Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1863 15 juillet 1863
Description : 1863/07/15 (A8,N170)-1863/07/19. 1863/07/15 (A8,N170)-1863/07/19.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203249j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
260 L'ISTHME DE SUEZ,
Dès ce moment, en effet, jusqu'à la note du 6 avril,
dévoilant aux yeux étonnés de l'Europe la dernière
intrigue anglaise, les travaux du canal marchèrent
sans aucun empêchement.
Mais lorsque sir Henry Bulwer eut rendu compte
à lord Palmerston des impressions qu'il avait reçues
de sa visite dans l'isthme, de l'avancement des tra-
vaux, de l'accomplissement rapide iu fait, le gouver-
nement anglais jugea qu'il était urgent de faire un
effort désespéré. De là le complot qui a précédé la
note du 6 avril et l'éclat qui l'a suivie.
C'est ici le lieu de faire remarquer une coïnci-
dence curieuse. Mouktar-Bey partait pour sa mis-
sion en octobre, et la première assemblée générale
avait été annoncée pour le 15 novembre suivant. Le
récent complot anglo-turc devait éclater en Egypte
dans le commencement d'avril, et l'assemblée géné-
rale était convoquée pour le 15 mai. Par les deux
tentatives faites avant que l'on connût l'ajournement
de ces réunions, n'avait-on pas espéré répandre le
trouble et la désunion dans les assemblée annuelles
des actionnaires ? La diplomatie anglaise a employé
tant de tristes moyens contre nous, qu'elle peut
être soupçonnée d'avoir compté sur l'efficacité de ce-
lui-là. (Approbation.)
L'intrigue a échoué, non-seulement par la promp-
titude, l'à-propos et l'énergie avec lesquels le gouver-
nement de l'Empereur a déclaré qu'il ne permettrait
jamais que l'on attentât aux droits d'une compagnie
dans laquelle des capitaux français se trouvaient
loyalement engagés (Acclamations, applaudissements
redoublés), mais encore par l'attitude et la sagesse
du sultan pendant son séjour en Egypte. Ce souve-
rain, auquel l'avenir réserve peut-être un grand rôle
dans la transformation inévitable de son gouverne-
ment, a bien compris le piège qu'on lui tendait en
voulant l'entraîner à faire en Egypte acte d'admi-
nistration , c'est-à-dire en violant les conventions de
1841. Il a voulu rester uniquement l'hôte du vice-roi.
Rien n'a pu ébranler sa résolution éclairée de respec-
ter l'indépendance intérieure du gouvernement égyp-
tien. Il est allé rendre un pieux hommage à la tombe
de Méhémet-Ali, fondateur de la dynastie égyptienne,
à celle de Mohammed-Saïd, créateur du canal
de Suez (Applaudissements), et par un dernier acte
assez expressif il a élevé à une des plus hautes di-
gnités de l'empire le plénipotentiaire du vice-roi, qui
venait de signer les récents arrangements avec la
Compagnie de Suez, arrangements qui déjouaient les
dernières espérances de l'opposition britannique. Nous
n'hésitons pas à affirmer que l'opinion d'Abdul-
Aziz..est favorable à l'exécution du canal, et que le
meilleur accord n'a jamais cessé d'exister entre Sa
Hautesse et le vice-roi. (Mouvement.)
us venons de parler des conventions de 1841 qui
-
\WS/\
ont réglé la situation actuelle de l'Egypte par rap-
port à la Turquie. Il convient à notre cause de défi-
nir cette situation.
Le gouvernement de l'Egypte a été attribué, sous
la suzeraineté politique du sultan; à Mehemet-Ali et
à sa descendance. Ce pouvoir héréditaire a tous les
attributs comme toutes les réalités d'un gouverne-
ment pleinement libre dans son action.
Sous la condition du paiement d'un tribut annuel,
il a la libre disposition des revenus de l'Egypte, le
libre établissement, la libre distribution et la libre
perception des impôts.
