Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
292 L'ISTHME DE SUEZ,
coton. Une autre culture, celle du mûrier, déjà suffi-
samment étendue, devra servir à la riche production de
la soie.
» A l'époque où la Compagnie prit possession de
l'Ouady, ce domaine n'était habité que par une popu-
lation de 4,500 indigènes. Cette population est aujour-
d'hui doublée, les Arabes Bédouins, et particulièrement
ceux de la tribu des Annadis, accourant chaque jour
pour obtenir deux, trois ou quatre feddans de terre à
cultiver.
» Ces faits, dont j'ai été ou dont je viens d'être le
témoin moi-même, m'ont rempli l'esprit d'une vive
satisfaction, et en même temps m'ont inspiré le doute
que ce ne sont pas réellement les bras qui manquent à
la culture de la terre, mais l'encouragement et la con-
fiance, peut-être par la faute de quelque fonctionnaire
public, méconnaissant l'esprit et la lettre des ordres du
gouvernement.
» De là, il vous sera facile de conclure comment de
80,000 francs le revenu du domaine a été porté à
150,000 francs nets de tous frais, ce qui représente l'in-
térêt de 1 1/2 0/0 du capital déboursé. Mais cette aug-
mentation est encore peu de chose, si l'on considère
qu'il reste une grande étendue de terrain, un tiers en-
viron, encore inculte, et que de nouvelles industries,
facilitées par l'introduction d'améliorations nombreuses,
augmenteront l'abondance des produits dans les ter-
rains eux-mêmes qui sont actuellement cultivés, si bien
que dans quelques années le chiffre de 150,000 francs
pourra être très-facilement doublé.
» L'Ouady est le terrain sur lequel viennent se con-
cilier toutes ces populations indigènes si longtemps en
querelle entre elles; les Bédouins des diverses tribus
abandonnent la tente, s'établissent dans des maisons
et se font cultivateurs. Ce que la force n'a pas pu ac-
complir est réalisé par la raison et la justice. Les Ara-
des disent que M. Guichard est prédestiné, et les faits
démontrent que, comme ils l'entendent, ils disent vrai.
Seul avec son secrétaire, il vit au milieu d'une popula-
tion d'environ 10,000 indigènes, se montre juge impar-
tial et père affectueux. Il a écarté de son administra-
tion tous les procédés de corruption et d'abrutissement,
et c'est avec un sentiment de justice qu'il se fait res-
pecter et aimer à la fois. L'Ouady est un petit exem-
ple de ce que peut obtenir la civilisation et de ce que
se propose d'exécuter la Compagnie.
» En parcourant ce canal intérieur, il m'a paru
que c'était un défaut de bon sens que de vouloir plus
longtemps douter des avantages que l'Egypte retirera
par la canalisation de l'isthme. Au moyen de cette en-
treprise, l'Egypte gagne des terres, et je dirais pres-
que se double vers le désert, qu'on ne peut appeler
ainsi, suivant une juste expression de M. de Lesseps,
que parce que ses populations sont dispersées. Celles-ci
s'y grouperont lorsque les eaux du Nil , condition
absolue d'existence pour l'Egypte, pourront rendre
tant de terrains à la culture. Toutes les populations
nomades établiront leur domicile sur des lieux destinés
à s'enrichir de nouveau de tous les dons précieux de la
nature.
» En passant à Damiette, j'ai voulu me rendre moi-
même à l'embouchure de cette branche du Nil. Le
spectacle de cet immense volume d'eau allant se per-
dre dans la Méditerranée imprime dans l'âme un senti-
ment de tristesse. Il est vrai que dans le grand ordre
économique de l'univers, rien ne peut se dire réellement
perdu ; mais de ces eaux qui sont l'élément primitif
des ressources et de la richesse du pays qu'elles bai-
gnent, l'Egypte pourrait retirer un fruit considérable, si
un système d'irrigation ample et bien ordonné les por-
tait sur toutes les terres cultivables.
» Sur les rives du lac Menzaleh, le long de la ligne
de l'isthme que j'ai parcourue, sur cette terre de Gessen,
les ruines de villes très-anciennes qui furent le centre de
très-nombreuses populations, attestent qu'en ces lieux
l'eau ne devait pas manquer, non-seulement aux besoins
de la vie, mais encore à ceux d'une fertile végétation.
