Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1863 15 août 1863
Description : 1863/08/15 (A8,N172). 1863/08/15 (A8,N172).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203251m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
350 L'ISTHME DE SUEZ,
» A coup sûr, en discutant le canal de Suez, il était
impossible de négliger entièrement le devoir de s'en-
quérir de sa possibilité, et dans ce but des ingénieurs
d'une haute autorité ont été chargés d'examiner les
faits et de présenter des rapports. Mais jusqu'ici les
travaux de ces messieurs ont abouti à un phénomène
remarquable, les conclusions auxquelles ils sont arri-
vés ont été parfaitement en harmonie avec les opi-
nions antérieures de ceux qui les employaient. Les
savants engagés par M. de Lesseps ont terminé leurs
investigations, complètement convaincus que le canal
pouvait être construit moyennant une dépense modérée
de temps et de capital ; tandis que ceux qui recevaient
leur inspiration et leur salaire des sources britan-
niques, revenaient du voisinage de la mer Rouge avec
un dédain arrêté pour toute l'entreprise. Le pacha d'E-
gypte fut naturellement perplexe devant ces contra-
dictions. Il avait risqué beaucoup dans le canal ; il avait
non-seulement concédé des priviléges dangereux à une
Compagnie étrangère et soumis ses sujets à des charges
fâcheuses, mais il s'était encore engagé dans un em-
barrassant désaccord avec son suzerain le sultan. Après
tout, l'entreprise était-elle digne de ce trouble et de ce
risque? La France et l'Angleterre pouvaient se cha-
mailler éternellement sur ce projet et ne point s'en
porter plus mal ; mais il y allait pour le pacha d'inté-
rêts sérieux, et il lui importait de connaître l'exacte
vérité. Des quatre potentats impliqués dans la chose, il
était le seul dont les intérêts fussent absolument et
complètement du côté de cette vérité. Pour déterminer
la question à sa satisfaction, le feu pacha étant à Lon-
dres eut recours à M. Hawkshaw, l'éminent ingénieur
dout le rapport vient d'être publié.
» Quoique ce document n'ait été que tout dernière-
ment placé sous les yeux du public, it existait depuis
plusieurs mois certains personnages occupant de hautes
positions, qui ont le plus parlé sur ce sujet, qui connais-
saient sans doute son contenu longtemps avant nous,
et cette connaissance a probablement contribué à pré-
cipiter certains arrangements d'un caractère politique
qui vraisemblablement écarteront tous les obstacles
dans la future poursuite de l'entreprise. Le récit de
M. Hawkshaw sur les progrès obtenus ne sont pas
aussi formels que ceux présentés par M. de Lesseps. Un
canal navigable a été ouvert allant à peu près à la
moitié de la distance qui sépare les deux mers. Sur
30 milles, les travaux ont consisté simplement en dra-
gages dans le lac Menzaleh. Le :surplus se compose
d'une tranchée de 20 milles dans le désert. Le travail
exécuté jusqu'ici n'est pas le canal tel qu'il doit être,
mais un chenal étroit et peu profond où ne peuvent
naviguer que des bateaux plats d'un faible tirant d'eau.
M. Hawkshaw estime aussi la dépense probable de
toute l'entreprise à un chiffre plus élevé que M. de
Lesseps. Mettant en compte la probabilité de rencontrer
une masse de rochers près de l'entrée par la mer
Rouge, il juge que cette dépense doit être évaluée à
dix millions sterling. Quant à la principale question
du débat, la praticabilité du projet, il se prononce d'une
façon décisive ; M. Hawkshaw dit qu'il ne prévoit
aucune difficulté extraordinaire dans l'exécution du plan,
et qu'il ne conçoit aucune éventualité de nature à ne
pouvoir être surmontée par l'habileté de l'art moderne.
Il ajoute que lorsque le canal sera achevé, il pourra
être entretenu sans aucuue dépense annuelle extra-
ordinaire.
« Cette opinion peut être regardée comme tranchant
un des principaux points qui a fourni tant de matériaux
à une discussion ardente. — Un des chevaux du cirque
sur lesquels lord Palmerston a jusqu'ici exécuté ses re-
présentations de Suez, s'est échappé dans le désert, et
Sa Seigneurie, dans l'avenir , sera obligée de chevau-
cher comme un chrétien. Probablement cette appré-
hension l'a poussée à conclure qu'il vaudrait mieux re-
noncer à ces sortes de représentations, et laisser l'ou-
vrage marcher sans plus de tricherie hostile. Les faits
révélés par M. Hawkshaw ont été connus depuis assez
de temps pour exercer de l'influence sur la diplomatie,
et, en conséquence , nous apprenons maintenant que
l'affaire a été définitivement arrangée.
