Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1861 01 mai 1861
Description : 1861/05/01 (A6,N117). 1861/05/01 (A6,N117).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203270z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
144 L'ISTHME DE SUEZ.
» Nous ne comprenons pas l'appréhension de ceux qui
voient sortir la guerre des événements les plus sim--
ples, des moindres mouvements de la marine, d'un
nouveau vaisseau lancé, d'une île déserte que l'on oc-
cupe, ou d'un port ignoré que l'on découvre. Avons-
nous fait la guerre à l'Angleterre parce qu'elle a pris
Périm? Nous l'a-t-elle faite parce que nous avons ac-
cepté la Savoie ? La guerre est chose trop grave pour
être déclarée légèrement, surtout à ceux qui ne la
craignent pas. On y regarde à plusieurs fois. Voyez
l'Europe en ce moment. S'il était nécessaire de donner
quelques raisons à l'appui de la politique française,
bien modérée cependant dans son expansion légitime
au delà des mers, nous n'aurions qu'à jeter les yeux
sur une carte et à prendre exemple de la politique an-
glaise. Sans nous éloigner des parages voisins du dé-
troit de Bab-el-Mandeb, le Gibraltar de la mer Rouge,
ne voyons-nous pas le pavillon britannique flotter sur
Aden et sur Périm? Ne savons-nous pas que d'autres
points d'une moindre importance actuelle, mais dont
l'avenir révélera le choix judicieux, sont acquis jour-
nellement par le gouvernement des Indes, avec ou
sans traités ? Les iles Musha, les îles Bab et Eïvat à la
côte orientale d'Afrique, voisines de Berbera; les îles
Curra-Moria à la côte d'Asie, non loin d'Aden, sont dé-
clarées possessions anglaises dans des documents offi-
ciels qui ne reçoivent, il est vrai, qu'une publicité
discrète, jusqu'au jour où le pavillon est planté et ap-
puyé sur des canons. On a bientôt inventé un chef de
tribu, qu'on appelle sultan, et qui, moyennant quel-
ques dollars, cède volontiers ce qui ne lui a jamais ap-
partenu. Nous pourrons raconter une autre fois l'his-
toire instructive etvérilique de la prise d'Aden. Qu'on
veuille bien pourtant ne pas s'y tromper : ceci n'est
point une récrimination puérile, c'est plutôt une leçon
et un encouragement que nous cherchons dans la révé-
lation de faits authentiques, trop ignorés chez nous.
Nous ne conseillerons jamais à notre pays d'imiter des
moyens trop peu scrupuleux; à chacun sa morale et
ses procédés ; mais ne peut-on pas arriver honnêtement
et à ciel ouvert aux mêmes résultats, dans la propor-
tion de ses intérêts sans exciter d'injustes défiances ?
» Qu'allions nous donc faire en Chine? Que faisons-
nous aujourd'hui encore en Cochinchine, où tant de
sang a déjà coulé, si ce n'est préparer à la France, dans
l'extrême Orient qui s'ouvre aux entreprises du vieux
monde, une place digne de sa grandeur et de sa puis
sance ? 'Pourquoi poursuivre à grands frais avec tant
de persévérance la difficile résurrection de nos ancien-
nes colonies à esclaves qui manquent de bras? Pour-
quoi en rechercher de nouvelles? Pourquoi la Nouvelle-
Calédonie? Pourquoi Saïgon? Pourquoi le percement
de l'isthme de Suez, qui doit bien avoir quelques pro-
tecteurs inconnus de par le monde, pour résister si cou-
rageusement à des adversaires trop connus? Pourquoi
une concession hautement approuvée à une habile et
puissante Compagnie maritime pour l'établissement de
grandes lignes de paquebots français dans l'Océan in-
dien ? Pourquoi enfin tout ce mouvement dans les idées
et dans les faits dont on ne niera pas l'ensemble rai-
sonné et la force irrésistible, si nous n'en devons pas
accepter les conséquences et vouloir les moyens ? — Des
ports de relâche pourvus d'eau douce, des sources de
ravitaillement, des éléments de fret, des travailleurs
libres pouvant être engagés directement, et surtout
des dépôts de charbon ne nous deviennent-ils pas né-
cessaires partout où notre pavillon peut être appelé à
s'établir, à se montrer ? Ne sont-ce pas là les exigences
naturelles de la marine et des colonies ? Rechercher
ces avantages, acquérir ces positions pour en faire, non
des postes militaires inutiles et onéreux, mais des
escales ouvertes à tous les pavillons sous la protection
du nôtre, cela n'a rien de menaçant, et nous ne crai-
gnons pas de voir l'Europe en prendre le moindre om-
brage. Si cependant de l'autre côté du détroit, pour
n'en pas perdre l'habitude, on nous demandait des ex-
plications, elles seraient simples et sans réplique :
« Pourquoi et comment êtes-vous à Aden, à Périm? »
» Le secrétaire de la rédaction : F. CAMUS. »
Post-Scriptum.- La Patrie du 26 publie sur l'état
de l'Abyssinie quelques renseignements plus récents.
