Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 35
barque le suivait toute parée, elle venait de Zaga-
zig, tête de la navigation fluviale entre l'isthme et
l'intérieur de l'Egypte.
» Près du déversoir s'élevait une estrade pavoi-
sée; une table avait été dressée. Au centre et en face
du canal se trouvaient M. Ruyssenaërs, vice-prési-
dent de la Compagnie, M. Gérardin, agent supérieur,
l'inspecteur général, lé directeur général des tra-
vaux, l'ingénieur en chef, le médecin en chef, les
ingénieurs divisionnaires et les principaux employés
de la Compagnie. Les consuls, les officiers de la
marine et de l'armée, les chefs des établissements
français et anglais, les dames et tous les Européens
de Suez achevaient le cercle autour de la table.
Ismaïl-Bey, le chef des fellahs travailleurs, et le
gouverneur de Suez représentaient l'autorité locale;
la population arabe entourait l'estrade. Au moment
où l'eau franchissait le déversoir et se jetait dans
la mer Rouge M. le vice-président Ruyssenaërs, l'ami
et le représentant de M. de Lesseps, développa en
ces termes le seul toast qui fut porté :
« Messieurs,
» Je regrette bien vivement que M. le président,
Ferdinand de Lesseps, soit retenu à Paris par les af-
faires de la Compagnie, et ne puisse présider lui-
même cette fête d'inauguration du canal d'eau douce
Sa présence y eût apporté plus de solennité. Sa parole
éloquente eût dignement développé l'importance pour
la ville de Suez de l'arrivée des eaux du Nil au pied
de ses murs.
» Permettez-moi, Messieurs, de le suppléer, autant
qu'il est en mon pouvoir.
» Il n'est pas besoin de remonter bien haut dans le
passé pour se rappeler que cette plage aujourd'hui si
animée, était dans un isolement complet. Il y a
trente ans à peine que le nom même de la ville de
Suez était presque ignoré en Europe. Un large désert
la séparait de l'Egypte même ; les rares voyageurs
qu'y amenait la curiosité ne rencontraient dans ses
murs que quelques marins ou quelques pêcheurs, et
ne voyaient dans cette belle rade que de lourdes bar-
ques aux formes antiques attendant nonchalamment
des colis destinés aux villages de la côte, ou des pè-
lerins musulmans pour Djeddah et la Mecque.
» Un homme de courage et d'intelligence, le lieute-
nant Waghorn, entrevit le premier quelle était la
haute destinée de Suez. Il démontra à l'Europe que le
passage vers l'Inde par l'Egypte et la mer Rouge
était facile et qu'il était plus court. Aussi, le nom du
lieutenant Waghorn restera-t-il à jamais lié à l'his-
toire de cette ville, à laquelle il apporta le premier
élément de sa prospérité future.
Une route carrossable fut bientôt établie et permit
le développement d'un commerce de transit immédia-
tement si considérable qu'il nécessita bientôt la cons-
truction d'un chemin de fer.
» Vous avez, Messieurs, devant vous les grands
résultats de ces voies de communication. De magni-
fiques steamers apportent chaque jour des centaines
de voyageurs, des passngers, des cargaisons entières
de riches marchandises venues de l'extrême Orient-
La ville s'est développée, des constructions nouvelles
s'élèvent de tous côtés, des arsenaux de réparation
s'établissent, un bassin de radoub se creuse et rece-
vra bientôt les navires de tous pavillons.
La ville de Suez est donc lancée dans une pros-
périté toujours croissante où rien désormais ne pourra
l'arrêter.
» Et cependant, Messieurs, pour que le dévelop-
pement de cette prospérité se fît sans souffrance, il
lui manquait une condition essentielle, l'eau douce.
» Le gouvernement égyptien, dans sa haute sollici-
tude, faisait les plus grands sacrifices pour envoyer
du Caire, par le chemin de fer, l'eau nécessaire à la
subsistance des habitants de Suez ; mais l'accroisse-
ment de la population, de la navigation, la prospé-
rité même de la ville rendaient la tâche tous les
jours plus difficile.
» Il était réservé à la Compagnie universelle du
canal de Suez d'atteindre ce but, permettez-moi de
le dire, glorieux, et d'apporter à cette ville la seule
chose qui lui manquât pour arriver rapidement au
grand avenir qui l'attend.
» Aujourd'hui l'eau bienfaisante du Nil est arrivée
à Suez : la ville est désormais affranchie de toute
crainte; sa population peut s'accroître sans danger;
sa navigation peut s'augmenter dans les proportions
les plus considérables; au milieu des sables brûlants
qui l'entourent, elle ne redoute plus de manquer
d'eau douce.
» Le Nil est à sa porte ; le Nil qui ne tarit jamais,
qui transforme ce qu'il arrose, et qui portera la vie
et la fécondité où règne le désert.
» C'est donc une grande fête pour cette ville égyp-
tienne que celle à laquelle nous assistons aujourd'hui,
et qui restera gravée dans la mémoire reconnaissante
de sa population.
» Permettez-moi cependant d'ajouter que l'arrivée
du Nil à la mer Rouge, par un large canal, est aussi
un événement qui intéresse au plus haut degré le
commerce du monde. Au moyen de l'écluse d'Ismaïlia,
ce canal sera en communication avec la rigole ma-
ritime déjà achevée jusqu'au lac Timsah.
» Une première union des deux mers existe; une
première routee par au à travers l'isthme est établie,
et permettra à la Compagnie d'ouvrir, dans peu
d'années, la grande route maritime du commerce du
monde.
barque le suivait toute parée, elle venait de Zaga-
zig, tête de la navigation fluviale entre l'isthme et
l'intérieur de l'Egypte.
