Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1862 15 janvier 1862
Description : 1862/01/15 (A7,N134). 1862/01/15 (A7,N134).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203288n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. - 19
qu'en effet ceux qui auront l'intelligence d'aller
s'établir les premiers sur cette route qui servira de
passage au commerce du monde et offre tant de
moyens d'exploitation différents, y trouveront des
avantages que l'avenir ne peut manquer de féconder.
ERNEST DESPLACES.
NÉCESSITÉ.
Par la restitution des commissaires confédérés
saisis à bord du Trent, le gouvernement de Washing-
ton a fait disparaître les chances d'une guerre ac-
tuelle entre l'Angleterre et l'Amérique du Nord.
Cette paix sera-t-elle durable ou ne sera-t-elle qu'une
sorte de trêve ? C'est une question qui nous écarte-
rait de notre cadre spécial, et que nous laissons aux
événements le soin de décider.
Une autre pensée nous préoccupe. Qu'y a-t-il de
changé par cette circonstance dans la situation in-
dustrielle soit de l'Europe soit du Royaume-Uni ? Le
coton américain va-t-il arriver plus abondamment à
Liverpool ? Les fabriques anglaises sont-elles mena-
cées d'un chômage moins prochain? N'est-il pas à
craindre que l'Angleterre n'ait bientôt sur les bras
des millions d'ouvriers manquant d'ouvrage et de.
mandant du pain ? S'il faut en croire un article de
l'Economist que nous reproduisons plus bas, le mo-
ment ne serait pas éloigné où elle serait réduite à
cette terrible extrémité.
L'Economist reconnaît que tant que la guerre civile
durera, l'Amérique ne pourra fournir à l'Angleterre
le coton dont elle a besoin, et la proposition se dé-
montre assez facilement d'elle-même. Mais dans un
article sur ce même sujet un recueil français, la Re-
vue des Deux Mondes, va beaucoup plus loin. La Revue
prétend, et nous sommes de cet avis, que la guerre
civile entre le Sud et le Nord amènera pour long-
temps, peut-être pour toujours, la profonde déca-
dence si ce n'est l'anéantissement de la culture dn
coton dans les États à esclaves. Elle en donne
plusieurs raisons sérieuses. La première c'est que la
durée de la guerre, la confédération méridionale
fût-elle reconnue par l'Angleterre, obligera les plan-
teurs à remplacer leurs cultures actuelles par la
production des plantes alimentaires qui leur man-
quent complètement, et pour lesquelles jusqu'ici ils
ont dépendu absolument du Nord. La seconde, c'est
que le Sud fut-il victorieux, sa sécession du Nord
lui enlèverait une portion essentielle de ses ressour-
ces agricoles. Le planteur de coton, en effet, épuise
rapidement les terres auxquelles il demande la ma-
tière première si indispensable aux manufacturiers
du Lancashire, et il lui fa ut sans cesse des terres nou-
velles et vierges dont il ira encore épuiser la fertilité.
« Il faut aux planteurs, dit l'auteur de l'article,
un domaine indéfini. Campés sur le sol, ils en ex-
ploitent sans pitié la fougueuse fécondité comme ils
exploitent aussi la force du nègre pendant sa jeu-
nesse ; quand la terre est appauvrie ils l'abandonnent
pour transporter plus loin leur culture et leur cam-
pement d'esclaves, jusqu'à ce que le territoire entier
soit devenu improductif; c'est pour cela que tant de
planteurs de la Virginie, du Maryland, du Ken-
tucky avaient cessé de cultiver le sol et s'occupaient
principalement de l'élève des esclaves destinés aux
marchés du Sud. Les propriétaires fidèles à l'agri-
culture n'avaient pu continuer à s'enrichir qu'en
s'emparant de territoires encore vierges. Les rivages
de l'Atlantique leur avaient d'abord suffi, puis ils
avaient traversé les Apalaches ; ils avaient fait
acheter la Louisiane, les Florides , envahi la ma-
gnifique vallée du Mississipi, ensuite ils avaient em-
ployé toutes les forces des États-Unis à conquérir le
Texas, à détacher du Mexique un territoire immense
dont ils espéraient faire leur domaine; ils attaquaient
l'île de Cuba, ils envoyaient des pirates dans le Hon-
duras et le Nicaragua. »
Avec la sécession cette politique n'est plus possi-
ble, et le Sud doit s'en tenir à cultiver son territoire
actuel borné encore par ceux des États similaires,
tels que le Kentucky, le Missouri, etc., qui ne vou-
dront point se séparer de l'Union.