« Nous avons des nouvelles de l'Abyssinie, postérieures
de trois mois à la mort de Négoussié. Elles nous donnent
sur le pays des détails curieux qui présentent la situa-
tion des affaires dans cette partie de l'Afrique, sous un
jour plus nouveau et plus rassurant.
» Le prince Négoussié n'est pas tombé entre les mains
de son puissant rival, l'empereur Théodoros, après une
victoire remportée par ce dernier, mais à la suite d'un
piège qui lui a été tendu et auquel la trahison a eu la
plus grande part. Lorsque Négoussié eût été mis à mort,
son armée, privée du chef qui lui inspirait confiance,
se replia vers l'Ouest, Théodoros la poursuivit, atteignit
l'arrière-garde et lui fit subir des pertes assez graves.
Le reste des troupes continua sa route. Mais après ces
événements, Théodoros ne se trouva pas assez fort pour
occuper militairement le Tigré ; il évacua ce royaume,
repassa le Taccazzé et rentra dans l'Amhra, qui forme
le centre de son empire.
» Depuis son départ, des révoltes ont éclaté sur plu-
sieurs points du Tigré ; les partisans d'Oubié, qui sont
nombreux, ont proclamé son fils, jeune homme âgé au-
jourd'hui de vingt-deux ans, d'un grand courage et d'une
grande énergie, réfugié en ce moment dans les mon-
tagnes de la Seminara. L'armée de Négoussié, qui n'a
point été détruite, a pris parti pour le jeune prince, et
on s'attend à le voir sortir de sa retraite pour relever la
fortune de sa famille, qui a éprouvé depuis un quart de
siècle des phases bien diverses.
» Tel est, dans son ensemble, l'état des affaires en
Abyssinie. Cette dernière phase de la question mérite
d'être suivie avec d'autant plus de soin que le fils d'Ou-
bié, comme son parent Négoussié, est ami de la France
et ami du progrès. »
Le Gérant : ERNEST DESrLACES.
PARIS. — IMPRIMERIE CENTRALE DE NAVOLÉON CHAIX El C RUE BEf ; UE, 20.
» Nous ne comprenons pas l'appréhension de ceux qui
voient sortir la guerre des événements les plus sim--
ples, des moindres mouvements de la marine, d'un
nouveau vaisseau lancé, d'une île déserte que l'on oc-
cupe, ou d'un port ignoré que l'on découvre. Avons-
nous fait la guerre à l'Angleterre parce qu'elle a pris
Périm? Nous l'a-t-elle faite parce que nous avons ac-
cepté la Savoie ? La guerre est chose trop grave pour
être déclarée légèrement, surtout à ceux qui ne la
craignent pas. On y regarde à plusieurs fois. Voyez
l'Europe en ce moment. S'il était nécessaire de donner
quelques raisons à l'appui de la politique française,
bien modérée cependant dans son expansion légitime
au delà des mers, nous n'aurions qu'à jeter les yeux
sur une carte et à prendre exemple de la politique an-
glaise. Sans nous éloigner des parages voisins du dé-
troit de Bab-el-Mandeb, le Gibraltar de la mer Rouge,
ne voyons-nous pas le pavillon britannique flotter sur
Aden et sur Périm? Ne savons-nous pas que d'autres
points d'une moindre importance actuelle, mais dont
l'avenir révélera le choix judicieux, sont acquis jour-
nellement par le gouvernement des Indes, avec ou
sans traités ? Les iles Musha, les îles Bab et Eïvat à la
côte orientale d'Afrique, voisines de Berbera; les îles
Curra-Moria à la côte d'Asie, non loin d'Aden, sont dé-
clarées possessions anglaises dans des documents offi-
ciels qui ne reçoivent, il est vrai, qu'une publicité
discrète, jusqu'au jour où le pavillon est planté et ap-
puyé sur des canons. On a bientôt inventé un chef de
tribu, qu'on appelle sultan, et qui, moyennant quel-
ques dollars, cède volontiers ce qui ne lui a jamais ap-
partenu. Nous pourrons raconter une autre fois l'his-
toire instructive etvérilique de la prise d'Aden. Qu'on
veuille bien pourtant ne pas s'y tromper : ceci n'est
point une récrimination puérile, c'est plutôt une leçon
et un encouragement que nous cherchons dans la révé-
lation de faits authentiques, trop ignorés chez nous.