Comment donc ne serait pas grandiose et vraiment
utile et humanitaire une entreprise tendant à recon-
quérir à la culture des terres perdues, à multiplier les
ressources du pays, et par ces ressources à accroître le
nombre et le bien-être de ses habitants ?
,) L'Arabe ne manque ni d'intelligence ni de force
physique. Il profitera des moyens qu'on lui offre, et il
a commencé à en profiter, puisque 7,000 Arabes du dé-
sert sont déjà venus s'établir sur les terrains de la Com-
pagnie et ont entrepris la culture de plusieurs milliers
d'hectares. Ils rendront ces contrées populeuses et fer-
tiles comme elles le furent autrefois. La vie de l'Egypte
refluera vers l'isthme, où elle se rencontrera avec le
commerce de toutes les nations de l'univers, et, par ce
contact avec les peuples civilisés, elle recouvrera ces
forces qu'elle avait perdues depuis tant de siècles.
» Ce contact enrichira l'Egypte non-seulement par
les avantages moraux qu'elle lui assure, mais aussi
par tous les bénéfices matériels que lui promettent des
rapports commerciaux avec les marines du monde en-
tier, qui viendront échanger les articles des autres con-
trées contre ceux de l'Egypte, et approvisionneront leurs
navires des produits de son sol.
» Je ne parlerai pas des avantages généraux de la
canalisation de l'isthme, parce que ce sujet a été déjà
traité abondamment et qu'il serait étranger à mon but.
Je ne parlerai pas davantags des profits particuliers
qu'en retirera notre Italie, parce qu'il suffit de consulter
notre histoire et de jeter un coup d'œil sur une carte
géographique pour se convaincre que l'Italie a un grand
avenir en Orient.
» Je me résume ici en peu de mots.
» En trois ans de travail, l'entreprise a obtenu de
grands résultats. La difficulté principale, celle de l'in-
stallation dans le désert avec 20 ou 25,000 ouvriers,
n'existe plus ; tout le travail est organisé avec exacti-
tude et précision; l'eau et les vivres sont assurés en
abondance. Deux villes ont été fondées dans des pro-
portions correspondantes à leur avenir ; plusieurs petits
centres de population se sont formés le long de la
ligne du canal ; les ateliers de Port-Saïd pourvoient à
tous les matériaux nécessaires, en bois et en fer, de-
coton. Une autre culture, celle du mûrier, déjà suffi-
samment étendue, devra servir à la riche production de
la soie.
» A l'époque où la Compagnie prit possession de
l'Ouady, ce domaine n'était habité que par une popu-
lation de 4,500 indigènes. Cette population est aujour-
d'hui doublée, les Arabes Bédouins, et particulièrement
ceux de la tribu des Annadis, accourant chaque jour
pour obtenir deux, trois ou quatre feddans de terre à
cultiver.
» Ces faits, dont j'ai été ou dont je viens d'être le
témoin moi-même, m'ont rempli l'esprit d'une vive
satisfaction, et en même temps m'ont inspiré le doute
que ce ne sont pas réellement les bras qui manquent à
la culture de la terre, mais l'encouragement et la con-
fiance, peut-être par la faute de quelque fonctionnaire
public, méconnaissant l'esprit et la lettre des ordres du
gouvernement.
» De là, il vous sera facile de conclure comment de
80,000 francs le revenu du domaine a été porté à
150,000 francs nets de tous frais, ce qui représente l'in-
térêt de 1 1/2 0/0 du capital déboursé. Mais cette aug-
mentation est encore peu de chose, si l'on considère
qu'il reste une grande étendue de terrain, un tiers en-
viron, encore inculte, et que de nouvelles industries,
facilitées par l'introduction d'améliorations nombreuses,
augmenteront l'abondance des produits dans les ter-
rains eux-mêmes qui sont actuellement cultivés, si bien
que dans quelques années le chiffre de 150,000 francs
pourra être très-facilement doublé.
» L'Ouady est le terrain sur lequel viennent se con-
cilier toutes ces populations indigènes si longtemps en
querelle entre elles; les Bédouins des diverses tribus
abandonnent la tente, s'établissent dans des maisons
et se font cultivateurs. Ce que la force n'a pas pu ac-
complir est réalisé par la raison et la justice. Les Ara-
des disent que M. Guichard est prédestiné, et les faits
démontrent que, comme ils l'entendent, ils disent vrai.
