Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1863 01 décembre 1863
Description : 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03. 1863/12/01 (A8,N179)-1863/12/03.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203258h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
510 L'ISTHME DE SUEZ,
inacceptables, la vitalité de l'entreprise était atteinte,
et, fort des premiers contrats qui sont exécutés sous la
garantie morale et la surveillance effective de l'Europe,
le Conseil d'administration refusa de les admettre, et,
pour ne laisser aucun doute au public sur la situation
et sur ses motifs de refus, il fit publier dans tous les
journaux de Paris le texte de sa délibération en réponse
à Nubar-Pacha.
» Tous les journaux politiques ou financiers s'em-
pressèrent de mettre leur publicité au service de cette
justification du président de la Compagnie. Un seul,
la Semaine financière, rédigé par Forcade-Pacha, jugea
lm
à propos de supprimer la communication, et de publier
à la place une attaque dont nous ne louerons pas la
bonne foi, et dont nous n'attesterons pas la loyauté.
M. de Lesseps, on le sait, n'est pas homme à laisser
étouffer sa voix et à marchander la vérité à ses adver-
saires. Pour une tribune qu'on lui refusait, il en a
trouvé vingt. Tout le monde connaît aujourd'hui sa ré-
ponse écrasante aux finasseries perfides du directeur
de la Semaine financière, et cette réponse, qui nous a
apporté de nouvelles lumières sur la mission de Nubar-
Pacha, nous a édifié pleinement sur cet incident.
» Nous exposerons, dans notre prochain numéro, les
faits en litige.
22 novembre.
« Les PROPOSITIONS de Nubar-Pacha ont dans la société
D européenne un autre nom : on les appelle SPOLIATION !.
» On n'a jamais entendu parler en France d'un compro-
» mis qui donnât tout aux uns et ne laissât rien aux
» autres. On demande à la Compagnie ses ouvriers, son
» argent, ses terres et son canal, on ne lui laisse rien.
» et on appelle cela régulariser la position. »
» Ces quelques lignes énergiques et nettes de l'Indé-
pendance belge résument parfaitement la campagne nou-
velle entreprise contre la Compagnie du canal de Suez,
campagne où M. Forcade joue le rôle de général en
chef.
» Passons aux propositions :
» Nubar demande : que le nombre des travailleurs
soit réduit de vingt mille à six mille ;
» Que le salaire actuel soit porté à 2 francs ;
» Que les concessions de terrains soient annulées, et
le gouvernement égyptien offre, en compensation, de
s'emparer du canal d'eau douce, sans indemnité bien
entendu.
» M. de Lesseps répond :
« La Compagnie a passé des conventions et des con-
trats qui forment la base du succès de l'entreprise.
Elle a le droit de s'y tenir. Elle s'y tient.
» Réduire à six mille le nombre de nos travailleurs,
ce serait prolonger de dix années l'exécution de nos
travaux. C'est peut-être l'intérêt de l'Angleterre, ce
n'est pas l'intérêt de l'Egypte, encore moins celui de la
Compagnie.
» Augmenter les salaires serait une mesure logiq-ue,
s'il était prouvé que le travail fût mieux rétribué par-
tout ailleurs en Égypte que dans les chantiers de la
Compagnie ; mais au contraire , nous payons 6 pias-
tres par homme et par journée de travail, quand le
vice-roi lui même, dans ses raffineries du Caire, n'en
paye que 4.
» Modifier le travail obligatoire rétribué, c'est là une
proposition destinée à mystifier l'Europe. Le bon plai-
sir d'un ministre anglais ne saurait suffire pour chan-
ger du jour au lendemain les mœurs d'un pays comme
l'Egypte, et l'on vient d'avoir l'exemple de la manière
dont l'Angleterre entend cette question du travail
forcé, lors de la récente inondation du chemin de fer
de Suez. Ses communications avec l'Inde étaient inter-
rompues, et cinquante mille fellahs durent travailler
jour et nuit, sans espoir de rétribution, pour rétablir les
rails et remettre la voie en état.
