Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1861 15 mai 1861
Description : 1861/05/15 (A6,N118)-1861/05/18. 1861/05/15 (A6,N118)-1861/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203271c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 165
y être autorisés, part à des questions de cette nature,
dont l'agitation flattait l'ambition publique dans leur
propre pays. Le fait, sans aucun doute, demeure que
le gouvernement français est très-désireux (anxious) de
pousser le projet de M. de Lesseps, et que les gouver-
nements de la Turquie et de la Grande-Bretagne, con-
vaincus de son inopportunité, à part la question de
possibilité, sont opposés à ce qu'il poursuive son cours.
Mais il serait impossible de mesurer sur cette échelle
la divergence entre la France d'un côté, et l'Angleterre
et la Turquie de l'autre.
» Le projet est, sans aucun doute, commercial à son
origine ; et s'il était purement commercial, il n'y aurait
aucun motif à l'intervention des puissances étrangères
dans une entreprise qui aurait son issue naturelle dans
le succès ou dans la ruine des parties responsables. Que
cependant le projet ait pris un caractère politique
ultérieur, c'est ce qui est admis de toute part, et à
cette admission se rattache la manière trè.s-répréhensible
par laquelle la Compagnie Lesseps s'est mise à l'oeu-
vre. Lord Carnarvon cite des cas où elle a refusé à
des Anglais la permission, non-seulement d'inspecter
les travaux, mais encore de visiter la ligne du pays
que le canal doit parcourir.
» De là, le noble lord conclut que la Compagnie a
l'intention de s'attribuer une juridiction territoriale
exclusive à laquelle aucune concession du vice-roi
d'Egypte ne peut lui donner droit. Lord Wodehouse,
toutefois, s'est refusé, avec beaucoup de justesse, à pro-
duire les papiers relatifs à une question qui a pris main-
tenant un nouvel aspect, puisque les correspondances
de notre ministère des affaires étrangères sont incom-
plètesà ce sujet.
» Les difficultés d'art ou d'exécution ont été procla-
mées insurmontables par presque tous les ingénieurs
anglais qui se sont occupés de la question. On a oublié,
néanmoins, dans le cours] du débat, qu'il y a quelques
années le gouvernement égyptien a chargé une com-
mission internationale scientifique de faire une enquête
sur l'affaire, et que les membres de cette commission,
dont l'ensemble formait une autorité très-respectable
d'ingénieurs et d'officiers de marine pris dans les divers
gouvernements de l'Europe, ont, à coup sûr, proposé
un plan pour l'exécution de ce travail, dans un rapport
très-approfondi et très-savant. Il faut donc reconnaître
qu'en dépit d'une opinion très-prépondérante dans notre
pays contre le projet du canal de Suez, ce projet a la
sanction de quelque autorité scientifique, moyennant.
un mode particulier de construction. En tout cas, la
Compagnie Lesseps ne craint pas d'annoncer avec con-
fiance le très-prochain établissement d'une communi-
cation par eau entre la Méditerranée et la mer Rouge.
On doit donc, au total, reconnaître que la possibilité
ou l'impossibilité du projet sont des points qui ne sont
pas aussi clairs que veulent bien le prétendre des in-
-génieurs anglais d'une part, et la Compagnie française
de l'autre. Mais outre le doute d'abord de la question
politique, ensuite de la question scientifique ou d'exé-
cution, il reste encore une difficulté financière qui,
peut-être, n'est pas moindre que les deux autres.
» La Compagnie Lesseps, il faut l'avouer, a fait un
grand pas pour la surmonter en décidant l'infortuné
pacha d'Egypte à accepter des engagements énormes,
dont la valeur semble illimitée, eten le déterminant à
souscrire, afin de soutenir l'entreprise, pour 90,000,000
de francs, somme égale aux trois quarts d'une année
du revenu de l'Egypte. De cette manière, la Compagnie
Lesseps et le pacha d'Egypte peuvent être considérés
comme associés dans une immense entreprise, qui n'est
peut-être qu'une chimère commerciale entretenue pour
une intrigue en partie privée, 'en partie politique, mais
destinée certainement à entraîner des dépenses propres
à précipiter les deux associés dans une ruine commune.
