Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1861 15 décembre 1861
Description : 1861/12/15 (A6,N132). 1861/12/15 (A6,N132).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203285d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
388 L'ISTHME DE SUEZ,
ments pour les routes ordinaires actuellement exis-
tantes; il a donné une plus vive impulsion à ses
travaux d'utilité publique, à la construction de ses
chemins de fer, à l'amélioration de ses vastes et
nombreuses voies navigables. Mais cela ne suffit pas.
Le coton indien arrivé sur la côte a encore à subir,
pour aller alimenter les fabriques anglaises, des dé-
penses de transport maritime qui le mettent hors
d'état de lutter dans une situation normale avec le
coton américain : c'est ce qu'exprimait si nettement
l'organe des manufacturiers de Manchester dans cet
aveu que nous avons recueilli : « La demande du co-
ton dépend principalement du prix du fret à Bombay. »
Il est possible que, dans un moment donné, la né-
cessité fît subir des prix exubérants; mais ces prix
eux-mêmes influeraient fâcheusement sur la masse de
la consommation, et enfin l'Angleterre n'aurait pas
atteint son but, qui est de se mettre pour jamais à
l'abri des crises ou des insuffisances de la production
; américaine, c'est - à - dire de mettre le coton de
l'Inde en état de soutenir la concurrence de son rival.
Pour que cette concurrence soit possible, pour que
l'Inde puisse remplir la destination à laquelle la
sollicite l'Angleterre, il faut qu'il n'y ait pas 6,000
lieues de Bombay à Liverpool , et c'est là le
problème que résout victorieusement le canal de
Suez.
Ainsi la guerre de Crimée, la révolte de l'Inde, la
guerre de Chine, la position des Américains dans la
Californie, la position des Russes sur le golfe de
Tartarie, la crise du coton et les nécessités de son ave-
nir, tout se résout pour l'Angleterre par cette solu-
tion : a Une route plus courte et plus directe vers
l'Orient, en d'autres termes le percement de l'isthme
égyptien. -
Cependant les événements n'avaient pas dit leur
dernier mot. Une complication nouvelle se dresse
entre l'Amérique et l'Angleterre. Nous n'avons et ne
pouvons ici avoir de prétention et d'opinion autres
que celles de simple rapporteur.
Dans son conflit avec le Sud, l'Amérique du Nord
pensait, à tort ou à raison, avoir à se plaindre de la
façon dont l'Angleterre exerçait sa neutralité ; les es-
prits étaient fort montés à New-York et à Washington.
Dans ces entrefaites, on apprend tout à coup que deux
envoyés du Sud se rendant en Europe, et passagers du
Trent, paquebot à vapeur des postes britanniques, a été
visité en mer par le steamer de guerre des États du
Nord, le San Jacinto, et que les deux passagers en
question ont été, de vive force, enlevés de son bord.
Cette nouvelle produit chez nos voisins une vive
agitation ; l'opinion publique est très-émue ; la Bourse
baisse; les ministres se rassemblent; les conseillers
légaux de la couronne sont consultés; ils prononcent
que la saisie des deux envoyés est un acte d'illéga-
lité et de violence, et en conséquence le gouverne-
ment anglais transmet une note à Washington pour
réclamer une ample satisfaction, l'élargissement im-
médiat et préalable des prisonniers, ordonnant en
cas de refus, à son ambassadeur, de prendre ses pas-
seports.
De leur côté, les Américains ont accueilli avec de
grandes démonstrations de sympathie le comman-
dant du San Jacinto, auteur de la capture. Leurs au-
torités juridiques soutiennent que l'arrestation des
deux commissaires du Sud sous un pavillon neutre
est légale et conforme à la loi maritime, et le monde
attend avec anxiété le dénoûment de cette querelle
inopinée et qui peut mettre le feu à tant d'éléments
combustibles accumulés sur presque tous les points
du globe.