» Enfin les terrains concédés ayant dû l'être par
S. A. Mohammed-Saïd, pour obtenir le concours des ca-
pitaux nécessaires à la formation d'une compagnie
financière exploitante ;
» Le canal d'eau douce, faisant partie intégrante de
ces avantages, sans lesquels l'entreprise n'aurait pu
trouver d'adhérents en Europe ;
» La Compagnie ne peut à aucun titre se dessaisir
ainsi des avantages qui lui ont été légalement consep-
tis, parce qu'il aura plu à Nubar-Pacha, inspiré par lord
Palmerston, et fortifié par M. Forcade, de combiner à
froid les moyens les plus propres à ruiner l'entreprise
et à déposséder les actionnaires. »
» Cette réponse;, dont nous avons résumé seulement
les arguments principaux, est assez nette et assez ca-
tégorique. Il semblerait que toute opposition doit
s'effacer devant un pareil langage, mais M. Forcade,
qui a sans doute d'excellentes raisons, que nous ne lui
envions pas, pour jouer le jeu de l'Angleterre, est un
trop habile polémiste pour se retirer après une pre-
mière passe, et ne pas essayer, à force de sophismes et
de subtilités, de dérouter le public, de surprendre sa
bonne foi, et de déconsidérer la Compagnie.
» C'est ce qu'il vient de tenter dans un article qui
recueillera sans doute bien des applaudissements dans
la presse anglaise, mais dont l'opinion publique en
France saura faire, nous n'en doutons pas, bonne et
prompte justice.
» M. Forcade, plein d'une touchante sympathie pour
les intérêts du canal de Suez, a résolu d'ouvrir les
yeux des actionnaires. A l'en croire, l'entreprise est
aujourd'hui compromise par M. de Lesseps et le Conseil
d'administration. Non content d'avoir l'Angleterre et la
Porte contre soi, on s'est mis, suivant lui, l'Egypte à
dos. Ne valait-il pas mieux, dit-il, consentir aux quel-
ques réclamations de Nubar-Pacha — nos lecteurs les
connaissent — et aussitôt toute difficulté cessait, la
Porte donnait publiquement son adhésion au grand
oeuvre, eL l'Angleterre promettait sa bienveillance.
» Nous nous permettrons de demander à M. Forcade
ce qui serait resté aux actionnaires comme produit et
comme garantie?
inacceptables, la vitalité de l'entreprise était atteinte,
et, fort des premiers contrats qui sont exécutés sous la
garantie morale et la surveillance effective de l'Europe,
le Conseil d'administration refusa de les admettre, et,
pour ne laisser aucun doute au public sur la situation
et sur ses motifs de refus, il fit publier dans tous les
journaux de Paris le texte de sa délibération en réponse
à Nubar-Pacha.
» Tous les journaux politiques ou financiers s'em-
pressèrent de mettre leur publicité au service de cette
justification du président de la Compagnie. Un seul,
la Semaine financière, rédigé par Forcade-Pacha, jugea
lm
à propos de supprimer la communication, et de publier
à la place une attaque dont nous ne louerons pas la
bonne foi, et dont nous n'attesterons pas la loyauté.
M. de Lesseps, on le sait, n'est pas homme à laisser
étouffer sa voix et à marchander la vérité à ses adver-
saires. Pour une tribune qu'on lui refusait, il en a
trouvé vingt. Tout le monde connaît aujourd'hui sa ré-
ponse écrasante aux finasseries perfides du directeur
de la Semaine financière, et cette réponse, qui nous a
apporté de nouvelles lumières sur la mission de Nubar-
Pacha, nous a édifié pleinement sur cet incident.
» Nous exposerons, dans notre prochain numéro, les
faits en litige.
22 novembre.
« Les PROPOSITIONS de Nubar-Pacha ont dans la société
D européenne un autre nom : on les appelle SPOLIATION !.
» On n'a jamais entendu parler en France d'un compro-
» mis qui donnât tout aux uns et ne laissât rien aux
» autres. On demande à la Compagnie ses ouvriers, son
» argent, ses terres et son canal, on ne lui laisse rien.
» et on appelle cela régulariser la position. »
» Ces quelques lignes énergiques et nettes de l'Indé-
pendance belge résument parfaitement la campagne nou-
velle entreprise contre la Compagnie du canal de Suez,
campagne où M. Forcade joue le rôle de général en
chef.
