Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1864 15 mai 1864
Description : 1864/05/15 (A9,N190). 1864/05/15 (A9,N190).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203321t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
- JOURNAL DE I^'UNION DES DEUX MERS. ^43
le vice-roi le transmit au sultan, et m'engagea à me
rendre à Constantinople afin de donner des explica-
tions au gouvernement ottoman.
A Constantinople, je reçus le meilleur accueil, tant
du gouvernement que des représentants des puissan-
ces étrangères.
Je vis aussi lord Strattford de Redçliffe, ambassa-
deur d'Angleterre. A ce propos, je crois intéressant,
dans un moment où certaines personnes m'accusent
de témérité imprudente, de faire connaître, h une
assemblée aussi éclairée que celle deyant laquelle je
parle, dans quels termes conciliants j'ai posé, dès le
principe, la question à l'Angleterre. Je dois ajouter
que lord Strattford lui-même a rendu justice aux
sentiments qui me guidaient.
Voiei ce que j'écrivais, le 28 février 1855, à l'am-
bassadeur d'Angleterre; -
« Constantinople, 28 février 1855.
» 4 M. le vicomte de Strattford de Redçliffe,
» Il y a des questions qui demandent à être fran-
chement abordées pour être bien résolues, dé même
qu'il y a des plaies qui doivent être découvertes pour
être guéries. La loyauté avec laquelle vous avez
accueilli mes premières observations au sujet d'une
affaire dont je ne me dtssimule pas la gravité, m'en-
courage à soumettre à votre appréciation un point
de vue qu'il me paraît utile d'envisager dans la
question de l'isthme de Suez. La haute influence que
votre caractère et votre longue expérience vous don-
nent naturellement le droit d'exercer dans les déci-
sions de votre gouvernement au sujet de toutes les
questions orientales, me fait attacher un grand prix
à ne rien négliger pour que Votre Excellence puisse
former son opinion en toute connaissance de cause.
» Les résultats déjà obtenus par l'alliance intime
de la France et de, l'Angleterre, témoignent assez de
quel avantage est cette union des deux peuples dans
l'intérêt de l'équilibre européen et de la civilisation.
Il y .va donc de l'avenir et du bonheur de toutes les
nations de l'univers de maintenir intact, de préser-
ver de toute atteinte un. état de choses qui, à l'éter-
nel honneur des gouvernements qui l'ont constitué,
peut seul, avec le temps, assurer à l'humanité les
bienfaits du progrès et de 1a paix. De là la néces-
sité dq faire disparaître, à l'avance, toutes les cau-
ses de rupture et même de refroidissement entre les
deux peuples ; de là, par conséquent; l'impérieux de-
voir de rechercher, dans les futurs contingents,
quelles sont le& circonstances de nature à réveiller
des sentiments séculaires d'antagonisme, et à pro-
voquer, au sein de l'une ou de l'autre des deux na-
tions, de ces émotions contre la violence desquelles
la Sagesse des gouvernements est impuissante à lut-
ter. Les mptjfs d'une rivalité hostile tendent guçcçs-
sivement à faire place. 4 cette généreuse émulation
qui enfante les grandes choses.
» En considérant la situation d'une majûèr^ géné-
rale on ne voit guère sur quel terrain, et 'à naelle
occasion s'engageraient de nouveau les luttes, qui
ont si longtemps ensanglanté le monde.
» Sont-ce les intérêts financiers et commerciaux
qui peuvent diviser les deux peuples ! Mais les capi-
taux de la Grande-Bretagne, jetés dans toutes les
entreprises de la France, et l'immense développe-
ment qu'a pris le commerce international établissent
entre eux des liens qui chaque jour deviennent plus
étroits. Sont-ce les intérêts politiques et les ques-
tions de principes? Hais ,les deux nations n'ont plus
qu'un même but, qu'une même ambition : le triom-
phe du droit sur la force, de la civilisation sur la
barbarie. Sont-ce enfin de mesquines jalousies pour
une extension territoriale? Mais elles reconnaissent
aujourd'hui que le globe est assez vaste pour offrir
à l'esprit d'entreprise, qui anime leurs populations
respectives, des pays à mettre en valeur, des créa-
tures humaines à tirer de l'état de barbarie. Et d'ail-
leurs, du moment que leurs pavillons flottent ensem -
ble, les conquêtes de l'une profitent à l'activité de
l'autre.
» Au premier abord, on n'aperçoit donc rien dans
l'ensemble des choses qui puisse altérer nos bonnes
* relations avec l'Angleterre.
» Cependant, si l'on y regarde de près, une
éventualité se présente qui, faisant partager aux
cabinets les plus éclairés et les plus modérés les
préjugés et les passions populaires, est capable de
raviver de vieilles antipathies, et de compromettre,
avec l'alliance, les biens dont elle doit être la source.
» Il est, en effet, un point. du globe au libre par-
cours duquel se lie la puissance politique et com-
merciale de la Grande-Bretagne ; un point dont la
France avait, pour sa part, dans les siècles passés,
ambitionné la possession. Ce point, c'est l'Egypte,
route directe de l'Europe aux Indes, l'Egypte arrosée
à plusieurs reprises du sang français.
» Il est superflu d'établir les motifs qui ne per-
mettent pas à l'Angleterre de voir l'Egypte entre
les mains d'une nation rivale sans opposer la plus
énergique résistance; mais ce dont il faut égale-
ment tenir grand compte, c'est qu'avec des intérêts
moins positifs, la France, sous l'empire de ses glo-
rieuses traditions, sous l'impulsion d'autres senti-
ments plus instinctifs que raisonnés et par cela mê-
me tout-puissants sur l'esprit impressionnable de ses
habitants, ne saurait à son tour laisser à l'Angle-
terre la paisible domination de l'Egypte. Il est clair
que, tant que la route de l'Inde est ouverte et sûre,
le vice-roi le transmit au sultan, et m'engagea à me
rendre à Constantinople afin de donner des explica-
tions au gouvernement ottoman.