La difficulté politique était que le sultan refusait sa
sanction. Il n'y avait pas de concession de la part de
la Porte, et, jusqu'à ce qu'elle fût obtenue, le pacha
dépassait ses pouvoirs, en permettant qu'il fat procédé
aux travaux. Si, au lieu du sultan, nous nommions
lord Palmerston, nous exposerions exactement les cho-
ses telles qu'elles étaient. Le sultan avait barres sur
le pacha, et lord Palmerston avait barres sur le sul-
tan. M. de Lesseps ne pouvait rien faire sans le pacha,
le pacha ne pouvait rien faire sans le sultan, et le sul-
tan ne pouvait rien faire sans lord Palmerston. Voici
maintenant enfin, et nous sommes heureux de l'ap-
prendre, une solution de continuité. Le sultan refusait
sou cunocmtomont pour trois raisons : d'abord l'ouvrage
ne pouvait se faire que par le travail forcé, en se sai-
sissant de soixante mille pauvres Égyptiens et en les
faisant travailler bon gré mal gré pour un terme et à
des salaires fixés par leurs maîtres ; ensuite, la con-
cession du droit de creuser le canal implique la con-
cession d'une bonne quantité de terres sur ses deux ri-
ves et à chacune de ses extrémités. La Compagnie vou-
drait absolument retenir ces terres, et ainsi les sujets
d'uno puissance étrangère s'implanteraient entre les
territoires africains et les territoires asiatiques du sul-
tan. Enfin, le canal achevé pourrait tomber sous l'in-
fluence prépondérante d'une seule puissance et servir
ainsi à un but politique. Tels sont les arguments que
nous avons mis dans la bouche du sultan, quoi qu'il y
ait vu ou iroaginâty voir lui-même quelque poids. Tant
que la praticabilité du projet était douteuse, ces argu-
ments ont tenu bon ; mais le rapport de M. Hawkshaw
les a mis en déroute. Il est conforme à la raison que
si les deux mers peuvent être jointes moyennant une
dépense qu'une société industrielle consent à risquer,
il n'y a pas d'arguties sur la polilique et la juridiction
auxquelles on puisse longtemps permettre de retarder
une telle entreprise. En conséquence, il a été tenu à
Constantinople un palaver définitif, dont voici, dit-on,
le résultat : le travail forcé sera toléré, puisque sans
iui il faudrait abandonner le canal ; la concession des
terres adjacentes au canal sera retirée, le pacha s'enga-
» A coup sûr, en discutant le canal de Suez, il était
impossible de négliger entièrement le devoir de s'en-
quérir de sa possibilité, et dans ce but des ingénieurs
d'une haute autorité ont été chargés d'examiner les
faits et de présenter des rapports. Mais jusqu'ici les
travaux de ces messieurs ont abouti à un phénomène
remarquable, les conclusions auxquelles ils sont arri-
vés ont été parfaitement en harmonie avec les opi-
nions antérieures de ceux qui les employaient. Les
savants engagés par M. de Lesseps ont terminé leurs
investigations, complètement convaincus que le canal
pouvait être construit moyennant une dépense modérée
de temps et de capital ; tandis que ceux qui recevaient
leur inspiration et leur salaire des sources britan-
niques, revenaient du voisinage de la mer Rouge avec
un dédain arrêté pour toute l'entreprise. Le pacha d'E-
gypte fut naturellement perplexe devant ces contra-
dictions. Il avait risqué beaucoup dans le canal ; il avait
non-seulement concédé des priviléges dangereux à une
Compagnie étrangère et soumis ses sujets à des charges
fâcheuses, mais il s'était encore engagé dans un em-
barrassant désaccord avec son suzerain le sultan. Après
tout, l'entreprise était-elle digne de ce trouble et de ce
risque? La France et l'Angleterre pouvaient se cha-
mailler éternellement sur ce projet et ne point s'en
porter plus mal ; mais il y allait pour le pacha d'inté-
rêts sérieux, et il lui importait de connaître l'exacte
vérité. Des quatre potentats impliqués dans la chose, il
était le seul dont les intérêts fussent absolument et
complètement du côté de cette vérité. Pour déterminer
la question à sa satisfaction, le feu pacha étant à Lon-
dres eut recours à M. Hawkshaw, l'éminent ingénieur
dout le rapport vient d'être publié.