» Près du déversoir s'élevait une estrade pavoi-
sée; une table avait été dressée. Au centre et en face
du canal se trouvaient M. Ruyssenaërs, vice-prési-
dent de la Compagnie, M. Gérardin, agent supérieur,
l'inspecteur général, lé directeur général des tra-
vaux, l'ingénieur en chef, le médecin en chef, les
ingénieurs divisionnaires et les principaux employés
de la Compagnie. Les consuls, les officiers de la
marine et de l'armée, les chefs des établissements
français et anglais, les dames et tous les Européens
de Suez achevaient le cercle autour de la table.
Ismaïl-Bey, le chef des fellahs travailleurs, et le
gouverneur de Suez représentaient l'autorité locale;
la population arabe entourait l'estrade. Au moment
où l'eau franchissait le déversoir et se jetait dans
la mer Rouge M. le vice-président Ruyssenaërs, l'ami
et le représentant de M. de Lesseps, développa en
ces termes le seul toast qui fut porté :
« Messieurs,
» Je regrette bien vivement que M. le président,
Ferdinand de Lesseps, soit retenu à Paris par les af-
faires de la Compagnie, et ne puisse présider lui-
même cette fête d'inauguration du canal d'eau douce
Sa présence y eût apporté plus de solennité. Sa parole
éloquente eût dignement développé l'importance pour
la ville de Suez de l'arrivée des eaux du Nil au pied
de ses murs.
» Permettez-moi, Messieurs, de le suppléer, autant
qu'il est en mon pouvoir.
» Il n'est pas besoin de remonter bien haut dans le
passé pour se rappeler que cette plage aujourd'hui si
animée, était dans un isolement complet. Il y a
trente ans à peine que le nom même de la ville de
Suez était presque ignoré en Europe. Un large désert
la séparait de l'Egypte même ; les rares voyageurs
qu'y amenait la curiosité ne rencontraient dans ses
murs que quelques marins ou quelques pêcheurs, et
ne voyaient dans cette belle rade que de lourdes bar-
ques aux formes antiques attendant nonchalamment
des colis destinés aux villages de la côte, ou des pè-
lerins musulmans pour Djeddah et la Mecque.
» Un homme de courage et d'intelligence, le lieute-
nant Waghorn, entrevit le premier quelle était la
haute destinée de Suez. Il démontra à l'Europe que le
passage vers l'Inde par l'Egypte et la mer Rouge
était facile et qu'il était plus court. Aussi, le nom du
lieutenant Waghorn restera-t-il à jamais lié à l'his-
toire de cette ville, à laquelle il apporta le premier
élément de sa prospérité future.
Une route carrossable fut bientôt établie et permit
le développement d'un commerce de transit immédia-
tement si considérable qu'il nécessita bientôt la cons-
truction d'un chemin de fer.
» Vous avez, Messieurs, devant vous les grands
résultats de ces voies de communication. De magni-
fiques steamers apportent chaque jour des centaines
de voyageurs, des passngers, des cargaisons entières
de riches marchandises venues de l'extrême Orient-
La ville s'est développée, des constructions nouvelles
s'élèvent de tous côtés, des arsenaux de réparation
s'établissent, un bassin de radoub se creuse et rece-
vra bientôt les navires de tous pavillons.
La ville de Suez est donc lancée dans une pros-
périté toujours croissante où rien désormais ne pourra
l'arrêter.
» Et cependant, Messieurs, pour que le dévelop-
pement de cette prospérité se fît sans souffrance, il
lui manquait une condition essentielle, l'eau douce.
» Le gouvernement égyptien, dans sa haute sollici-
tude, faisait les plus grands sacrifices pour envoyer
du Caire, par le chemin de fer, l'eau nécessaire à la
subsistance des habitants de Suez ; mais l'accroisse-
ment de la population, de la navigation, la prospé-
rité même de la ville rendaient la tâche tous les
jours plus difficile.
» Il était réservé à la Compagnie universelle du
canal de Suez d'atteindre ce but, permettez-moi de
le dire, glorieux, et d'apporter à cette ville la seule
chose qui lui manquât pour arriver rapidement au
grand avenir qui l'attend.
» Aujourd'hui l'eau bienfaisante du Nil est arrivée
à Suez : la ville est désormais affranchie de toute
crainte; sa population peut s'accroître sans danger;
sa navigation peut s'augmenter dans les proportions
les plus considérables; au milieu des sables brûlants
qui l'entourent, elle ne redoute plus de manquer
d'eau douce.
» Le Nil est à sa porte ; le Nil qui ne tarit jamais,
qui transforme ce qu'il arrose, et qui portera la vie
et la fécondité où règne le désert.
» C'est donc une grande fête pour cette ville égyp-
tienne que celle à laquelle nous assistons aujourd'hui,
et qui restera gravée dans la mémoire reconnaissante
de sa population.
» Permettez-moi cependant d'ajouter que l'arrivée
du Nil à la mer Rouge, par un large canal, est aussi
un événement qui intéresse au plus haut degré le
commerce du monde. Au moyen de l'écluse d'Ismaïlia,
ce canal sera en communication avec la rigole ma-
ritime déjà achevée jusqu'au lac Timsah.
» Une première union des deux mers existe; une
première routee par au à travers l'isthme est établie,
et permettra à la Compagnie d'ouvrir, dans peu
d'années, la grande route maritime du commerce du
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