L'Angleterre ne s'en tient pas aux paroles; elle
agit avec une grande activité. Elle a augmenté son
escadre de l'Atlantique et du Mexique ; ses arsenaux
travaillent sans relâche; elle dirige ses vaisseaux
cuirassés vers la scène de ces combats possibles ; elle
embarque pour le Canada des batteries de ses canons
Amstrong et des renforts de troupes. Ses journaux
étalent avec orgueil le formidable appareil de ses
forces navales. A côté de cette énumération, ils comp-
tent, non sans dédain, les vaisseaux que peuvent leur
opposer les États-Unis, et ils n'hésitent pas à pro-
noncer que peu d'heures suffiraient à la puissance
britannique pour balayer de l'Océan le pavillon amé-
ricain.
Les Américains ripostent à leur tour et sont loin
de se regarder comme incapables de toute résistance
et de toute défense. L'Angleterre, selon eux, les di-
minue singulièrement, et en notre qualité de rappor-
teurs impartiaux, nous devons aussi faire connaître
les ressources sur lesquelles les Américains se croient
en mesure de compter :
« Pendant les deux derniers mois, écrit à un jour-
nal de Londres M. Donald M'Kay, l'un des plus cé-
lèbres constructeurs américains, nous avons lancé et
équipé dans nos chantiers militaires et marchands
10 corvettes de guerre à hélice et 26 canonnières à
hélice d'une grandeur et d'un armement que n'a
jamais tentés aucune des marines européennes. Elles
sont, par rapport à la rapidité et à la puissance de
leur artillerie, supérieures aux corvettes de guerre
des flottes d'Europe ; et le mois prochain nous aurons
de plus une soixantaine de cette classe si efficace
de vaisseaux lancés et prêts pour l'action. Les stea-
mers marchands, affrétés et armés chacun par notre
gouvernement de 3 à 20 canons de gros calibre, s'é-
lèvent à plus de 120, et beaucoup d'entre eux sont,
quant à leur équipement, égaux à toute espèce de
vaisseau de guerre ordinaire, mais ils sont infini-
ment au-dessus par leur échantillon et leur vitesse.
Notre marine commerciale inscrite dans l'année 1860
se montait, en navires allant à la mer, à un ton-
ments pour les routes ordinaires actuellement exis-
tantes; il a donné une plus vive impulsion à ses
travaux d'utilité publique, à la construction de ses
chemins de fer, à l'amélioration de ses vastes et
nombreuses voies navigables. Mais cela ne suffit pas.
Le coton indien arrivé sur la côte a encore à subir,
pour aller alimenter les fabriques anglaises, des dé-
penses de transport maritime qui le mettent hors
d'état de lutter dans une situation normale avec le
coton américain : c'est ce qu'exprimait si nettement
l'organe des manufacturiers de Manchester dans cet
aveu que nous avons recueilli : « La demande du co-
ton dépend principalement du prix du fret à Bombay. »
Il est possible que, dans un moment donné, la né-
cessité fît subir des prix exubérants; mais ces prix
eux-mêmes influeraient fâcheusement sur la masse de
la consommation, et enfin l'Angleterre n'aurait pas
atteint son but, qui est de se mettre pour jamais à
l'abri des crises ou des insuffisances de la production
; américaine, c'est - à - dire de mettre le coton de
l'Inde en état de soutenir la concurrence de son rival.
Pour que cette concurrence soit possible, pour que
l'Inde puisse remplir la destination à laquelle la
sollicite l'Angleterre, il faut qu'il n'y ait pas 6,000
lieues de Bombay à Liverpool , et c'est là le
problème que résout victorieusement le canal de
Suez.
Ainsi la guerre de Crimée, la révolte de l'Inde, la
guerre de Chine, la position des Américains dans la
Californie, la position des Russes sur le golfe de
Tartarie, la crise du coton et les nécessités de son ave-
nir, tout se résout pour l'Angleterre par cette solu-
tion : a Une route plus courte et plus directe vers
l'Orient, en d'autres termes le percement de l'isthme
égyptien. -
Cependant les événements n'avaient pas dit leur
dernier mot. Une complication nouvelle se dresse
entre l'Amérique et l'Angleterre. Nous n'avons et ne
pouvons ici avoir de prétention et d'opinion autres
que celles de simple rapporteur.
