Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 537
tions précédentes. « Il n'entre pas, di*-elle, dans la
» pensée de la Porte de vouloir empêcher la réali-
» sation d'une entreprise qui pourrait être d'utilité
» générale. »
Reprenons maintenant notre thèse dans son en-
semble.
Nous avons dit et nous pensons avoir prouvé dans
un premier article que la Compagnie n'avait dû at-
tendre et recevoir que de l'Egypte l'autorisation
d'exécuter ses travaux. Nous pensons avoir prouvé
que cette autorisation a été pleinement accordée par
l'Egypte. Nous ajoutions que si l'Egypte n'était [pas
en règle envers la Porte, l'Egypte seule en était
responsable, et que la Compagnie, fidèle exécutrice
des contrats, n'en pouvait avoir à souffrir. Mais nous
nous proposions d'examiner en-uite si la Turquie avait
lieu d'incriminer l'Egypte et de lui imputer à ce
sujet une responsabilité quelconque.
Cet examen nous semble fait par l'exposé que l'on
vient de lire. En tout temps et dans des circonstances
diverses, la Porte a protesté de son assentiment à
l'entreprise du canal de Suez. Elle a protesté que les
difficultés qu'elle pouvait lui opposer avaient leur
source non dans sa volonté, mais dans des influences
étrangères. Elle a reconnu à plusieurs reprises que
le canal était avantageux aux intérêts de son empire,
et elle était réduite enfin à ce triste aveu qu'elle était
contrainte de faire taire cet intérêt en face d'une
pression étrangère qui ne lui laissait pas sa liberté
d'action et de résolution. Est-ce que ce n'était pas
déjà autoriser l'entreprise? Est-ce que ce n'était pas
déjà autoriser l'Egypte? Est-ce que ce n'était pas
l'inviter à procéder à l'exécution, si elle savait avoir
moins de faiblesse que la Porte? Quand la Porte
cédait ainsi à une pression illégitime pourrait-elle
accuser l'Egypte pour n'avoir pas imité son exemple;
et si la Porte invoquait les lois de la suzeraineté,
l'Egypte ne pourrait-elle pas lui répondre, avec toutes
les autorités du droit public, que le droit de la suze-
raineté a aussi ses devoirs; que ces devoirs consistent
à protéger le vassal contre des exigences extérieures
et non à les lui faire subir; que le jour où la Porte a
reconnu que le canal, en ouvrant les perspectives les
plus magnifiques pour l'Egypte, serait encore d'une
grande utilité pour le reste de l'empire, l'autorisation
de l'exécuter lui a été donnée, et que n'ayant pas à
s'occuper de l'Angleterre, elle regarde cette autori-
sation comme bonne et valable?
L'Europe pourrait-elle être d'un autre avis que l'E-
gypte? Et, en définitive, le jour où la question serait
posée devant l'Europe, n'est-elle pas d'avance résolue?
Ecoutons là-dessus une autorité que ni la Porte ni l'An-
gleterre ne déclineront, c'est celle de l'intelligence la
plus haute du cabinet actuel de Londres, d'un des
hommes d'Etat les plus éminents de notre temps, de
M. Gladstone, chancelier de l'Echiquier. Voici com-
ment il s'exprimait à la Chambre des communes
dans la séance devenue fameuse du 2 juin 1858 :
« L'Egypte est subordonnée à la Turquie, non point
» à cause de la puissance du sultan, mais à cause des
» intérêts de l'Europe et par la garantie des pouvoirs
» européens. «
Voilà les droits et les devoirs de la suzeraineté ot-
tomane définis en quelques mots. Cette suzeraineté
n'existe pas seulement pour elle ; elle a également
pour objet, pour raison et pour garantie les intérêts,
les pouvoirs de l'Europe. Or, la Turquie n'ayant cessé
de déclarer qu'elle reconnaissait dans le canal une
œuvre d'utilité européenne, une œuvre d'utilité tur-
que, une œuvre d'utilité égyptienne; la Porte ayant
avoué en même temps que la contrainte seule et une
jalousie étrangère l'avaient empêchée et l'empêche-
raient d'y donner sa sanction officielle, l'Europe n'est-
elle pas en plein droit d'intervenir et de signifier
que c'est l'Egypte qui. en faisant poursuivre les tra-
vaux, remplit les devoirs que lui imposent les traités,
et que c'est la Turquie qui, en prétendant les arrêter
contre les intérêts du monde, contre les intérêts des
provinces ottomanes, contre l'intérêt spécial de l'E-
gypte, manque à la fois à ses devoirs envers l'Eu-
rope et à ses devoirs envers son vassal? E-t-il donc
possible que tant d'intérêts réunis, légitimes, s'abais-
sent et s'anéantissent devant le caprice, la jalousie
et l'ingérence d'un gouvernement étranger dans les
affaires intérieures d'un gouvernement indépendant?
