Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 511
à Vous vous dites animé des meilleurs sentiments
pour l'entreprise du percement de l'isthme. Vous dé-
plorez une situation dont vous exagérez à plaisir l'irré-
gularité; vous demandez qu'on obtienne enfin l'agré-
ment définitif de la Porte, et pour cela que faites-vous ?
Au lieu de vous adresser au gouvernement ottoman, et
d'employer votre incontestable talent à lui démontrer
ses véritables intérêts et à lui donner courage contre
les intrigues anglaises, vous cherchez à exercer une
pression sur le gouvernement français par la voie de la
presse, vous demandez aux actionnaires des concessions
absurdes, injustifiables, ruineuses.
» Le bout de l'oreille a percé. Le masque est trop
transparent. Le souffleur a parlé trop haut, on l'a en-
tendu.
» 11 y a quelque part, en Angleterre et en France, à
cheval sur le détroit, une association de capitalistes qui
ont lorgné d'un œil avide l'entreprise de M. de Lesseps.
Ces bons apôtres, d'accord en cela avec la diplomatie
anglaise, dont ils font les affaires, avec la Porte dont ils
ont conquis l'amitié par de frappants témoignages,
avec beaucoup d'autres encore qui ont tout lieu de
compter sur leur gratitude généreuse, ont comploté la
désorganisation de la Compagnie du canal. Ils travail-
lent aujourd'hui à déconsidérer et à détruire. Demain,
s'ils réussissent, ils recueilleront les débris, ils recom-
poseront une association et renouvelleront l'entreprise
à leur profit. Mais, qu'ils en soient bien convaincus,
leur œuvre de spoliation ne s'accomplira pas. Au-dessus
de leurs intrigues, au-dessus de l'apathie de la Porte,
au-dessus de l'animosité de l'Angleterre, il y a, le gou-
vernement de l'Empereur, qui n'a jamais déserté une
cause juste, et qui ne leur permettra pas d'accomplir
leur tâche inique.
» S'ils veulent des preuves, ils n'ont qu'à se souve-
nir. Un peu de mémoire leur tiendrait lieu de sa-
gesse.
» En 1859, une flotte anglaise apparut soudain devant
Alexandrie, C'était pendant la campagne d'Italie. On
voulait imposer au vice-roi la rupture de ses contrats;
on voulait, du droit du plus fort, détruire les travaux
commencés dans l'isthme. Mais une dépêche télégra-
phique apporte au Caire la nouvelle de la victoire de
Solferino. Palmerston recule, et la flotte anglaise ren-
tre à Malte.
» En 1860, les opérations du canal commençaient à
prendre de l'extension. Le cabinet anglais s'irrite, me-
nace la Porte, obtient l'envoi de Mouktar-Bey en Egypte
avec l'ordre de faire suspendre les travaux. Le vice-roi,
les consuls, la population même du Caire, sont dans
"l'émoi ; mais un télégramme de l'empereur Napoléon III
s'oppese h cet acte de violence, et Mouktar-Bey s'en
retourne à Constantinople, sans insister davantage.
» En 1862, les eaux de la Méditerranée sont amenées
jusqu'au lac Timsah; le problème est résolu dans sa
partie la plus difficile. M. Hawkshaw, ingénieur anglais,
déclare non-seulement le canal possible, mais l'entre-
prise admirablement conduite. Sir Henry Bulwer est
venu en personne. Il faut à tout prix arrêter cette
œuvre qui effraye à si haut point l'Angleterre. Cette
fois c'est le sultan qu'il expédie en Egypte comme
émissaire anglais, bien muni d'instructions, poursuivi
même au Caire des télégrammes de l'ambassade ; mais
le consul général de France, M. Tastu, intervient avec
fermeté dès que les intentions du sultan lui sont révé-
lées, et sa parole grave et sage suffit pour anéantir la
machination de sir Henry Bulwer. Ceci se passait au
commencement de cette année.
» La note du 6 avril, qu'on arracha à la Porte, suivit.
Elle n'eut pas de résultats plus heureux, on le sait.
