Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1862 15 mai 1862
Description : 1862/05/15 (A7,N142). 1862/05/15 (A7,N142).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032966
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
154 L'ISTHME DE SUEZ,
brillante et cordiale qui lui a été faite par le roi
Victor-Emmanuel; après avoir assisté à la magni-
fique fête donnée par l'escadre française à la popu-
lation napolitaine, le vice-roi d'Egypte s'est rendu à
Rome par Civita-Vecchia. La dépêche télégraphique
annonçant le séjour du prince dans la ville sainte et
sa visite au Saint Père, ajoute qu'il a été reçu par
Sa Sainteté avec tous les honneurs dus aux princes
régnants.
D'après nos informations, conformes d'ailleurs à
ce que la presse parisienne a elle-même publié, Son
Altesse sera le 14 à Toulon, le 16 à Marseille, le 17
à Lyon, et le 18 à Paris.
Il recevra l'hospitalité française aux Tuileries, où
il est attendu.
ERNEST DESPLACES.
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Le dernier courrier nous apporte des détails sur une
cérémonie intéressante dont le télégraphe avait fait
parvenir l'avis au président de la Compagnie univer-
selle, et qu'il a fait connaître le 1er mai à l'assemblée
générale.
Le 27 avril a eu lieu la pose de la première pierre
de la ville de Timsah.
Dès le matin les agents supérieurs de la Compa-
gnie et de l'entreprise étaient réunis dans la ville
d'El-Guisr. Une messe solennelle, dite dans l'église
catholique de cette station pour la prospérité de l'é-
tablissement nouveau, a inauguré lajournér. Elle s'est
terminée par le Domine salvum fac imperatorem. Cette
invocation trois fois répétée au milieu du désert rendu
à la vie avait un caractère émouvant. C'était un
souvenir religieux à la France auquel se mêlait un
profond sentiment de sympathie pour le bonheur de
l'Egypte, et de reconnaissance pour le prince qui la
gouverne.
Des prières ensuite ont été adressées à sainte Eu-
génie, patronne de Port-Saïd, et à la vierge Marie, pa-
tronne du Seuil, invoquant leur protection pour l'œu-
vre qui allait s'accomplir.
Après la messe, une foule nombreuse s'est rendue
sur le plateau de Timsah. A la solennité assistaient
MM. Voisin, directeur général des travaux, Ismaïl
Bey, commandant l'isthme au nom de S. A. Mo-
hammed-Saïd ; Sciama, ingénieur en chef de l'entre-
prise générale; Feinieux, délégué de l'entrepreneur
général ; comte Sata ; Laroche, Larousse, ingénieurs
de la Compagnie ; Aubert Roche, médecin en chef,
etc., etc. Ils étaient entourés par les employés et les
ouvriers européens de la Compagnie et de l'entre-
prise, par les médecins des diverses circonscriptions,
et par un grand nombre d'Arabes accourus de toutes
parts.
La première pierre de Timsah a été posée après
avoir été bénie par le desservant de l'église du Seuil.
Un procès-verbal de la cérémonie sur parchemin, en
français et en arabe, a été dressé et signé par le re-
présentant du vice-roi Ismaïl Bey et les principaux
assistants. Sur la physionomie générale de cette céré-
monie, nous croyons devoir ici-emprunter le langage
pittoresque de notre correspondant : « C'était, nous
dit-il, un magnifique tableau. Au-dessus de nous flot-
taient les pavillons unis de la France et de l'Egypte.