En outre, et toujours dans l'hypothèse de son
triomphe, le Sud indépendant aura à instituer et
payer à ses dépens des douanes, une armée, une
marine, etc., dont jusqu'à présent l'Union tout en-
tière faisait à peu près tous les frais.
État agricole et sans manufactures, ayant par
conséquent besoin de l'étranger pour se vêtir, pour
se nourrir, pour s'armer, la confédération ne pourra
pas imposer de grosses taxes aux objets d'importation
étrangère. Les charges de son budget pèseront donc
presque spécialement sur son agriculture, c'est-à-dire
sur son coton, et le bénéfice que le planteur fait sur
la vente de sa récolte est assez faible pour que le
renchérissement provenant de l'impôt décourage dans
une grande mesure la production de la denrée.
Enfin, jusqu'à présent le Sud avait contraint le
Nord à respecter jusque sur son territoire sa pro-
priété noire. Mais les deux gouvernements étant
distincts et séparés, le Nord à coup sûr ne subira
plus cette loi qu'il n'avait acceptée qu'avec répu-
gnance, et les esclaves fugitifs auront désormais un
asile assuré dans tous ces États libres qui presseront
comme d'une ceinture tout le domaine esclavagiste.
Mais c'est là, pour le travail esclave, le côté le plus
favorable de la solution. Vainqueur ou vaincu, la
Revue des Deux Mondes lui prédit que sa défaite
aboutira infailliblement à l'abolition de][l'esclavage,
qu'en effet ceux qui auront l'intelligence d'aller
s'établir les premiers sur cette route qui servira de
passage au commerce du monde et offre tant de
moyens d'exploitation différents, y trouveront des
avantages que l'avenir ne peut manquer de féconder.
ERNEST DESPLACES.
NÉCESSITÉ.
Par la restitution des commissaires confédérés
saisis à bord du Trent, le gouvernement de Washing-
ton a fait disparaître les chances d'une guerre ac-
tuelle entre l'Angleterre et l'Amérique du Nord.
Cette paix sera-t-elle durable ou ne sera-t-elle qu'une
sorte de trêve ? C'est une question qui nous écarte-
rait de notre cadre spécial, et que nous laissons aux
événements le soin de décider.
Une autre pensée nous préoccupe. Qu'y a-t-il de
changé par cette circonstance dans la situation in-
dustrielle soit de l'Europe soit du Royaume-Uni ? Le
coton américain va-t-il arriver plus abondamment à
Liverpool ? Les fabriques anglaises sont-elles mena-
cées d'un chômage moins prochain? N'est-il pas à
craindre que l'Angleterre n'ait bientôt sur les bras
des millions d'ouvriers manquant d'ouvrage et de.
mandant du pain ? S'il faut en croire un article de
l'Economist que nous reproduisons plus bas, le mo-
ment ne serait pas éloigné où elle serait réduite à
cette terrible extrémité.
