Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1862 15 novembre 1862
Description : 1862/11/15 (A7,N154). 1862/11/15 (A7,N154).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203308z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 349
hommes travaille donc jusqu'à minuit à la lueur des
torches, formées de bois résineux brûlant dans des
sortes de grandes grilles en tôle. Le terrain se trouve
ainsi éclairé sur une longueur d'environ quatre kilo-
mètres; et c'est un spectacle curieux et imposant, je
vous le garantis, que ces hommes noircis par le so-
leil, éclairés par ces lueurs rougeâtres, remplissant
de sable, au fond de la tranchée, les couffes que d'au-
tres emportent pour les vider sur le talus, et remar-
quez que ce talus à 19 mètres d'élévation. Les Arabes
chantent; les cheicks les surveillent et les dirigent.
Parmi ces douze mille hommes, formant presque une
ligne continue, pas un ne s'écarte de son travail ni
du poste qui lui est assigné, où chacun se rend avec
l'exactitude des abeilles, qui ne se trompent jamais de
ruche.
»,Tous les assistants ont été étonnés de la facilité
avec laquelle les fellahs manient la pelle et la pioche
françaises, et ont dû rendre hommage à leur cour
rage, à leur entrain. Chacun est rentré au Seuil en-
chanté et émerveillé de cette première journée au
désert, de cette visite de jour et de nuit aux travaux.
» La journée du lendemain, ce qui veut dire au-
jourd'hui 2 novembre, date de ma lettre, M. de Les-
sepsareçu simultanément les employés de la Compa-
gnieet de l'Entreprise, sans distinction aucune. La
réunion a eu lieu dans le local affecté à la Société ar-
tistique et archéologique d'El-Guisr. M. Béhic et les
diverses personnes arrivées avec le président y assis-
taient. Après la présentation des employés, qui lui a
été faite par les chefs de service, M. de Lesseps a pris
la parole, et, dans quelques mots partis du cœur, il
a exprimé sa satisfaction des résultats obtenus et a
recommandé l'union et la bonne entente entre tous
ceux qui participent à l'exécution de l'œuvre. M. Béhic
ensuite s'est adressé à la réunion. Je regrette de ne
pouvoir vous transmettre le texte du discours qu'il b
prononcé; peut-être, par un prochain courrier, je
pourrai le faire ; mais; à défaut des paroles mêmes,
je vous garantis le sens exact de son improvisation
toute sympathique, toute généreuse. M. Béhic a rap-
pelé la question du canal de Suez, ce qu'elle était, ce
qu'elle dèvait être; puis, passant à son exécution, il
a rendu hommage aux talents de la pléiade d'ingé-
nieurs qui s'est groupée avec tant de zèle et de
dévouement autour de M. de Lesseps. « Je suis venu
ici sans prévention, a-t-il dit; mais, je l'avoue, je re-
présentais l'ignorance et l'incrédulité d'un certain
nombre d'esprits en Europe. Aujourd'hui, j'ai vu, je
m'étonne et j'admire. Je suis parti pour l'Egypte
presque avec cette pensée que les travaux du canal
de Suez étaient une fiction; maintenant, je ne puisque
rendre un hommage éclatant et mérité à celui qui, le
premier, a conçu une idée aussi audacieuse, et à
celui aussi qui a permis qu'on la mît à exécution. »
» L'allocution de M. Béhic a.duré à peu près une
demi-heure. C'est avec "une sympathie respectueuse
qu'elle a été écoutée, et, quand elle a été terminée,
les bravos ont éclaté de toutes parts.
Après cette inspection, M. de Lesseps et ceux qui
l'accompagnaient sont partis pour Kantara et doi-
vent de là se diriger sur Port-Saïd. Je ne puis vous
raconter la suite de cette excursion intéressante ; je
suis resté à Timsah, et j'ai à la hâte jeté sur le
papier mes impressions. Le courrier part tout à
l'heure; à bientôt une nouvelle lettre qui, je l'es-
père, vous portera la narration de la grande cérémo-
nie qui signalera l'entrée des eaux méditerranéennes
au lac Timsah. »
Pour cxirait : ERNEST DESPLACES.
LE TÉLÉGRAPHE DE L'ISTHME.