On met même en question si la Compagnie n'est pas
déjà en état de banqueroute, et si son association ac-
tuelle avec le pacha n'est pas simplem ent conçue pour
la tenir à flot jusqu'à ce que l'état de ses travaux soit
assez avancé pour rendre plausible une demande de
secours pécuniaires auprès d'un gouvernement euro-
péen. Mais, quoi qu'il en soit, la question en est venue
à ce point qu'il n'est plus possible de la négliger, et il est
clair que notre gouvernement est convaincu de la né-
cessité de s'occuper des actes ouverts d'illégalité commis
en ce moment par la Compagnie Lesseps en Egypte. »
REVUE DE LA PRESSE.
La discussion de la Chambre des lords relative au
canal de Suez a produit en France une émotion pro-
fonde et générale. Cette émotion s'est exprimée avec
une grande énergie par toutes les voix de la presse.
Notre pays a été surtout sensible aux sentiments de
jalousie et de défiance manifestés par les orateurs en-
vers une entreprise conçue dans un but universel, et
dans laquelle la France ne joue un rôle principal
que par suite du refus de l'Angleterre à s'y associer.
La presse peut-être n'a point suffisamment aperçu
les modificatiens résultant du discours de lord Wo-
dehouse dans la politique du gouvernement britan-
nique, quoique ces modifications aient été signalées
avec beaucoup d'intelligence par un article du
Constitutionnel que nous reproduisons plus loin. Mais -
l'opinion publique a été particulièrement blessée
des erreurs, des imputations injustes, des soupçons
passionnés qu'on semble s'appliquer à susciter contre
cette œuvre de l'autre côté du détroit. C'est surtout
sur ce point de vue que la polémique de nos jour-
naux s'est dirigée, et on le conçoit facilement. Au
surplus, un exposé, même incomplet, de cette polé-
mique pourra faire comprendre à nos voisins à quel
point leurs procédés dans cette question blessent tous
nos sentiments nationaux de bonne foi et d'é-
quité, à quel point aussi cette affaire s'est enracinée
dans les sympathies françaises. Certes, nous sommes
divisés par de nombreuses nuances politiques ; mais
il n'y a plus qu'un cri en France et qu'un élan dès.
y être autorisés, part à des questions de cette nature,
dont l'agitation flattait l'ambition publique dans leur
propre pays. Le fait, sans aucun doute, demeure que
le gouvernement français est très-désireux (anxious) de
pousser le projet de M. de Lesseps, et que les gouver-
nements de la Turquie et de la Grande-Bretagne, con-
vaincus de son inopportunité, à part la question de
possibilité, sont opposés à ce qu'il poursuive son cours.
Mais il serait impossible de mesurer sur cette échelle
la divergence entre la France d'un côté, et l'Angleterre
et la Turquie de l'autre.
» Le projet est, sans aucun doute, commercial à son
origine ; et s'il était purement commercial, il n'y aurait
aucun motif à l'intervention des puissances étrangères
dans une entreprise qui aurait son issue naturelle dans
le succès ou dans la ruine des parties responsables. Que
cependant le projet ait pris un caractère politique
ultérieur, c'est ce qui est admis de toute part, et à
cette admission se rattache la manière trè.s-répréhensible
par laquelle la Compagnie Lesseps s'est mise à l'oeu-
vre. Lord Carnarvon cite des cas où elle a refusé à
des Anglais la permission, non-seulement d'inspecter
les travaux, mais encore de visiter la ligne du pays
que le canal doit parcourir.
» De là, le noble lord conclut que la Compagnie a
l'intention de s'attribuer une juridiction territoriale
exclusive à laquelle aucune concession du vice-roi
d'Egypte ne peut lui donner droit. Lord Wodehouse,
toutefois, s'est refusé, avec beaucoup de justesse, à pro-
duire les papiers relatifs à une question qui a pris main-
tenant un nouvel aspect, puisque les correspondances
de notre ministère des affaires étrangères sont incom-
plètesà ce sujet.