Dans son conflit avec le Sud, l'Amérique du Nord
pensait, à tort ou à raison, avoir à se plaindre de la
façon dont l'Angleterre exerçait sa neutralité ; les es-
prits étaient fort montés à New-York et à Washington.
Dans ces entrefaites, on apprend tout à coup que deux
envoyés du Sud se rendant en Europe, et passagers du
Trent, paquebot à vapeur des postes britanniques, a été
visité en mer par le steamer de guerre des États du
Nord, le San Jacinto, et que les deux passagers en
question ont été, de vive force, enlevés de son bord.
Cette nouvelle produit chez nos voisins une vive
agitation ; l'opinion publique est très-émue ; la Bourse
baisse; les ministres se rassemblent; les conseillers
légaux de la couronne sont consultés; ils prononcent
que la saisie des deux envoyés est un acte d'illéga-
lité et de violence, et en conséquence le gouverne-
ment anglais transmet une note à Washington pour
réclamer une ample satisfaction, l'élargissement im-
médiat et préalable des prisonniers, ordonnant en
cas de refus, à son ambassadeur, de prendre ses pas-
seports.
De leur côté, les Américains ont accueilli avec de
grandes démonstrations de sympathie le comman-
dant du San Jacinto, auteur de la capture. Leurs au-
torités juridiques soutiennent que l'arrestation des
deux commissaires du Sud sous un pavillon neutre
est légale et conforme à la loi maritime, et le monde
attend avec anxiété le dénoûment de cette querelle
inopinée et qui peut mettre le feu à tant d'éléments
combustibles accumulés sur presque tous les points
du globe.
L'Angleterre ne s'en tient pas aux paroles; elle
agit avec une grande activité. Elle a augmenté son
escadre de l'Atlantique et du Mexique ; ses arsenaux
travaillent sans relâche; elle dirige ses vaisseaux
cuirassés vers la scène de ces combats possibles ; elle
embarque pour le Canada des batteries de ses canons
Amstrong et des renforts de troupes. Ses journaux
étalent avec orgueil le formidable appareil de ses
forces navales. A côté de cette énumération, ils comp-
tent, non sans dédain, les vaisseaux que peuvent leur
opposer les États-Unis, et ils n'hésitent pas à pro-
noncer que peu d'heures suffiraient à la puissance
britannique pour balayer de l'Océan le pavillon amé-
ricain.
Les Américains ripostent à leur tour et sont loin
de se regarder comme incapables de toute résistance
et de toute défense. L'Angleterre, selon eux, les di-
minue singulièrement, et en notre qualité de rappor-
teurs impartiaux, nous devons aussi faire connaître
les ressources sur lesquelles les Américains se croient
en mesure de compter :
« Pendant les deux derniers mois, écrit à un jour-
nal de Londres M. Donald M'Kay, l'un des plus cé-
lèbres constructeurs américains, nous avons lancé et
équipé dans nos chantiers militaires et marchands
10 corvettes de guerre à hélice et 26 canonnières à
hélice d'une grandeur et d'un armement que n'a
jamais tentés aucune des marines européennes. Elles
sont, par rapport à la rapidité et à la puissance de
leur artillerie, supérieures aux corvettes de guerre
des flottes d'Europe ; et le mois prochain nous aurons
de plus une soixantaine de cette classe si efficace
de vaisseaux lancés et prêts pour l'action. Les stea-
mers marchands, affrétés et armés chacun par notre
gouvernement de 3 à 20 canons de gros calibre, s'é-
lèvent à plus de 120, et beaucoup d'entre eux sont,
quant à leur équipement, égaux à toute espèce de
vaisseau de guerre ordinaire, mais ils sont infini-
ment au-dessus par leur échantillon et leur vitesse.
Notre marine commerciale inscrite dans l'année 1860
se montait, en navires allant à la mer, à un ton-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Bibliothèques d'Orient Bibliothèques d'Orient /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BbLevt0"Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203285d/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203285d/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203285d/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203285d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203285d
Facebook
Twitter