» Quoique ce document n'ait été que tout dernière-
ment placé sous les yeux du public, it existait depuis
plusieurs mois certains personnages occupant de hautes
positions, qui ont le plus parlé sur ce sujet, qui connais-
saient sans doute son contenu longtemps avant nous,
et cette connaissance a probablement contribué à pré-
cipiter certains arrangements d'un caractère politique
qui vraisemblablement écarteront tous les obstacles
dans la future poursuite de l'entreprise. Le récit de
M. Hawkshaw sur les progrès obtenus ne sont pas
aussi formels que ceux présentés par M. de Lesseps. Un
canal navigable a été ouvert allant à peu près à la
moitié de la distance qui sépare les deux mers. Sur
30 milles, les travaux ont consisté simplement en dra-
gages dans le lac Menzaleh. Le :surplus se compose
d'une tranchée de 20 milles dans le désert. Le travail
exécuté jusqu'ici n'est pas le canal tel qu'il doit être,
mais un chenal étroit et peu profond où ne peuvent
naviguer que des bateaux plats d'un faible tirant d'eau.
M. Hawkshaw estime aussi la dépense probable de
toute l'entreprise à un chiffre plus élevé que M. de
Lesseps. Mettant en compte la probabilité de rencontrer
une masse de rochers près de l'entrée par la mer
Rouge, il juge que cette dépense doit être évaluée à
dix millions sterling. Quant à la principale question
du débat, la praticabilité du projet, il se prononce d'une
façon décisive ; M. Hawkshaw dit qu'il ne prévoit
aucune difficulté extraordinaire dans l'exécution du plan,
et qu'il ne conçoit aucune éventualité de nature à ne
pouvoir être surmontée par l'habileté de l'art moderne.
Il ajoute que lorsque le canal sera achevé, il pourra
être entretenu sans aucuue dépense annuelle extra-
ordinaire.
« Cette opinion peut être regardée comme tranchant
un des principaux points qui a fourni tant de matériaux
à une discussion ardente. — Un des chevaux du cirque
sur lesquels lord Palmerston a jusqu'ici exécuté ses re-
présentations de Suez, s'est échappé dans le désert, et
Sa Seigneurie, dans l'avenir , sera obligée de chevau-
cher comme un chrétien. Probablement cette appré-
hension l'a poussée à conclure qu'il vaudrait mieux re-
noncer à ces sortes de représentations, et laisser l'ou-
vrage marcher sans plus de tricherie hostile. Les faits
révélés par M. Hawkshaw ont été connus depuis assez
de temps pour exercer de l'influence sur la diplomatie,
et, en conséquence , nous apprenons maintenant que
l'affaire a été définitivement arrangée.
La difficulté politique était que le sultan refusait sa
sanction. Il n'y avait pas de concession de la part de
la Porte, et, jusqu'à ce qu'elle fût obtenue, le pacha
dépassait ses pouvoirs, en permettant qu'il fat procédé
aux travaux. Si, au lieu du sultan, nous nommions
lord Palmerston, nous exposerions exactement les cho-
ses telles qu'elles étaient. Le sultan avait barres sur
le pacha, et lord Palmerston avait barres sur le sul-
tan. M. de Lesseps ne pouvait rien faire sans le pacha,
le pacha ne pouvait rien faire sans le sultan, et le sul-
tan ne pouvait rien faire sans lord Palmerston. Voici
maintenant enfin, et nous sommes heureux de l'ap-
prendre, une solution de continuité. Le sultan refusait
sou cunocmtomont pour trois raisons : d'abord l'ouvrage
ne pouvait se faire que par le travail forcé, en se sai-
sissant de soixante mille pauvres Égyptiens et en les
faisant travailler bon gré mal gré pour un terme et à
des salaires fixés par leurs maîtres ; ensuite, la con-
cession du droit de creuser le canal implique la con-
cession d'une bonne quantité de terres sur ses deux ri-
ves et à chacune de ses extrémités. La Compagnie vou-
drait absolument retenir ces terres, et ainsi les sujets
d'uno puissance étrangère s'implanteraient entre les
territoires africains et les territoires asiatiques du sul-
tan. Enfin, le canal achevé pourrait tomber sous l'in-
fluence prépondérante d'une seule puissance et servir
ainsi à un but politique. Tels sont les arguments que
nous avons mis dans la bouche du sultan, quoi qu'il y
ait vu ou iroaginâty voir lui-même quelque poids. Tant
que la praticabilité du projet était douteuse, ces argu-
ments ont tenu bon ; mais le rapport de M. Hawkshaw
les a mis en déroute. Il est conforme à la raison que
si les deux mers peuvent être jointes moyennant une
dépense qu'une société industrielle consent à risquer,
il n'y a pas d'arguties sur la polilique et la juridiction
auxquelles on puisse longtemps permettre de retarder
une telle entreprise. En conséquence, il a été tenu à
Constantinople un palaver définitif, dont voici, dit-on,
le résultat : le travail forcé sera toléré, puisque sans
iui il faudrait abandonner le canal ; la concession des
terres adjacentes au canal sera retirée, le pacha s'enga-
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