Nous avons reçu sur l'établissement du service té-
légraphique dans l'isthme de Suez des renseigne-
ments qui complètent ceux que nous avons déjà
sommairement donnés, et qui nous paraissent de
nature à intéresser nos lecteurs. Nous n'avons pas
besoin de faire ressortir toute l'utilité d'un service
télégraphique qui relie entre eux les divers campe-
ments ou stations et le théâtre des travaux en en-
tier avec l'Egypte, et par suite avec l'Europe même.
Les approvisionnements en matériel, en vivres, 'en
objets de tous genres, la distribution des travail-
leurs sur les points où leur présence peut'être le plus
nécessaire, ces mille éventualités qui encombrent
toujours l'exécution d'une grande entreprise, se trou-
vent singulièrement facilités ou prévus j ar la rapi-
dité de la transmission des ordres à donner.
Le télégraphe de l'isthme de Suez e3t déjà com-
plètement établi et fonctionne régulièrement entre
Zagazig et El-Guisr, c'est-à-dire tout le long du-
parcours du canal d'eau douce. Il a jusqu'à pré-
sent trois stations principales : Zagazig, Tel-el-Kebir
et El-Guisr.
Zagazig est la tête de ligne. Cette station estreliéa
avec les lignes égyptiennes, et est par conséquent
en relation avec Suez, le Caire et Alexandrie. Par-
tant de Zagazig, la ligne longe le canal d'eau douce,
sur sa rive droite, jusqu'à Abou-Assan, puis, suivant
la route de la vallée de l'Ouady, domaine de la Com-
pagnie, elle se dirige sur Tel-el-Kebir.
A Tel-el-Kebir on a établi une seconde station qui
dessert le château d'El-Kebir, propriété de la Com-
pagnie et centre de la direction de la culture ; la li-
gne télégraphique passe alors sur la rive gauche
du canal d'eau douce, reprend la route qui traverse
l'Ouady dans sa longueur, et arrive au lac Maxarna.
Elle contourne ce lac sur une partie de son étendue,
et de -son extrémité se dirige sur Timsah, où elle
aboutit. A Tiinsab, le fil traverse le canal pour sui-
hommes travaille donc jusqu'à minuit à la lueur des
torches, formées de bois résineux brûlant dans des
sortes de grandes grilles en tôle. Le terrain se trouve
ainsi éclairé sur une longueur d'environ quatre kilo-
mètres; et c'est un spectacle curieux et imposant, je
vous le garantis, que ces hommes noircis par le so-
leil, éclairés par ces lueurs rougeâtres, remplissant
de sable, au fond de la tranchée, les couffes que d'au-
tres emportent pour les vider sur le talus, et remar-
quez que ce talus à 19 mètres d'élévation. Les Arabes
chantent; les cheicks les surveillent et les dirigent.
Parmi ces douze mille hommes, formant presque une
ligne continue, pas un ne s'écarte de son travail ni
du poste qui lui est assigné, où chacun se rend avec
l'exactitude des abeilles, qui ne se trompent jamais de
ruche.
»,Tous les assistants ont été étonnés de la facilité
avec laquelle les fellahs manient la pelle et la pioche
françaises, et ont dû rendre hommage à leur cour
rage, à leur entrain. Chacun est rentré au Seuil en-
chanté et émerveillé de cette première journée au
désert, de cette visite de jour et de nuit aux travaux.
