Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1864 15 janvier 1864
Description : 1864/01/15 (A9,N182). 1864/01/15 (A9,N182).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033138
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/05/2012
44 L'ISTHME DE SUEZ,
Et le vice-roi, donnant dans le piège, a laissé faire.
Mais, heureusement un contrat existe, et ce con-
trat renfermerait il, au dire delà chicane, des vices
de forme, qu'il serait inattaquable maintenant qu'il
a été exécuté de bonne foi pendant quatre ou cinq
ans. Le vice-roi ne peut donc pas se soustraire à ses
obligations.
Quant à l'autorisation du sultan, elle regarde ex-
clusivement le vice-roi : nécessaire ou non, la Com-
pagnie ne devait ni ne pouvait la demander. Il eût
été ridicule, en effet, que la Compagnie se chargeât
de l'obtenir : c'était évidemment l'affaire du vice-roi.
Or, en laissant commencer les travaux, en donnant
à la Compagnie tout l'aide en son pouvoir ; en lui
fournissant les ouvriers, etc., le vice-roi a fait voir
clairement qu'il avait l'autorisation écrite ou verbale,
ou bîen qu'il la jugeait inutile. Dans tous les cas, la
Compagnie n'a rien à y voir : c'est, d'après moi,
clair comme le jour.
Si la Compagnie avait la faibles&e de demander
que son acte de concession fût modifié en sa faveur,
le vice-roi lui opposerait certainement un refus éner-
gique, et il aurait raison. Eh bien! que la Compa-
gnie agisse de même ; qu'elle ne fasse pas surtout
la moindre concession aux exigences du vice-roi
d'Egypte; qu'elle s'en tienne à son contrat, et, si elle
perd son procès, il faudra bien croire que la justice
a quitté la terre.
Il paraît que les éternels ènnemis du canal et de
la France ont quelque peu réussi à mettre le vice-roi
de leur côté ; mais j'ai la confiance que le gouver-
r.ement de l'Empereur lui dessillera les yeux, et le
retiendra, par de sages conseils, dans la pente dan-
gereuse où il trouverait sa ruine ; car le jour où la
France lui retirerait sa protection, il cesserait d'être
ice-roi d'Egypte. La puissance qui a pris Perim ne
se ferait pas un scrupule de conscience de prendre
Idexandrie et Suez.
M. S Toulouse,
29 décembre.
Hier, lundi, deux actionnaires du canal de Suez
ont dû demander à la Compagnie, par-devant le
tribunal de commerce, qu'une assemblée générale
des actionnaires soit convoquée à cause des difficul-
tés qu'éprouve l'entreprise du percement. J'espère
que le journall'Isthrne de Suez que vous rédigez avec
tant de courage et d'intelligence, nous donnera, tout
au long, la demande de ces deux messieurs, la réponse
de la Compagnie, le jugement du tribunal et ses
considérants. Sans un grand effort d'imagination on
peut comprendre que, à la rigueur, on peut être
actionnaire du canal de Suez sans en être précisé-
ment grand partisan. Je suis curieux, je vous
l'avoue, de savoir si ces deux actionnaires sont,
comme la plupart d'entre nous, pauvres béotiens de
province, des actionnaires fondateurs qui n'avonscer-
tainement'pas les lumières des deux actionnaires ac-
tionnant la'Compagnie, mais qui pensons généralement
ainsi : admettant pour un instant que, revenus au
beau temps des Pritchard (temps que MM. Du-
faure et Odilon Barrot connaissent mieux que moi)
la Compagnie succombe sous les coups de plume de
MM. E. Forcade, Grandguillot, Nefftzer et autres,
nous serions, sans aucun doute, lestement expro-
priés pour cause de convenance britannique ; soit :
mais, dans ce cas, nous serions payés comme il a
été d'usage jusqu'à ce jour de payer les expropria-
tions. Croire le contraire est impossible, car il est
bien certain que l'Angleterre trouverait de suite l'ar-
gent nécessaire pour être sûre à tout jamais de ne
plus entendre parler du canal de Suez et de
M. de Lesseps, qui comme le moucheron de la
fable tourmente ce lion vénérable. Elle n'en laisserait
le soin ni à la Turquie, ni à l'Egypte, qui n'ayant
pas ses ressources, laisseraient forcément une
porte toujours ouverte à la résurrection de M. de
Lesseps et de son canal; elle ne serait tranquille
que le jour où elle pourrait se mettre au lieu et
place de notre président, non pour continuer son
œuvre, mais pour l'anéantir, pas brusquement peut-
être, mais à la longue. Mais je suppose que nous
sommes toujours au temps des Pritchard qui, Dieu
merci, est passé et trépassé.