D L'intervention de Nubar-Pacha ne réussira pas da-
vantage à troubler les esprits sur cette question. Quand
l'heure sera venue d'intervenir, quand les embarras
suscités à la Compagnie menaceront directement ses
intérêts, quand les capitaux français, engagés dans
l'entreprise, pourront se trouver compromis par la
société des Complots-Réunis Palmerston, Nubar, For-
cade et Ce, le gouvernement impérial n'aura qu'à
prendre la parole, — et il le fera, n'en doutez pas! —
pour que tout cet échafaudage d'attaques malsaines
s'écroule, pour que l'Angleterre rentre dans son silence,
la Porte dans son sommeil, et pour que l'Egypte re-
prenne gracieusement son attitude bienveillarte et
sympathique.
» AUGUSTE POITEVIN. »
« P. S. — Nous recevons au moment de mettre sous
presse, et nous insérons plus loin, une dernière note
adressée par le Conseil d'administration du canal de
Suez aux actionnaires de la Compagnie. On verra par
le langage net et énergique de cette note quel degré
d'importance on doit ajouter aux manœuvres hostiles
auxquelles s'associent en ce moment le Constitutionnel
et le Pays, mais que le gouvernement ne peut tarder à
désavouer.
» A. P. »
LE TOULONNAIS.
10 novembre.
« Dans le numéro du 19 septembre, nous disions :
« Sous la conversion apparente du Times applaudissant
» à l'ouverture du canal, perce un sourire narquois
» qui donne à penser que M. de Lesseps n'est pas en-
» core au bout de ses peines, et que de nouveaux em-
» barras ne tarderont pas à lui être suscités. Puissions-
» nous nous tromper ! »
» Nous ne nous trompions point ; les dents du serpent
ont encore voulu entamer la lime. Malgré l'assertion
superbe du Spectalor, proclamant que le canal est im-
possible, et que, « si sir Henry Bulwer a été battu à
» Constantinople, l'eau, le sable, les rochers ont toujours
» conservé leur puissance naturelle; » malgré cette
asseition superbement dédaigneuse, l'Angleterre ne se
fie plus à la puissance des seules forces naturelles pour ar-
rêter le Titan dominateur (M. Ferdinand de Lesseps)
dans son œuvre de civilisation universelle.
à Vous vous dites animé des meilleurs sentiments
pour l'entreprise du percement de l'isthme. Vous dé-
plorez une situation dont vous exagérez à plaisir l'irré-
gularité; vous demandez qu'on obtienne enfin l'agré-
ment définitif de la Porte, et pour cela que faites-vous ?
Au lieu de vous adresser au gouvernement ottoman, et
d'employer votre incontestable talent à lui démontrer
ses véritables intérêts et à lui donner courage contre
les intrigues anglaises, vous cherchez à exercer une
pression sur le gouvernement français par la voie de la
presse, vous demandez aux actionnaires des concessions
absurdes, injustifiables, ruineuses.
» Le bout de l'oreille a percé. Le masque est trop
transparent. Le souffleur a parlé trop haut, on l'a en-
tendu.
» 11 y a quelque part, en Angleterre et en France, à
cheval sur le détroit, une association de capitalistes qui
ont lorgné d'un œil avide l'entreprise de M. de Lesseps.
Ces bons apôtres, d'accord en cela avec la diplomatie
anglaise, dont ils font les affaires, avec la Porte dont ils
ont conquis l'amitié par de frappants témoignages,
avec beaucoup d'autres encore qui ont tout lieu de
compter sur leur gratitude généreuse, ont comploté la
désorganisation de la Compagnie du canal. Ils travail-
lent aujourd'hui à déconsidérer et à détruire. Demain,
s'ils réussissent, ils recueilleront les débris, ils recom-
poseront une association et renouvelleront l'entreprise
à leur profit. Mais, qu'ils en soient bien convaincus,
leur œuvre de spoliation ne s'accomplira pas. Au-dessus
de leurs intrigues, au-dessus de l'apathie de la Porte,
au-dessus de l'animosité de l'Angleterre, il y a, le gou-
vernement de l'Empereur, qui n'a jamais déserté une
cause juste, et qui ne leur permettra pas d'accomplir
leur tâche inique.
» S'ils veulent des preuves, ils n'ont qu'à se souve-
nir. Un peu de mémoire leur tiendrait lieu de sa-
gesse.