» Passons aux propositions :
» Nubar demande : que le nombre des travailleurs
soit réduit de vingt mille à six mille ;
» Que le salaire actuel soit porté à 2 francs ;
» Que les concessions de terrains soient annulées, et
le gouvernement égyptien offre, en compensation, de
s'emparer du canal d'eau douce, sans indemnité bien
entendu.
» M. de Lesseps répond :
« La Compagnie a passé des conventions et des con-
trats qui forment la base du succès de l'entreprise.
Elle a le droit de s'y tenir. Elle s'y tient.
» Réduire à six mille le nombre de nos travailleurs,
ce serait prolonger de dix années l'exécution de nos
travaux. C'est peut-être l'intérêt de l'Angleterre, ce
n'est pas l'intérêt de l'Egypte, encore moins celui de la
Compagnie.
» Augmenter les salaires serait une mesure logiq-ue,
s'il était prouvé que le travail fût mieux rétribué par-
tout ailleurs en Égypte que dans les chantiers de la
Compagnie ; mais au contraire , nous payons 6 pias-
tres par homme et par journée de travail, quand le
vice-roi lui même, dans ses raffineries du Caire, n'en
paye que 4.
» Modifier le travail obligatoire rétribué, c'est là une
proposition destinée à mystifier l'Europe. Le bon plai-
sir d'un ministre anglais ne saurait suffire pour chan-
ger du jour au lendemain les mœurs d'un pays comme
l'Egypte, et l'on vient d'avoir l'exemple de la manière
dont l'Angleterre entend cette question du travail
forcé, lors de la récente inondation du chemin de fer
de Suez. Ses communications avec l'Inde étaient inter-
rompues, et cinquante mille fellahs durent travailler
jour et nuit, sans espoir de rétribution, pour rétablir les
rails et remettre la voie en état.
» Enfin les terrains concédés ayant dû l'être par
S. A. Mohammed-Saïd, pour obtenir le concours des ca-
pitaux nécessaires à la formation d'une compagnie
financière exploitante ;
» Le canal d'eau douce, faisant partie intégrante de
ces avantages, sans lesquels l'entreprise n'aurait pu
trouver d'adhérents en Europe ;
» La Compagnie ne peut à aucun titre se dessaisir
ainsi des avantages qui lui ont été légalement consep-
tis, parce qu'il aura plu à Nubar-Pacha, inspiré par lord
Palmerston, et fortifié par M. Forcade, de combiner à
froid les moyens les plus propres à ruiner l'entreprise
et à déposséder les actionnaires. »
» Cette réponse;, dont nous avons résumé seulement
les arguments principaux, est assez nette et assez ca-
tégorique. Il semblerait que toute opposition doit
s'effacer devant un pareil langage, mais M. Forcade,
qui a sans doute d'excellentes raisons, que nous ne lui
envions pas, pour jouer le jeu de l'Angleterre, est un
trop habile polémiste pour se retirer après une pre-
mière passe, et ne pas essayer, à force de sophismes et
de subtilités, de dérouter le public, de surprendre sa
bonne foi, et de déconsidérer la Compagnie.
» C'est ce qu'il vient de tenter dans un article qui
recueillera sans doute bien des applaudissements dans
la presse anglaise, mais dont l'opinion publique en
France saura faire, nous n'en doutons pas, bonne et
prompte justice.
» M. Forcade, plein d'une touchante sympathie pour
les intérêts du canal de Suez, a résolu d'ouvrir les
yeux des actionnaires. A l'en croire, l'entreprise est
aujourd'hui compromise par M. de Lesseps et le Conseil
d'administration. Non content d'avoir l'Angleterre et la
Porte contre soi, on s'est mis, suivant lui, l'Egypte à
dos. Ne valait-il pas mieux, dit-il, consentir aux quel-
ques réclamations de Nubar-Pacha — nos lecteurs les
connaissent — et aussitôt toute difficulté cessait, la
Porte donnait publiquement son adhésion au grand
oeuvre, eL l'Angleterre promettait sa bienveillance.
» Nous nous permettrons de demander à M. Forcade
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