Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1863 15 juillet 1863
Description : 1863/07/15 (A8,N170)-1863/07/19. 1863/07/15 (A8,N170)-1863/07/19.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203249j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
278 L'ISTHME DE SUEZ,
ans de réflexion, que cette autorisation a été donnée
avec précipitation ou irrégularité, la Compagnie n'a
pas à se préoccuper de ces scrupules. (Sourires.)
Mais est-il vrai que le gouvernement égyptien
ait agi irrégulièrement ou précipitamment? Est-il
vrai que dans toute sa conduite il ne se soit pas, au
contraire, plié aux nécessités de la situation où la
Porte se trouvait placée, et à l'occasion desquelles
nous devons la plaindre encore plus que la blâmer?
Est-il vrai que le vice-roi n'ait pas dû se regarder
comme autorisé, et que cette autorisation ne lui ait
pas été donnée dans la seule forme possible en face de
l'opposition et des menaces des agents anglais, qui
faisaient trembler le divan et l'empêchaient de se
livrer, en cette affaire, à ses propres penchants, à
ses propres intérêts? C'est un point de la question
assez intéressant pour que vous nous permettiez de
nous y arrêter un moment.
Deux faits invariables et permanents sont à cons-
tater au début de cet examen : l'un est l'adhésion
constante du sultan au projet du canal, l'autre est
l'opposition non moins constante de la politique an-
glaise. Ici, la succession des faits a une grande im-
portance.
Le premier acte de concession, préparatoire en
quelque sorte, est signé par le vice-roi d'Egypte le
30 novembre 1854. Ce document est communiqué of-
ficiellement par le prince aux représentants de toutes
les puissances étrangères accrédités auprès de lui,
afin qu'ils puissent lui faire connaître les observations
de leurs gouvernements. Il est en même timps ex-
pédié à Constantinople, avec les pièces à l'appui. Ni
la Porte ni les puissances ne font aucune objection;
seulement le vice-roi reçoit de la plupart d'entre elles
des félicitations chaleureuses.
Deux mois après, en février 1855, c'est-à-dire
quatre ans avant la formation de la Compagnie, nous
reçûmes, en qualité d'ami du vice-roi, la mission
d'aller nous assurer, en son nom, des véritables dispo-
sitions du sultan. Nous fûmes accueilli avec beau-
coup d'empressement et de sympathie par le grand
vizir Reschid-Pacha et par ses collègues. Le projet
du vice-roi était approuvé. En ce moment se produi-
sirent les premiers symptômes de l'opposition an-
glaise par l'intervention impérieuse de lord Strattford
de Redcliffe. La Porte, intimidée, n'osa donner une
adhésion publique, mais elle fit tout ce qu'elle pou-
vait oser.
Nous retournàmes à Alexandrie avec une lettre
approbative et encourageante écrite au vice-roi par
le grand vizir, dans laquelle le premier ministre dé-
clarait que « l'entreprise du canal était des plus utiles
et des plus intéressantes. » Il ajoutait que, « reçu par-
ticulièrement par le sultan, nous avions été de sa part
l'objet de la plus haute bienveillance. »
Fort de cette première approbation le vice-roi nous
autorisa à former une commission scientifique inter-
nationale qui,aprè3 une étude approfondie, déclara à
l'unanimité que « l'exécution du canal était facile et le
succès assuré. »
Le vice-roi s'appuyant sur cet arrêt de la science
et sur l'assentiment contenu en principe dans la let-
tre vizirielle, promulgua, le 5 janvier 1856, l'acte
définitif de concession accompagné des statuts et au-
torisant la création de la Compagnie universelle.
Ces actes furent immédiatement communiqués à
la Porte, qui ne fit aucune observation.
Le 20 juillet suivant, Son Altesse voulant assurer
l'exécution des travaux du canal maritime de Suez
(termes du décret), signait un contrat par lequel
le gouvernement égyptien s'engageait à fournir
tous les ouvriers qui seraient jugés nécessaires à
cette exécution.
En 1858, toutes les études préparatoires étaient
terminées, l'opinion publique sur le continent et
dans les meetings de la Grande-Bretagne s'était
prononcée. Cependant le vice-roi voulut, avant d'ap-
peler les capitaux, nous envoyer encore une fois à
Constantinople pour tenir la Porte au courant de la
marche de l'entreprise. Le grand vizir Reschid-Pacha
nous fit l'accueil le plus favorable.
Réconcilié avec l'ambassade de France, il se mon-
trait désireux de secouer le joug du personnage
dont l'influence prépotente semblait décliner.
Nos pourparlers marchaient vers une solution pu-
blique lorsque survint la mort subite de Reschid-
Pacha remplacé au grand vizirat par Aali-Pacha, le
signataire de la note du 6 avril dernier.
Le nouveau grand vizir nous montrait des dispo-
sitions non moins favorables que celles de son pré-
décesseur ; mais il nous paraissait plus intimidé et
plus préoccupé de l'opposition de l'Angleterre. Il ne
demandait que des ménagements; ses protestations
étaient aussi satisfaisantes qu'on pouvait le désirer.
L'ambassadeur de France nous écrivait le 30 mars 1858
le billet suivant :
« J'ai vu Aali-Pacha et Fuad-Paeha ; je les ai trou-
vés dans les mêmes dispositions, c'est-à-dire toujours fa-
vorables au canal, et très-désireux d'établir publiquement
que la Porte n'oppose de son chef aucun obstacle à la réa-
lhation de votre grande entreprise. »
Les mêmes assurances étaient données aux ambas-
sadeurs des autres puissances qui appuyaient nos
négociations, particulièrement à ceux d'Espagne et
d'Autriche.