Autour de nous un cercle d'hommes de tous les pays
et de tous les costumes. Les voitures, les chevaux
arabes, les chameaux chargés de leurs spectateurs,
au centre le prêtre en habits sacerdotaux consa-
crant la première fondation de la ville nouvelle, et au
loin dans l'horizon, sous les rayons du soleil cou-
chant , la silhouette des montagnes. Quand tout a été
terminé, dans le silence du recueillement une double
acclamation s'est élevée : « Vive Mohammed-Saïd,
vive le président de la Compagnie universelle !» Il y
avait vraiment de l'enthousiasme et de l'émotion dans
toutes les voix et sur tous les visages. Encore donc
un progrès de fait. Au 1er novembre, la nouvelle ville
sera assez avancée pour qu'on y puisse transporter
et installer tout l'état-major d'exécution et d'adminis-
tration de la Compagnie et de l'entreprise. »
« Quant aux travaux, reprend notre correspondant,
ils marchent, marchent avec une rapidité admirable.
Je les ai vus ; au seuil d'El-Guisr la tranchée est gi-
gantesque.
» Les adversaires du canal prétendront-ils encore
que rien ne se fait dans l'isthme? Quant à nous,
présents sur les lieux, nous sommes surpris de la
succession des événements. Hier le Nil, l'eau douce
au désert ; aujourd'hui une ville qui se fonde, la ca-
pitale des trois mondes. Demain ce sera la Médi-
terranée versant ses eaux dans le bassin de Timsah,
et avant peu la mer Rouge s'unissant à la Méditer-
ranée. »
Mais c'est surtout dans les œuvres de cette espèce
que rien n'est fait tant qu'il reste à faire. Les ré-
sultats acquis doivent stimuler la Compagnie et l'en-
treprise à redoubler d'efforts pour arriver à des ré-
sultats plus grands encore. Nous croyons savoir que
c'est là la pensée qui préoccupe presque exclusive-
ment les hommes énergiques et distingués placés à
la tête de l'opération, et l'on prépare déjà les moyens
par lesquels doivent se prolonger de Timsah à Suez
le canal d'eau douce et la rigole maritime, tandis
qu'une armée de travailleurs pousse vigoureusement
le percement définitif du seuil d'El-Guisr.
Cependant les voyageurs et les visiteurs se multi-
plient dans l'isthme, et presque tous les jours nous
recevons les témoignages de la satisfaction que leur
a causée l'inspection des travaux, leur état présent
et leur perspective future. Nous avons sous les yeux
brillante et cordiale qui lui a été faite par le roi
Victor-Emmanuel; après avoir assisté à la magni-
fique fête donnée par l'escadre française à la popu-
lation napolitaine, le vice-roi d'Egypte s'est rendu à
Rome par Civita-Vecchia. La dépêche télégraphique
annonçant le séjour du prince dans la ville sainte et
sa visite au Saint Père, ajoute qu'il a été reçu par
Sa Sainteté avec tous les honneurs dus aux princes
régnants.
D'après nos informations, conformes d'ailleurs à
ce que la presse parisienne a elle-même publié, Son
Altesse sera le 14 à Toulon, le 16 à Marseille, le 17
à Lyon, et le 18 à Paris.
Il recevra l'hospitalité française aux Tuileries, où
il est attendu.
ERNEST DESPLACES.
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Le dernier courrier nous apporte des détails sur une
cérémonie intéressante dont le télégraphe avait fait
parvenir l'avis au président de la Compagnie univer-
selle, et qu'il a fait connaître le 1er mai à l'assemblée
générale.
Le 27 avril a eu lieu la pose de la première pierre
de la ville de Timsah.
Dès le matin les agents supérieurs de la Compa-
gnie et de l'entreprise étaient réunis dans la ville
d'El-Guisr. Une messe solennelle, dite dans l'église
catholique de cette station pour la prospérité de l'é-
tablissement nouveau, a inauguré lajournér. Elle s'est
terminée par le Domine salvum fac imperatorem. Cette
invocation trois fois répétée au milieu du désert rendu
à la vie avait un caractère émouvant. C'était un
souvenir religieux à la France auquel se mêlait un
profond sentiment de sympathie pour le bonheur de
l'Egypte, et de reconnaissance pour le prince qui la
gouverne.