Donc, et toujours selon moi, l'actionnaire non
spéculateur, qui a l'intelligence de ses vrais intérêts,
et qui n'est pas obligé de vendre, ne doit céder ni
à la peur ni au découragement, de quelque côté que
vienne l'hostilité. Je me fais ce raisonnement
fort simple, M. de Lesseps et le Conseil d'adminis-
tration sont aussi intéressés que moi à la réussite
de cette œuvre. J'ai vu, je vois tous les jours quelle
constance et quelle énergie ils déploient pour résister
au seul ennemi de notre entreprise et je m'en fie à
eux. - Tout le talent déployé depuis quelque temps
par quelques écrivains français, plus ou moins hos-
tiles, selon sans doute la force des arguments pré-
sentés par M. Nubar-Pacha, n'empêchera pas le plus
vulgaire bon sens de comprendre que c'est l'Angle-
terre seule qui tient les fils de cette comédie, dont
on doit rougir pour quelques acteurs, soutenus ou
non soutenus par l'ombre des Royer-Collard.
Vendre à présent, si lÜJ peur est plus forte que le
mal, c'est réaliser une perte plus ou moins forte,
mais ce n'est qu'une perte, tandis que, transiger
sur les points rejetés par notre Conseil d'administra-
tion, c'est se suicider bêtement et sans rémission ,
avec la perte totale de l'argent versé jusqu'ici, et de
plus, et surtout, la mort sans honneur, n'en déplaise
aux quelques Anglais de la presse parisienne.
Et le vice-roi, donnant dans le piège, a laissé faire.
Mais, heureusement un contrat existe, et ce con-
trat renfermerait il, au dire delà chicane, des vices
de forme, qu'il serait inattaquable maintenant qu'il
a été exécuté de bonne foi pendant quatre ou cinq
ans. Le vice-roi ne peut donc pas se soustraire à ses
obligations.
Quant à l'autorisation du sultan, elle regarde ex-
clusivement le vice-roi : nécessaire ou non, la Com-
pagnie ne devait ni ne pouvait la demander. Il eût
été ridicule, en effet, que la Compagnie se chargeât
de l'obtenir : c'était évidemment l'affaire du vice-roi.
Or, en laissant commencer les travaux, en donnant
à la Compagnie tout l'aide en son pouvoir ; en lui
fournissant les ouvriers, etc., le vice-roi a fait voir
clairement qu'il avait l'autorisation écrite ou verbale,
ou bîen qu'il la jugeait inutile. Dans tous les cas, la
Compagnie n'a rien à y voir : c'est, d'après moi,
clair comme le jour.
Si la Compagnie avait la faibles&e de demander
que son acte de concession fût modifié en sa faveur,
le vice-roi lui opposerait certainement un refus éner-
gique, et il aurait raison. Eh bien! que la Compa-
gnie agisse de même ; qu'elle ne fasse pas surtout
la moindre concession aux exigences du vice-roi
d'Egypte; qu'elle s'en tienne à son contrat, et, si elle
perd son procès, il faudra bien croire que la justice
a quitté la terre.
Il paraît que les éternels ènnemis du canal et de
la France ont quelque peu réussi à mettre le vice-roi
de leur côté ; mais j'ai la confiance que le gouver-
r.ement de l'Empereur lui dessillera les yeux, et le
retiendra, par de sages conseils, dans la pente dan-
gereuse où il trouverait sa ruine ; car le jour où la
France lui retirerait sa protection, il cesserait d'être
ice-roi d'Egypte. La puissance qui a pris Perim ne
se ferait pas un scrupule de conscience de prendre
Idexandrie et Suez.