Est-il possible qu'en pliant sous cette ingérence la
Porte en pût encore imposer le joug à l'Egypte et
que l'Egypte pût courir la moindre responsabilité à
s'en affranchir? Quels seraient les résultats d'un tel
état de choses? Ici nous n'avons encore qu'à laisser
parler M. Gladstone :
« Dans mon opinion, dit-il, il n'y aurait pas de
système plus insensé ou de suicide plus certain que
d'essayer de maintenir l'indépendance et l'intégrité
de l'empire ottoman en rendant l'union à cet empire
onéreuse et funeste à ses provinces. N'allez pas dire à
l'Egypte : « Il y a un projet qui, s'il pouvait être
» exécuté, développerait beaucoup, nous en conve-
» nous, vos ressources commerciales, mais nous
» vous empêchons d'en tirer tous les avantages,
» parce que nous pensons qu'il affaiblirait votre
» union avec la Turquie. » Par là, vous pousserez
immédiatement le pacha et le peuple d'Egypte à
conclure que leur union avec la Turquie implique
pour eux une pauvreté et une dégradation compa-
ratives, parce que cette union s'oppose à ce qu'ils re-
cherchent les moyens d'accroître leur propre force et
leur prospérité. »
Combien l'argument que M. Gladstone place
dans la bouche de l'Egypte serait encore plus fort
tions précédentes. « Il n'entre pas, di*-elle, dans la
» pensée de la Porte de vouloir empêcher la réali-
» sation d'une entreprise qui pourrait être d'utilité
» générale. »
Reprenons maintenant notre thèse dans son en-
semble.
Nous avons dit et nous pensons avoir prouvé dans
un premier article que la Compagnie n'avait dû at-
tendre et recevoir que de l'Egypte l'autorisation
d'exécuter ses travaux. Nous pensons avoir prouvé
que cette autorisation a été pleinement accordée par
l'Egypte. Nous ajoutions que si l'Egypte n'était [pas
en règle envers la Porte, l'Egypte seule en était
responsable, et que la Compagnie, fidèle exécutrice
des contrats, n'en pouvait avoir à souffrir. Mais nous
nous proposions d'examiner en-uite si la Turquie avait
lieu d'incriminer l'Egypte et de lui imputer à ce
sujet une responsabilité quelconque.
Cet examen nous semble fait par l'exposé que l'on
vient de lire. En tout temps et dans des circonstances
diverses, la Porte a protesté de son assentiment à
l'entreprise du canal de Suez. Elle a protesté que les
difficultés qu'elle pouvait lui opposer avaient leur
source non dans sa volonté, mais dans des influences
étrangères. Elle a reconnu à plusieurs reprises que
le canal était avantageux aux intérêts de son empire,
et elle était réduite enfin à ce triste aveu qu'elle était
contrainte de faire taire cet intérêt en face d'une
pression étrangère qui ne lui laissait pas sa liberté
d'action et de résolution. Est-ce que ce n'était pas
déjà autoriser l'entreprise? Est-ce que ce n'était pas
déjà autoriser l'Egypte? Est-ce que ce n'était pas
l'inviter à procéder à l'exécution, si elle savait avoir
moins de faiblesse que la Porte? Quand la Porte
cédait ainsi à une pression illégitime pourrait-elle
accuser l'Egypte pour n'avoir pas imité son exemple;
et si la Porte invoquait les lois de la suzeraineté,
l'Egypte ne pourrait-elle pas lui répondre, avec toutes
les autorités du droit public, que le droit de la suze-
raineté a aussi ses devoirs; que ces devoirs consistent
à protéger le vassal contre des exigences extérieures
et non à les lui faire subir; que le jour où la Porte a
reconnu que le canal, en ouvrant les perspectives les
plus magnifiques pour l'Egypte, serait encore d'une
grande utilité pour le reste de l'empire, l'autorisation
de l'exécuter lui a été donnée, et que n'ayant pas à
s'occuper de l'Angleterre, elle regarde cette autori-
sation comme bonne et valable?