Seul avec son secrétaire, il vit au milieu d'une popula-
tion d'environ 10,000 indigènes, se montre juge impar-
tial et père affectueux. Il a écarté de son administra-
tion tous les procédés de corruption et d'abrutissement,
et c'est avec un sentiment de justice qu'il se fait res-
pecter et aimer à la fois. L'Ouady est un petit exem-
ple de ce que peut obtenir la civilisation et de ce que
se propose d'exécuter la Compagnie.
» En parcourant ce canal intérieur, il m'a paru
que c'était un défaut de bon sens que de vouloir plus
longtemps douter des avantages que l'Egypte retirera
par la canalisation de l'isthme. Au moyen de cette en-
treprise, l'Egypte gagne des terres, et je dirais pres-
que se double vers le désert, qu'on ne peut appeler
ainsi, suivant une juste expression de M. de Lesseps,
que parce que ses populations sont dispersées. Celles-ci
s'y grouperont lorsque les eaux du Nil , condition
absolue d'existence pour l'Egypte, pourront rendre
tant de terrains à la culture. Toutes les populations
nomades établiront leur domicile sur des lieux destinés
à s'enrichir de nouveau de tous les dons précieux de la
nature.
» En passant à Damiette, j'ai voulu me rendre moi-
même à l'embouchure de cette branche du Nil. Le
spectacle de cet immense volume d'eau allant se per-
dre dans la Méditerranée imprime dans l'âme un senti-
ment de tristesse. Il est vrai que dans le grand ordre
économique de l'univers, rien ne peut se dire réellement
perdu ; mais de ces eaux qui sont l'élément primitif
des ressources et de la richesse du pays qu'elles bai-
gnent, l'Egypte pourrait retirer un fruit considérable, si
un système d'irrigation ample et bien ordonné les por-
tait sur toutes les terres cultivables.
» Sur les rives du lac Menzaleh, le long de la ligne
de l'isthme que j'ai parcourue, sur cette terre de Gessen,
les ruines de villes très-anciennes qui furent le centre de
très-nombreuses populations, attestent qu'en ces lieux
l'eau ne devait pas manquer, non-seulement aux besoins
de la vie, mais encore à ceux d'une fertile végétation.
Comment donc ne serait pas grandiose et vraiment
utile et humanitaire une entreprise tendant à recon-
quérir à la culture des terres perdues, à multiplier les
ressources du pays, et par ces ressources à accroître le
nombre et le bien-être de ses habitants ?
,) L'Arabe ne manque ni d'intelligence ni de force
physique. Il profitera des moyens qu'on lui offre, et il
a commencé à en profiter, puisque 7,000 Arabes du dé-
sert sont déjà venus s'établir sur les terrains de la Com-
pagnie et ont entrepris la culture de plusieurs milliers
d'hectares. Ils rendront ces contrées populeuses et fer-
tiles comme elles le furent autrefois. La vie de l'Egypte
refluera vers l'isthme, où elle se rencontrera avec le
commerce de toutes les nations de l'univers, et, par ce
contact avec les peuples civilisés, elle recouvrera ces
forces qu'elle avait perdues depuis tant de siècles.
» Ce contact enrichira l'Egypte non-seulement par
les avantages moraux qu'elle lui assure, mais aussi
par tous les bénéfices matériels que lui promettent des
rapports commerciaux avec les marines du monde en-
tier, qui viendront échanger les articles des autres con-
trées contre ceux de l'Egypte, et approvisionneront leurs
navires des produits de son sol.
» Je ne parlerai pas des avantages généraux de la
canalisation de l'isthme, parce que ce sujet a été déjà
traité abondamment et qu'il serait étranger à mon but.
Je ne parlerai pas davantags des profits particuliers
qu'en retirera notre Italie, parce qu'il suffit de consulter
notre histoire et de jeter un coup d'œil sur une carte
géographique pour se convaincre que l'Italie a un grand
avenir en Orient.
» Je me résume ici en peu de mots.
» En trois ans de travail, l'entreprise a obtenu de
grands résultats. La difficulté principale, celle de l'in-
stallation dans le désert avec 20 ou 25,000 ouvriers,
n'existe plus ; tout le travail est organisé avec exacti-
tude et précision; l'eau et les vivres sont assurés en
abondance. Deux villes ont été fondées dans des pro-
portions correspondantes à leur avenir ; plusieurs petits
centres de population se sont formés le long de la
ligne du canal ; les ateliers de Port-Saïd pourvoient à
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