L'Economist reconnaît que tant que la guerre civile
durera, l'Amérique ne pourra fournir à l'Angleterre
le coton dont elle a besoin, et la proposition se dé-
montre assez facilement d'elle-même. Mais dans un
article sur ce même sujet un recueil français, la Re-
vue des Deux Mondes, va beaucoup plus loin. La Revue
prétend, et nous sommes de cet avis, que la guerre
civile entre le Sud et le Nord amènera pour long-
temps, peut-être pour toujours, la profonde déca-
dence si ce n'est l'anéantissement de la culture dn
coton dans les États à esclaves. Elle en donne
plusieurs raisons sérieuses. La première c'est que la
durée de la guerre, la confédération méridionale
fût-elle reconnue par l'Angleterre, obligera les plan-
teurs à remplacer leurs cultures actuelles par la
production des plantes alimentaires qui leur man-
quent complètement, et pour lesquelles jusqu'ici ils
ont dépendu absolument du Nord. La seconde, c'est
que le Sud fut-il victorieux, sa sécession du Nord
lui enlèverait une portion essentielle de ses ressour-
ces agricoles. Le planteur de coton, en effet, épuise
rapidement les terres auxquelles il demande la ma-
tière première si indispensable aux manufacturiers
du Lancashire, et il lui fa ut sans cesse des terres nou-
velles et vierges dont il ira encore épuiser la fertilité.
« Il faut aux planteurs, dit l'auteur de l'article,
un domaine indéfini. Campés sur le sol, ils en ex-
ploitent sans pitié la fougueuse fécondité comme ils
exploitent aussi la force du nègre pendant sa jeu-
nesse ; quand la terre est appauvrie ils l'abandonnent
pour transporter plus loin leur culture et leur cam-
pement d'esclaves, jusqu'à ce que le territoire entier
soit devenu improductif; c'est pour cela que tant de
planteurs de la Virginie, du Maryland, du Ken-
tucky avaient cessé de cultiver le sol et s'occupaient
principalement de l'élève des esclaves destinés aux
marchés du Sud. Les propriétaires fidèles à l'agri-
culture n'avaient pu continuer à s'enrichir qu'en
s'emparant de territoires encore vierges. Les rivages
de l'Atlantique leur avaient d'abord suffi, puis ils
avaient traversé les Apalaches ; ils avaient fait
acheter la Louisiane, les Florides , envahi la ma-
gnifique vallée du Mississipi, ensuite ils avaient em-
ployé toutes les forces des États-Unis à conquérir le
Texas, à détacher du Mexique un territoire immense
dont ils espéraient faire leur domaine; ils attaquaient
l'île de Cuba, ils envoyaient des pirates dans le Hon-
duras et le Nicaragua. »
Avec la sécession cette politique n'est plus possi-
ble, et le Sud doit s'en tenir à cultiver son territoire
actuel borné encore par ceux des États similaires,
tels que le Kentucky, le Missouri, etc., qui ne vou-
dront point se séparer de l'Union.
En outre, et toujours dans l'hypothèse de son
triomphe, le Sud indépendant aura à instituer et
payer à ses dépens des douanes, une armée, une
marine, etc., dont jusqu'à présent l'Union tout en-
tière faisait à peu près tous les frais.
État agricole et sans manufactures, ayant par
conséquent besoin de l'étranger pour se vêtir, pour
se nourrir, pour s'armer, la confédération ne pourra
pas imposer de grosses taxes aux objets d'importation
étrangère. Les charges de son budget pèseront donc
presque spécialement sur son agriculture, c'est-à-dire
sur son coton, et le bénéfice que le planteur fait sur
la vente de sa récolte est assez faible pour que le
renchérissement provenant de l'impôt décourage dans
une grande mesure la production de la denrée.
Enfin, jusqu'à présent le Sud avait contraint le
Nord à respecter jusque sur son territoire sa pro-
priété noire. Mais les deux gouvernements étant
distincts et séparés, le Nord à coup sûr ne subira
plus cette loi qu'il n'avait acceptée qu'avec répu-
gnance, et les esclaves fugitifs auront désormais un
asile assuré dans tous ces États libres qui presseront
comme d'une ceinture tout le domaine esclavagiste.
Mais c'est là, pour le travail esclave, le côté le plus
favorable de la solution. Vainqueur ou vaincu, la
Revue des Deux Mondes lui prédit que sa défaite
aboutira infailliblement à l'abolition de][l'esclavage,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203288n/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203288n/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203288n/f3.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203288n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203288n
Facebook
Twitter