Il entretient à sa solde une armée et une marine
nationales dont les grades sont à sa nomination.
Il nomme et paie tous les fonctionnaires civils, et
judiciaires du pays.
Il entreprend de sa seule autorité les travaux
d'utilité publique et de fortification qu'il croit néces-
saires au bien et à la sécurité de l'Egypte.
Il fait et édicte toutes les lois et ordonnances re-
latives à son administration intérieure; il crée motu
proprio toutes les institutions qu'il juge convenables.
Il a ses ministres des affaires étrangères, de la
marine, de la guerre, de l'intérieur, qui ne relèvent
que de lui.
Il a son conseil privé, son grand conseil, ses con-
seils provinciaux et communaux.
Enfin les puissances étrangères accréditent auprès
de lui, non-seulement des agents consulaires mais
des agents diplomatiques. Les envoyés de France et
d'Angleterre ont particulièrement ce caractère. Ils
en ont même le titre officiel, ce qui n'existait pas
avant les arrangements de 1841.
Les conventions de 1841 ont constitué les droits
respectifs de l'Egypte et de la Turquie, et ont été ga-
ranties par les cinq grandes puissances. Elles ne sont -
donc pas seulement la loi entre l'Égypte et la Tur-
quie, mais encore la loi européenne entre la Turquie
et l'Égypte d'un côté, entre les cinq puissances ga-
rantes de l'autre.
En conséquence, ni le gouvernement suzerain, ni le
gouvernement vassal ne pourraient modifier les con-
ditions de leurs rapports et de leurs droits récipro-
ques sans le consentement préalable des puissances.
Ces rapports font partie du droit général et de l'é-
quilibre politique en Orient. Le sultan ne pourrait
pas plus renoncer à ses droits de suzeraineté sur l'É-
gypte, que le vice-roi, simple usufruitier de son
pouvoir, ne pourrait abandonner à la Turquie une
seule des attributions appartenant à son gouverne-
ment intérieur, et qu'il doit transmettre intactes à
ses successeurs.
Ces principes sont incontestables, et l'Angleterre
les consacre dans ce moment par un grand exem*
Dès ce moment, en effet, jusqu'à la note du 6 avril,
dévoilant aux yeux étonnés de l'Europe la dernière
intrigue anglaise, les travaux du canal marchèrent
sans aucun empêchement.
Mais lorsque sir Henry Bulwer eut rendu compte
à lord Palmerston des impressions qu'il avait reçues
de sa visite dans l'isthme, de l'avancement des tra-
vaux, de l'accomplissement rapide iu fait, le gouver-
nement anglais jugea qu'il était urgent de faire un
effort désespéré. De là le complot qui a précédé la
note du 6 avril et l'éclat qui l'a suivie.
C'est ici le lieu de faire remarquer une coïnci-
dence curieuse. Mouktar-Bey partait pour sa mis-
sion en octobre, et la première assemblée générale
avait été annoncée pour le 15 novembre suivant. Le
récent complot anglo-turc devait éclater en Egypte
dans le commencement d'avril, et l'assemblée géné-
rale était convoquée pour le 15 mai. Par les deux
tentatives faites avant que l'on connût l'ajournement
de ces réunions, n'avait-on pas espéré répandre le
trouble et la désunion dans les assemblée annuelles
des actionnaires ? La diplomatie anglaise a employé
tant de tristes moyens contre nous, qu'elle peut
être soupçonnée d'avoir compté sur l'efficacité de ce-
lui-là. (Approbation.)