» En 1859, une flotte anglaise apparut soudain devant
Alexandrie, C'était pendant la campagne d'Italie. On
voulait imposer au vice-roi la rupture de ses contrats;
on voulait, du droit du plus fort, détruire les travaux
commencés dans l'isthme. Mais une dépêche télégra-
phique apporte au Caire la nouvelle de la victoire de
Solferino. Palmerston recule, et la flotte anglaise ren-
tre à Malte.
» En 1860, les opérations du canal commençaient à
prendre de l'extension. Le cabinet anglais s'irrite, me-
nace la Porte, obtient l'envoi de Mouktar-Bey en Egypte
avec l'ordre de faire suspendre les travaux. Le vice-roi,
les consuls, la population même du Caire, sont dans
"l'émoi ; mais un télégramme de l'empereur Napoléon III
s'oppese h cet acte de violence, et Mouktar-Bey s'en
retourne à Constantinople, sans insister davantage.
» En 1862, les eaux de la Méditerranée sont amenées
jusqu'au lac Timsah; le problème est résolu dans sa
partie la plus difficile. M. Hawkshaw, ingénieur anglais,
déclare non-seulement le canal possible, mais l'entre-
prise admirablement conduite. Sir Henry Bulwer est
venu en personne. Il faut à tout prix arrêter cette
œuvre qui effraye à si haut point l'Angleterre. Cette
fois c'est le sultan qu'il expédie en Egypte comme
émissaire anglais, bien muni d'instructions, poursuivi
même au Caire des télégrammes de l'ambassade ; mais
le consul général de France, M. Tastu, intervient avec
fermeté dès que les intentions du sultan lui sont révé-
lées, et sa parole grave et sage suffit pour anéantir la
machination de sir Henry Bulwer. Ceci se passait au
commencement de cette année.
» La note du 6 avril, qu'on arracha à la Porte, suivit.
Elle n'eut pas de résultats plus heureux, on le sait.
D L'intervention de Nubar-Pacha ne réussira pas da-
vantage à troubler les esprits sur cette question. Quand
l'heure sera venue d'intervenir, quand les embarras
suscités à la Compagnie menaceront directement ses
intérêts, quand les capitaux français, engagés dans
l'entreprise, pourront se trouver compromis par la
société des Complots-Réunis Palmerston, Nubar, For-
cade et Ce, le gouvernement impérial n'aura qu'à
prendre la parole, — et il le fera, n'en doutez pas! —
pour que tout cet échafaudage d'attaques malsaines
s'écroule, pour que l'Angleterre rentre dans son silence,
la Porte dans son sommeil, et pour que l'Egypte re-
prenne gracieusement son attitude bienveillarte et
sympathique.
» AUGUSTE POITEVIN. »
« P. S. — Nous recevons au moment de mettre sous
presse, et nous insérons plus loin, une dernière note
adressée par le Conseil d'administration du canal de
Suez aux actionnaires de la Compagnie. On verra par
le langage net et énergique de cette note quel degré
d'importance on doit ajouter aux manœuvres hostiles
auxquelles s'associent en ce moment le Constitutionnel
et le Pays, mais que le gouvernement ne peut tarder à
désavouer.
» A. P. »
LE TOULONNAIS.
10 novembre.
« Dans le numéro du 19 septembre, nous disions :
« Sous la conversion apparente du Times applaudissant
» à l'ouverture du canal, perce un sourire narquois
» qui donne à penser que M. de Lesseps n'est pas en-
» core au bout de ses peines, et que de nouveaux em-
» barras ne tarderont pas à lui être suscités. Puissions-
» nous nous tromper ! »
» Nous ne nous trompions point ; les dents du serpent
ont encore voulu entamer la lime. Malgré l'assertion
superbe du Spectalor, proclamant que le canal est im-
possible, et que, « si sir Henry Bulwer a été battu à
» Constantinople, l'eau, le sable, les rochers ont toujours
» conservé leur puissance naturelle; » malgré cette
asseition superbement dédaigneuse, l'Angleterre ne se
fie plus à la puissance des seules forces naturelles pour ar-
rêter le Titan dominateur (M. Ferdinand de Lesseps)
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