Des prières ensuite ont été adressées à sainte Eu-
génie, patronne de Port-Saïd, et à la vierge Marie, pa-
tronne du Seuil, invoquant leur protection pour l'œu-
vre qui allait s'accomplir.
Après la messe, une foule nombreuse s'est rendue
sur le plateau de Timsah. A la solennité assistaient
MM. Voisin, directeur général des travaux, Ismaïl
Bey, commandant l'isthme au nom de S. A. Mo-
hammed-Saïd ; Sciama, ingénieur en chef de l'entre-
prise générale; Feinieux, délégué de l'entrepreneur
général ; comte Sata ; Laroche, Larousse, ingénieurs
de la Compagnie ; Aubert Roche, médecin en chef,
etc., etc. Ils étaient entourés par les employés et les
ouvriers européens de la Compagnie et de l'entre-
prise, par les médecins des diverses circonscriptions,
et par un grand nombre d'Arabes accourus de toutes
parts.
La première pierre de Timsah a été posée après
avoir été bénie par le desservant de l'église du Seuil.
Un procès-verbal de la cérémonie sur parchemin, en
français et en arabe, a été dressé et signé par le re-
présentant du vice-roi Ismaïl Bey et les principaux
assistants. Sur la physionomie générale de cette céré-
monie, nous croyons devoir ici-emprunter le langage
pittoresque de notre correspondant : « C'était, nous
dit-il, un magnifique tableau. Au-dessus de nous flot-
taient les pavillons unis de la France et de l'Egypte.
Autour de nous un cercle d'hommes de tous les pays
et de tous les costumes. Les voitures, les chevaux
arabes, les chameaux chargés de leurs spectateurs,
au centre le prêtre en habits sacerdotaux consa-
crant la première fondation de la ville nouvelle, et au
loin dans l'horizon, sous les rayons du soleil cou-
chant , la silhouette des montagnes. Quand tout a été
terminé, dans le silence du recueillement une double
acclamation s'est élevée : « Vive Mohammed-Saïd,
vive le président de la Compagnie universelle !» Il y
avait vraiment de l'enthousiasme et de l'émotion dans
toutes les voix et sur tous les visages. Encore donc
un progrès de fait. Au 1er novembre, la nouvelle ville
sera assez avancée pour qu'on y puisse transporter
et installer tout l'état-major d'exécution et d'adminis-
tration de la Compagnie et de l'entreprise. »
« Quant aux travaux, reprend notre correspondant,
ils marchent, marchent avec une rapidité admirable.
Je les ai vus ; au seuil d'El-Guisr la tranchée est gi-
gantesque.
» Les adversaires du canal prétendront-ils encore
que rien ne se fait dans l'isthme? Quant à nous,
présents sur les lieux, nous sommes surpris de la
succession des événements. Hier le Nil, l'eau douce
au désert ; aujourd'hui une ville qui se fonde, la ca-
pitale des trois mondes. Demain ce sera la Médi-
terranée versant ses eaux dans le bassin de Timsah,
et avant peu la mer Rouge s'unissant à la Méditer-
ranée. »
Mais c'est surtout dans les œuvres de cette espèce
que rien n'est fait tant qu'il reste à faire. Les ré-
sultats acquis doivent stimuler la Compagnie et l'en-
treprise à redoubler d'efforts pour arriver à des ré-
sultats plus grands encore. Nous croyons savoir que
c'est là la pensée qui préoccupe presque exclusive-
ment les hommes énergiques et distingués placés à
la tête de l'opération, et l'on prépare déjà les moyens
par lesquels doivent se prolonger de Timsah à Suez
le canal d'eau douce et la rigole maritime, tandis
qu'une armée de travailleurs pousse vigoureusement
le percement définitif du seuil d'El-Guisr.
Cependant les voyageurs et les visiteurs se multi-
plient dans l'isthme, et presque tous les jours nous
recevons les témoignages de la satisfaction que leur
a causée l'inspection des travaux, leur état présent
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