Nous ne conseillerons jamais à notre pays d'imiter des
moyens trop peu scrupuleux; à chacun sa morale et
ses procédés ; mais ne peut-on pas arriver honnêtement
et à ciel ouvert aux mêmes résultats, dans la propor-
tion de ses intérêts sans exciter d'injustes défiances ?
» Qu'allions nous donc faire en Chine? Que faisons-
nous aujourd'hui encore en Cochinchine, où tant de
sang a déjà coulé, si ce n'est préparer à la France, dans
l'extrême Orient qui s'ouvre aux entreprises du vieux
monde, une place digne de sa grandeur et de sa puis
sance ? 'Pourquoi poursuivre à grands frais avec tant
de persévérance la difficile résurrection de nos ancien-
nes colonies à esclaves qui manquent de bras? Pour-
quoi en rechercher de nouvelles? Pourquoi la Nouvelle-
Calédonie? Pourquoi Saïgon? Pourquoi le percement
de l'isthme de Suez, qui doit bien avoir quelques pro-
tecteurs inconnus de par le monde, pour résister si cou-
rageusement à des adversaires trop connus? Pourquoi
une concession hautement approuvée à une habile et
puissante Compagnie maritime pour l'établissement de
grandes lignes de paquebots français dans l'Océan in-
dien ? Pourquoi enfin tout ce mouvement dans les idées
et dans les faits dont on ne niera pas l'ensemble rai-
sonné et la force irrésistible, si nous n'en devons pas
accepter les conséquences et vouloir les moyens ? — Des
ports de relâche pourvus d'eau douce, des sources de
ravitaillement, des éléments de fret, des travailleurs
libres pouvant être engagés directement, et surtout
des dépôts de charbon ne nous deviennent-ils pas né-
cessaires partout où notre pavillon peut être appelé à
s'établir, à se montrer ? Ne sont-ce pas là les exigences
naturelles de la marine et des colonies ? Rechercher
ces avantages, acquérir ces positions pour en faire, non
des postes militaires inutiles et onéreux, mais des
escales ouvertes à tous les pavillons sous la protection
du nôtre, cela n'a rien de menaçant, et nous ne crai-
gnons pas de voir l'Europe en prendre le moindre om-
brage. Si cependant de l'autre côté du détroit, pour
n'en pas perdre l'habitude, on nous demandait des ex-
plications, elles seraient simples et sans réplique :
« Pourquoi et comment êtes-vous à Aden, à Périm? »
» Le secrétaire de la rédaction : F. CAMUS. »
Post-Scriptum.- La Patrie du 26 publie sur l'état
de l'Abyssinie quelques renseignements plus récents.
« Nous avons des nouvelles de l'Abyssinie, postérieures
de trois mois à la mort de Négoussié. Elles nous donnent
sur le pays des détails curieux qui présentent la situa-
tion des affaires dans cette partie de l'Afrique, sous un
jour plus nouveau et plus rassurant.
» Le prince Négoussié n'est pas tombé entre les mains
de son puissant rival, l'empereur Théodoros, après une
victoire remportée par ce dernier, mais à la suite d'un
piège qui lui a été tendu et auquel la trahison a eu la
plus grande part. Lorsque Négoussié eût été mis à mort,
son armée, privée du chef qui lui inspirait confiance,
se replia vers l'Ouest, Théodoros la poursuivit, atteignit
l'arrière-garde et lui fit subir des pertes assez graves.
Le reste des troupes continua sa route. Mais après ces
événements, Théodoros ne se trouva pas assez fort pour
occuper militairement le Tigré ; il évacua ce royaume,
repassa le Taccazzé et rentra dans l'Amhra, qui forme
le centre de son empire.
» Depuis son départ, des révoltes ont éclaté sur plu-
sieurs points du Tigré ; les partisans d'Oubié, qui sont
nombreux, ont proclamé son fils, jeune homme âgé au-
jourd'hui de vingt-deux ans, d'un grand courage et d'une
grande énergie, réfugié en ce moment dans les mon-
tagnes de la Seminara. L'armée de Négoussié, qui n'a
point été détruite, a pris parti pour le jeune prince, et
on s'attend à le voir sortir de sa retraite pour relever la
fortune de sa famille, qui a éprouvé depuis un quart de
siècle des phases bien diverses.
» Tel est, dans son ensemble, l'état des affaires en
Abyssinie. Cette dernière phase de la question mérite
d'être suivie avec d'autant plus de soin que le fils d'Ou-
bié, comme son parent Négoussié, est ami de la France
et ami du progrès. »
Le Gérant : ERNEST DESrLACES.
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