» La journée du lendemain, ce qui veut dire au-
jourd'hui 2 novembre, date de ma lettre, M. de Les-
sepsareçu simultanément les employés de la Compa-
gnieet de l'Entreprise, sans distinction aucune. La
réunion a eu lieu dans le local affecté à la Société ar-
tistique et archéologique d'El-Guisr. M. Béhic et les
diverses personnes arrivées avec le président y assis-
taient. Après la présentation des employés, qui lui a
été faite par les chefs de service, M. de Lesseps a pris
la parole, et, dans quelques mots partis du cœur, il
a exprimé sa satisfaction des résultats obtenus et a
recommandé l'union et la bonne entente entre tous
ceux qui participent à l'exécution de l'œuvre. M. Béhic
ensuite s'est adressé à la réunion. Je regrette de ne
pouvoir vous transmettre le texte du discours qu'il b
prononcé; peut-être, par un prochain courrier, je
pourrai le faire ; mais; à défaut des paroles mêmes,
je vous garantis le sens exact de son improvisation
toute sympathique, toute généreuse. M. Béhic a rap-
pelé la question du canal de Suez, ce qu'elle était, ce
qu'elle dèvait être; puis, passant à son exécution, il
a rendu hommage aux talents de la pléiade d'ingé-
nieurs qui s'est groupée avec tant de zèle et de
dévouement autour de M. de Lesseps. « Je suis venu
ici sans prévention, a-t-il dit; mais, je l'avoue, je re-
présentais l'ignorance et l'incrédulité d'un certain
nombre d'esprits en Europe. Aujourd'hui, j'ai vu, je
m'étonne et j'admire. Je suis parti pour l'Egypte
presque avec cette pensée que les travaux du canal
de Suez étaient une fiction; maintenant, je ne puisque
rendre un hommage éclatant et mérité à celui qui, le
premier, a conçu une idée aussi audacieuse, et à
celui aussi qui a permis qu'on la mît à exécution. »
» L'allocution de M. Béhic a.duré à peu près une
demi-heure. C'est avec "une sympathie respectueuse
qu'elle a été écoutée, et, quand elle a été terminée,
les bravos ont éclaté de toutes parts.
Après cette inspection, M. de Lesseps et ceux qui
l'accompagnaient sont partis pour Kantara et doi-
vent de là se diriger sur Port-Saïd. Je ne puis vous
raconter la suite de cette excursion intéressante ; je
suis resté à Timsah, et j'ai à la hâte jeté sur le
papier mes impressions. Le courrier part tout à
l'heure; à bientôt une nouvelle lettre qui, je l'es-
père, vous portera la narration de la grande cérémo-
nie qui signalera l'entrée des eaux méditerranéennes
au lac Timsah. »
Pour cxirait : ERNEST DESPLACES.
LE TÉLÉGRAPHE DE L'ISTHME.
Nous avons reçu sur l'établissement du service té-
légraphique dans l'isthme de Suez des renseigne-
ments qui complètent ceux que nous avons déjà
sommairement donnés, et qui nous paraissent de
nature à intéresser nos lecteurs. Nous n'avons pas
besoin de faire ressortir toute l'utilité d'un service
télégraphique qui relie entre eux les divers campe-
ments ou stations et le théâtre des travaux en en-
tier avec l'Egypte, et par suite avec l'Europe même.
Les approvisionnements en matériel, en vivres, 'en
objets de tous genres, la distribution des travail-
leurs sur les points où leur présence peut'être le plus
nécessaire, ces mille éventualités qui encombrent
toujours l'exécution d'une grande entreprise, se trou-
vent singulièrement facilités ou prévus j ar la rapi-
dité de la transmission des ordres à donner.
Le télégraphe de l'isthme de Suez e3t déjà com-
plètement établi et fonctionne régulièrement entre
Zagazig et El-Guisr, c'est-à-dire tout le long du-
parcours du canal d'eau douce. Il a jusqu'à pré-
sent trois stations principales : Zagazig, Tel-el-Kebir
et El-Guisr.
Zagazig est la tête de ligne. Cette station estreliéa
avec les lignes égyptiennes, et est par conséquent
en relation avec Suez, le Caire et Alexandrie. Par-
tant de Zagazig, la ligne longe le canal d'eau douce,
sur sa rive droite, jusqu'à Abou-Assan, puis, suivant
la route de la vallée de l'Ouady, domaine de la Com-
pagnie, elle se dirige sur Tel-el-Kebir.
A Tel-el-Kebir on a établi une seconde station qui
dessert le château d'El-Kebir, propriété de la Com-
pagnie et centre de la direction de la culture ; la li-
gne télégraphique passe alors sur la rive gauche
du canal d'eau douce, reprend la route qui traverse
l'Ouady dans sa longueur, et arrive au lac Maxarna.
Elle contourne ce lac sur une partie de son étendue,
et de -son extrémité se dirige sur Timsah, où elle
aboutit. A Tiinsab, le fil traverse le canal pour sui-
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