Dans le but de ménager la position de la Turquie
envers l'Angleterre, il fut convenu que nous n'insis-
terions pas pour obtenir un témoignage public de
l'autorisation de la Porte.
ans de réflexion, que cette autorisation a été donnée
avec précipitation ou irrégularité, la Compagnie n'a
pas à se préoccuper de ces scrupules. (Sourires.)
Mais est-il vrai que le gouvernement égyptien
ait agi irrégulièrement ou précipitamment? Est-il
vrai que dans toute sa conduite il ne se soit pas, au
contraire, plié aux nécessités de la situation où la
Porte se trouvait placée, et à l'occasion desquelles
nous devons la plaindre encore plus que la blâmer?
Est-il vrai que le vice-roi n'ait pas dû se regarder
comme autorisé, et que cette autorisation ne lui ait
pas été donnée dans la seule forme possible en face de
l'opposition et des menaces des agents anglais, qui
faisaient trembler le divan et l'empêchaient de se
livrer, en cette affaire, à ses propres penchants, à
ses propres intérêts? C'est un point de la question
assez intéressant pour que vous nous permettiez de
nous y arrêter un moment.
Deux faits invariables et permanents sont à cons-
tater au début de cet examen : l'un est l'adhésion
constante du sultan au projet du canal, l'autre est
l'opposition non moins constante de la politique an-
glaise. Ici, la succession des faits a une grande im-
portance.
Le premier acte de concession, préparatoire en
quelque sorte, est signé par le vice-roi d'Egypte le
30 novembre 1854. Ce document est communiqué of-
ficiellement par le prince aux représentants de toutes
les puissances étrangères accrédités auprès de lui,
afin qu'ils puissent lui faire connaître les observations
de leurs gouvernements. Il est en même timps ex-
pédié à Constantinople, avec les pièces à l'appui. Ni
la Porte ni les puissances ne font aucune objection;
seulement le vice-roi reçoit de la plupart d'entre elles
des félicitations chaleureuses.
Deux mois après, en février 1855, c'est-à-dire
quatre ans avant la formation de la Compagnie, nous
reçûmes, en qualité d'ami du vice-roi, la mission
d'aller nous assurer, en son nom, des véritables dispo-
sitions du sultan. Nous fûmes accueilli avec beau-
coup d'empressement et de sympathie par le grand
vizir Reschid-Pacha et par ses collègues. Le projet
du vice-roi était approuvé. En ce moment se produi-
sirent les premiers symptômes de l'opposition an-
glaise par l'intervention impérieuse de lord Strattford
de Redcliffe. La Porte, intimidée, n'osa donner une
adhésion publique, mais elle fit tout ce qu'elle pou-
vait oser.
Nous retournàmes à Alexandrie avec une lettre
approbative et encourageante écrite au vice-roi par
le grand vizir, dans laquelle le premier ministre dé-
clarait que « l'entreprise du canal était des plus utiles
et des plus intéressantes. » Il ajoutait que, « reçu par-
ticulièrement par le sultan, nous avions été de sa part
l'objet de la plus haute bienveillance. »
Fort de cette première approbation le vice-roi nous
autorisa à former une commission scientifique inter-
nationale qui,aprè3 une étude approfondie, déclara à
l'unanimité que « l'exécution du canal était facile et le
succès assuré. »
Le vice-roi s'appuyant sur cet arrêt de la science
et sur l'assentiment contenu en principe dans la let-
tre vizirielle, promulgua, le 5 janvier 1856, l'acte
définitif de concession accompagné des statuts et au-
torisant la création de la Compagnie universelle.
Ces actes furent immédiatement communiqués à
la Porte, qui ne fit aucune observation.
Le 20 juillet suivant, Son Altesse voulant assurer
l'exécution des travaux du canal maritime de Suez
(termes du décret), signait un contrat par lequel
le gouvernement égyptien s'engageait à fournir
tous les ouvriers qui seraient jugés nécessaires à
cette exécution.
En 1858, toutes les études préparatoires étaient
terminées, l'opinion publique sur le continent et
dans les meetings de la Grande-Bretagne s'était
prononcée. Cependant le vice-roi voulut, avant d'ap-
peler les capitaux, nous envoyer encore une fois à
Constantinople pour tenir la Porte au courant de la
marche de l'entreprise. Le grand vizir Reschid-Pacha
nous fit l'accueil le plus favorable.
Réconcilié avec l'ambassade de France, il se mon-
trait désireux de secouer le joug du personnage
dont l'influence prépotente semblait décliner.
Nos pourparlers marchaient vers une solution pu-
blique lorsque survint la mort subite de Reschid-
Pacha remplacé au grand vizirat par Aali-Pacha, le
signataire de la note du 6 avril dernier.
Le nouveau grand vizir nous montrait des dispo-
sitions non moins favorables que celles de son pré-
décesseur ; mais il nous paraissait plus intimidé et
plus préoccupé de l'opposition de l'Angleterre. Il ne
demandait que des ménagements; ses protestations
étaient aussi satisfaisantes qu'on pouvait le désirer.
L'ambassadeur de France nous écrivait le 30 mars 1858
le billet suivant :
« J'ai vu Aali-Pacha et Fuad-Paeha ; je les ai trou-
vés dans les mêmes dispositions, c'est-à-dire toujours fa-
vorables au canal, et très-désireux d'établir publiquement
que la Porte n'oppose de son chef aucun obstacle à la réa-
lhation de votre grande entreprise. »
Les mêmes assurances étaient données aux ambas-
sadeurs des autres puissances qui appuyaient nos
négociations, particulièrement à ceux d'Espagne et
d'Autriche.
Dans le but de ménager la position de la Turquie
envers l'Angleterre, il fut convenu que nous n'insis-
terions pas pour obtenir un témoignage public de
l'autorisation de la Porte.
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