L'Europe pourrait-elle être d'un autre avis que l'E-
gypte? Et, en définitive, le jour où la question serait
posée devant l'Europe, n'est-elle pas d'avance résolue?
Ecoutons là-dessus une autorité que ni la Porte ni l'An-
gleterre ne déclineront, c'est celle de l'intelligence la
plus haute du cabinet actuel de Londres, d'un des
hommes d'Etat les plus éminents de notre temps, de
M. Gladstone, chancelier de l'Echiquier. Voici com-
ment il s'exprimait à la Chambre des communes
dans la séance devenue fameuse du 2 juin 1858 :
« L'Egypte est subordonnée à la Turquie, non point
» à cause de la puissance du sultan, mais à cause des
» intérêts de l'Europe et par la garantie des pouvoirs
» européens. «
Voilà les droits et les devoirs de la suzeraineté ot-
tomane définis en quelques mots. Cette suzeraineté
n'existe pas seulement pour elle ; elle a également
pour objet, pour raison et pour garantie les intérêts,
les pouvoirs de l'Europe. Or, la Turquie n'ayant cessé
de déclarer qu'elle reconnaissait dans le canal une
œuvre d'utilité européenne, une œuvre d'utilité tur-
que, une œuvre d'utilité égyptienne; la Porte ayant
avoué en même temps que la contrainte seule et une
jalousie étrangère l'avaient empêchée et l'empêche-
raient d'y donner sa sanction officielle, l'Europe n'est-
elle pas en plein droit d'intervenir et de signifier
que c'est l'Egypte qui. en faisant poursuivre les tra-
vaux, remplit les devoirs que lui imposent les traités,
et que c'est la Turquie qui, en prétendant les arrêter
contre les intérêts du monde, contre les intérêts des
provinces ottomanes, contre l'intérêt spécial de l'E-
gypte, manque à la fois à ses devoirs envers l'Eu-
rope et à ses devoirs envers son vassal? E-t-il donc
possible que tant d'intérêts réunis, légitimes, s'abais-
sent et s'anéantissent devant le caprice, la jalousie
et l'ingérence d'un gouvernement étranger dans les
affaires intérieures d'un gouvernement indépendant?
Est-il possible qu'en pliant sous cette ingérence la
Porte en pût encore imposer le joug à l'Egypte et
que l'Egypte pût courir la moindre responsabilité à
s'en affranchir? Quels seraient les résultats d'un tel
état de choses? Ici nous n'avons encore qu'à laisser
parler M. Gladstone :
« Dans mon opinion, dit-il, il n'y aurait pas de
système plus insensé ou de suicide plus certain que
d'essayer de maintenir l'indépendance et l'intégrité
de l'empire ottoman en rendant l'union à cet empire
onéreuse et funeste à ses provinces. N'allez pas dire à
l'Egypte : « Il y a un projet qui, s'il pouvait être
» exécuté, développerait beaucoup, nous en conve-
» nous, vos ressources commerciales, mais nous
» vous empêchons d'en tirer tous les avantages,
» parce que nous pensons qu'il affaiblirait votre
» union avec la Turquie. » Par là, vous pousserez
immédiatement le pacha et le peuple d'Egypte à
conclure que leur union avec la Turquie implique
pour eux une pauvreté et une dégradation compa-
ratives, parce que cette union s'oppose à ce qu'ils re-
cherchent les moyens d'accroître leur propre force et
leur prospérité. »
Combien l'argument que M. Gladstone place
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