L'intrigue a échoué, non-seulement par la promp-
titude, l'à-propos et l'énergie avec lesquels le gouver-
nement de l'Empereur a déclaré qu'il ne permettrait
jamais que l'on attentât aux droits d'une compagnie
dans laquelle des capitaux français se trouvaient
loyalement engagés (Acclamations, applaudissements
redoublés), mais encore par l'attitude et la sagesse
du sultan pendant son séjour en Egypte. Ce souve-
rain, auquel l'avenir réserve peut-être un grand rôle
dans la transformation inévitable de son gouverne-
ment, a bien compris le piège qu'on lui tendait en
voulant l'entraîner à faire en Egypte acte d'admi-
nistration , c'est-à-dire en violant les conventions de
1841. Il a voulu rester uniquement l'hôte du vice-roi.
Rien n'a pu ébranler sa résolution éclairée de respec-
ter l'indépendance intérieure du gouvernement égyp-
tien. Il est allé rendre un pieux hommage à la tombe
de Méhémet-Ali, fondateur de la dynastie égyptienne,
à celle de Mohammed-Saïd, créateur du canal
de Suez (Applaudissements), et par un dernier acte
assez expressif il a élevé à une des plus hautes di-
gnités de l'empire le plénipotentiaire du vice-roi, qui
venait de signer les récents arrangements avec la
Compagnie de Suez, arrangements qui déjouaient les
dernières espérances de l'opposition britannique. Nous
n'hésitons pas à affirmer que l'opinion d'Abdul-
Aziz..est favorable à l'exécution du canal, et que le
meilleur accord n'a jamais cessé d'exister entre Sa
Hautesse et le vice-roi. (Mouvement.)
us venons de parler des conventions de 1841 qui
-
\WS/\
ont réglé la situation actuelle de l'Egypte par rap-
port à la Turquie. Il convient à notre cause de défi-
nir cette situation.
Le gouvernement de l'Egypte a été attribué, sous
la suzeraineté politique du sultan; à Mehemet-Ali et
à sa descendance. Ce pouvoir héréditaire a tous les
attributs comme toutes les réalités d'un gouverne-
ment pleinement libre dans son action.
Sous la condition du paiement d'un tribut annuel,
il a la libre disposition des revenus de l'Egypte, le
libre établissement, la libre distribution et la libre
perception des impôts.
Il entretient à sa solde une armée et une marine
nationales dont les grades sont à sa nomination.
Il nomme et paie tous les fonctionnaires civils, et
judiciaires du pays.
Il entreprend de sa seule autorité les travaux
d'utilité publique et de fortification qu'il croit néces-
saires au bien et à la sécurité de l'Egypte.
Il fait et édicte toutes les lois et ordonnances re-
latives à son administration intérieure; il crée motu
proprio toutes les institutions qu'il juge convenables.
Il a ses ministres des affaires étrangères, de la
marine, de la guerre, de l'intérieur, qui ne relèvent
que de lui.
Il a son conseil privé, son grand conseil, ses con-
seils provinciaux et communaux.
Enfin les puissances étrangères accréditent auprès
de lui, non-seulement des agents consulaires mais
des agents diplomatiques. Les envoyés de France et
d'Angleterre ont particulièrement ce caractère. Ils
en ont même le titre officiel, ce qui n'existait pas
avant les arrangements de 1841.
Les conventions de 1841 ont constitué les droits
respectifs de l'Egypte et de la Turquie, et ont été ga-
ranties par les cinq grandes puissances. Elles ne sont -
donc pas seulement la loi entre l'Égypte et la Tur-
quie, mais encore la loi européenne entre la Turquie
et l'Égypte d'un côté, entre les cinq puissances ga-
rantes de l'autre.
En conséquence, ni le gouvernement suzerain, ni le
gouvernement vassal ne pourraient modifier les con-
ditions de leurs rapports et de leurs droits récipro-
ques sans le consentement préalable des puissances.
Ces rapports font partie du droit général et de l'é-
quilibre politique en Orient. Le sultan ne pourrait
pas plus renoncer à ses droits de suzeraineté sur l'É-
gypte, que le vice-roi, simple usufruitier de son
pouvoir, ne pourrait abandonner à la Turquie une
seule des attributions appartenant à son gouverne-
ment intérieur, et qu'il doit transmettre intactes à
ses successeurs.
Ces principes sont incontestables, et l'Angleterre
les consacre dans ce moment par un grand exem*
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