» Les difficultés d'art ou d'exécution ont été procla-
mées insurmontables par presque tous les ingénieurs
anglais qui se sont occupés de la question. On a oublié,
néanmoins, dans le cours] du débat, qu'il y a quelques
années le gouvernement égyptien a chargé une com-
mission internationale scientifique de faire une enquête
sur l'affaire, et que les membres de cette commission,
dont l'ensemble formait une autorité très-respectable
d'ingénieurs et d'officiers de marine pris dans les divers
gouvernements de l'Europe, ont, à coup sûr, proposé
un plan pour l'exécution de ce travail, dans un rapport
très-approfondi et très-savant. Il faut donc reconnaître
qu'en dépit d'une opinion très-prépondérante dans notre
pays contre le projet du canal de Suez, ce projet a la
sanction de quelque autorité scientifique, moyennant.
un mode particulier de construction. En tout cas, la
Compagnie Lesseps ne craint pas d'annoncer avec con-
fiance le très-prochain établissement d'une communi-
cation par eau entre la Méditerranée et la mer Rouge.
On doit donc, au total, reconnaître que la possibilité
ou l'impossibilité du projet sont des points qui ne sont
pas aussi clairs que veulent bien le prétendre des in-
-génieurs anglais d'une part, et la Compagnie française
de l'autre. Mais outre le doute d'abord de la question
politique, ensuite de la question scientifique ou d'exé-
cution, il reste encore une difficulté financière qui,
peut-être, n'est pas moindre que les deux autres.
» La Compagnie Lesseps, il faut l'avouer, a fait un
grand pas pour la surmonter en décidant l'infortuné
pacha d'Egypte à accepter des engagements énormes,
dont la valeur semble illimitée, eten le déterminant à
souscrire, afin de soutenir l'entreprise, pour 90,000,000
de francs, somme égale aux trois quarts d'une année
du revenu de l'Egypte. De cette manière, la Compagnie
Lesseps et le pacha d'Egypte peuvent être considérés
comme associés dans une immense entreprise, qui n'est
peut-être qu'une chimère commerciale entretenue pour
une intrigue en partie privée, 'en partie politique, mais
destinée certainement à entraîner des dépenses propres
à précipiter les deux associés dans une ruine commune.
On met même en question si la Compagnie n'est pas
déjà en état de banqueroute, et si son association ac-
tuelle avec le pacha n'est pas simplem ent conçue pour
la tenir à flot jusqu'à ce que l'état de ses travaux soit
assez avancé pour rendre plausible une demande de
secours pécuniaires auprès d'un gouvernement euro-
péen. Mais, quoi qu'il en soit, la question en est venue
à ce point qu'il n'est plus possible de la négliger, et il est
clair que notre gouvernement est convaincu de la né-
cessité de s'occuper des actes ouverts d'illégalité commis
en ce moment par la Compagnie Lesseps en Egypte. »
REVUE DE LA PRESSE.
La discussion de la Chambre des lords relative au
canal de Suez a produit en France une émotion pro-
fonde et générale. Cette émotion s'est exprimée avec
une grande énergie par toutes les voix de la presse.
Notre pays a été surtout sensible aux sentiments de
jalousie et de défiance manifestés par les orateurs en-
vers une entreprise conçue dans un but universel, et
dans laquelle la France ne joue un rôle principal
que par suite du refus de l'Angleterre à s'y associer.
La presse peut-être n'a point suffisamment aperçu
les modificatiens résultant du discours de lord Wo-
dehouse dans la politique du gouvernement britan-
nique, quoique ces modifications aient été signalées
avec beaucoup d'intelligence par un article du
Constitutionnel que nous reproduisons plus loin. Mais -
l'opinion publique a été particulièrement blessée
des erreurs, des imputations injustes, des soupçons
passionnés qu'on semble s'appliquer à susciter contre
cette œuvre de l'autre côté du détroit. C'est surtout
sur ce point de vue que la polémique de nos jour-
naux s'est dirigée, et on le conçoit facilement. Au
surplus, un exposé, même incomplet, de cette polé-
mique pourra faire comprendre à nos voisins à quel
point leurs procédés dans cette question blessent tous
nos sentiments nationaux de bonne foi et d'é-
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dans les sympathies françaises. Certes, nous sommes
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