M. S Toulouse,
29 décembre.
Hier, lundi, deux actionnaires du canal de Suez
ont dû demander à la Compagnie, par-devant le
tribunal de commerce, qu'une assemblée générale
des actionnaires soit convoquée à cause des difficul-
tés qu'éprouve l'entreprise du percement. J'espère
que le journall'Isthrne de Suez que vous rédigez avec
tant de courage et d'intelligence, nous donnera, tout
au long, la demande de ces deux messieurs, la réponse
de la Compagnie, le jugement du tribunal et ses
considérants. Sans un grand effort d'imagination on
peut comprendre que, à la rigueur, on peut être
actionnaire du canal de Suez sans en être précisé-
ment grand partisan. Je suis curieux, je vous
l'avoue, de savoir si ces deux actionnaires sont,
comme la plupart d'entre nous, pauvres béotiens de
province, des actionnaires fondateurs qui n'avonscer-
tainement'pas les lumières des deux actionnaires ac-
tionnant la'Compagnie, mais qui pensons généralement
ainsi : admettant pour un instant que, revenus au
beau temps des Pritchard (temps que MM. Du-
faure et Odilon Barrot connaissent mieux que moi)
la Compagnie succombe sous les coups de plume de
MM. E. Forcade, Grandguillot, Nefftzer et autres,
nous serions, sans aucun doute, lestement expro-
priés pour cause de convenance britannique ; soit :
mais, dans ce cas, nous serions payés comme il a
été d'usage jusqu'à ce jour de payer les expropria-
tions. Croire le contraire est impossible, car il est
bien certain que l'Angleterre trouverait de suite l'ar-
gent nécessaire pour être sûre à tout jamais de ne
plus entendre parler du canal de Suez et de
M. de Lesseps, qui comme le moucheron de la
fable tourmente ce lion vénérable. Elle n'en laisserait
le soin ni à la Turquie, ni à l'Egypte, qui n'ayant
pas ses ressources, laisseraient forcément une
porte toujours ouverte à la résurrection de M. de
Lesseps et de son canal; elle ne serait tranquille
que le jour où elle pourrait se mettre au lieu et
place de notre président, non pour continuer son
œuvre, mais pour l'anéantir, pas brusquement peut-
être, mais à la longue. Mais je suppose que nous
sommes toujours au temps des Pritchard qui, Dieu
merci, est passé et trépassé.
Donc, et toujours selon moi, l'actionnaire non
spéculateur, qui a l'intelligence de ses vrais intérêts,
et qui n'est pas obligé de vendre, ne doit céder ni
à la peur ni au découragement, de quelque côté que
vienne l'hostilité. Je me fais ce raisonnement
fort simple, M. de Lesseps et le Conseil d'adminis-
tration sont aussi intéressés que moi à la réussite
de cette œuvre. J'ai vu, je vois tous les jours quelle
constance et quelle énergie ils déploient pour résister
au seul ennemi de notre entreprise et je m'en fie à
eux. - Tout le talent déployé depuis quelque temps
par quelques écrivains français, plus ou moins hos-
tiles, selon sans doute la force des arguments pré-
sentés par M. Nubar-Pacha, n'empêchera pas le plus
vulgaire bon sens de comprendre que c'est l'Angle-
terre seule qui tient les fils de cette comédie, dont
on doit rougir pour quelques acteurs, soutenus ou
non soutenus par l'ombre des Royer-Collard.
Vendre à présent, si lÜJ peur est plus forte que le
mal, c'est réaliser une perte plus ou moins forte,
mais ce n'est qu'une perte, tandis que, transiger
sur les points rejetés par notre Conseil d'administra-
tion, c'est se suicider bêtement et sans rémission ,
avec la perte totale de l'argent versé jusqu'ici, et de
plus, et surtout, la mort sans honneur, n'en déplaise
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