A Constantinople, je reçus le meilleur accueil, tant
du gouvernement que des représentants des puissan-
ces étrangères.
Je vis aussi lord Strattford de Redçliffe, ambassa-
deur d'Angleterre. A ce propos, je crois intéressant,
dans un moment où certaines personnes m'accusent
de témérité imprudente, de faire connaître, h une
assemblée aussi éclairée que celle deyant laquelle je
parle, dans quels termes conciliants j'ai posé, dès le
principe, la question à l'Angleterre. Je dois ajouter
que lord Strattford lui-même a rendu justice aux
sentiments qui me guidaient.
Voiei ce que j'écrivais, le 28 février 1855, à l'am-
bassadeur d'Angleterre; -
« Constantinople, 28 février 1855.
» 4 M. le vicomte de Strattford de Redçliffe,
» Il y a des questions qui demandent à être fran-
chement abordées pour être bien résolues, dé même
qu'il y a des plaies qui doivent être découvertes pour
être guéries. La loyauté avec laquelle vous avez
accueilli mes premières observations au sujet d'une
affaire dont je ne me dtssimule pas la gravité, m'en-
courage à soumettre à votre appréciation un point
de vue qu'il me paraît utile d'envisager dans la
question de l'isthme de Suez. La haute influence que
votre caractère et votre longue expérience vous don-
nent naturellement le droit d'exercer dans les déci-
sions de votre gouvernement au sujet de toutes les
questions orientales, me fait attacher un grand prix
à ne rien négliger pour que Votre Excellence puisse
former son opinion en toute connaissance de cause.
» Les résultats déjà obtenus par l'alliance intime
de la France et de, l'Angleterre, témoignent assez de
quel avantage est cette union des deux peuples dans
l'intérêt de l'équilibre européen et de la civilisation.
Il y .va donc de l'avenir et du bonheur de toutes les
nations de l'univers de maintenir intact, de préser-
ver de toute atteinte un. état de choses qui, à l'éter-
nel honneur des gouvernements qui l'ont constitué,
peut seul, avec le temps, assurer à l'humanité les
bienfaits du progrès et de 1a paix. De là la néces-
sité dq faire disparaître, à l'avance, toutes les cau-
ses de rupture et même de refroidissement entre les
deux peuples ; de là, par conséquent; l'impérieux de-
voir de rechercher, dans les futurs contingents,
quelles sont le& circonstances de nature à réveiller
des sentiments séculaires d'antagonisme, et à pro-
voquer, au sein de l'une ou de l'autre des deux na-
tions, de ces émotions contre la violence desquelles
la Sagesse des gouvernements est impuissante à lut-
ter. Les mptjfs d'une rivalité hostile tendent guçcçs-
sivement à faire place. 4 cette généreuse émulation
qui enfante les grandes choses.
» En considérant la situation d'une majûèr^ géné-
rale on ne voit guère sur quel terrain, et 'à naelle
occasion s'engageraient de nouveau les luttes, qui
ont si longtemps ensanglanté le monde.
» Sont-ce les intérêts financiers et commerciaux
qui peuvent diviser les deux peuples ! Mais les capi-
taux de la Grande-Bretagne, jetés dans toutes les
entreprises de la France, et l'immense développe-
ment qu'a pris le commerce international établissent
entre eux des liens qui chaque jour deviennent plus
étroits. Sont-ce les intérêts politiques et les ques-
tions de principes? Hais ,les deux nations n'ont plus
qu'un même but, qu'une même ambition : le triom-
phe du droit sur la force, de la civilisation sur la
barbarie. Sont-ce enfin de mesquines jalousies pour
une extension territoriale? Mais elles reconnaissent
aujourd'hui que le globe est assez vaste pour offrir
à l'esprit d'entreprise, qui anime leurs populations
respectives, des pays à mettre en valeur, des créa-
tures humaines à tirer de l'état de barbarie. Et d'ail-
leurs, du moment que leurs pavillons flottent ensem -
ble, les conquêtes de l'une profitent à l'activité de
l'autre.
» Au premier abord, on n'aperçoit donc rien dans
l'ensemble des choses qui puisse altérer nos bonnes
* relations avec l'Angleterre.
» Cependant, si l'on y regarde de près, une
éventualité se présente qui, faisant partager aux
cabinets les plus éclairés et les plus modérés les
préjugés et les passions populaires, est capable de
raviver de vieilles antipathies, et de compromettre,
avec l'alliance, les biens dont elle doit être la source.
» Il est, en effet, un point. du globe au libre par-
cours duquel se lie la puissance politique et com-
merciale de la Grande-Bretagne ; un point dont la
France avait, pour sa part, dans les siècles passés,
ambitionné la possession. Ce point, c'est l'Egypte,
route directe de l'Europe aux Indes, l'Egypte arrosée
à plusieurs reprises du sang français.
» Il est superflu d'établir les motifs qui ne per-
mettent pas à l'Angleterre de voir l'Egypte entre
les mains d'une nation rivale sans opposer la plus
énergique résistance; mais ce dont il faut égale-
ment tenir grand compte, c'est qu'avec des intérêts
moins positifs, la France, sous l'empire de ses glo-
rieuses traditions, sous l'impulsion d'autres senti-
ments plus instinctifs que raisonnés et par cela mê-
me tout-puissants sur l'esprit impressionnable de ses
habitants, ne saurait à son tour laisser à l'Angle-
terre la paisible domination de l'Egypte. Il est clair
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