.
Mais tout secours est inutile : « Ah ! monsieur Alcock !
» ah ! monsieur Ensden ! » s'écrie l'infortuné, et sa voix
s'éteint. Une minute après, il était mort. Je vis le ca-
davre une demi-heure plus tard ; il avait perdu tout son
sang et il était d'une pâleur livide. La blessure au-
dessous du sein droit était nette et ferme comme une
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