Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-12-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 décembre 1858 10 décembre 1858
Description : 1858/12/10 (A3,N60). 1858/12/10 (A3,N60).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203106f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
f
^04 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 DÉCEMBRE.
Banquiers et agents de change, 369
- Médecins, 433
Instituteurs et professeurs, 434
Clergé, - 480
Avocats, avoués, notaires, 819
Artisans, 928
Armée, 973
Fonctionnaires publics et administrateurs, 1,309
Employés, 2,195
Commerçants et industriels, 4,763
Propriétaires et rentiers, 5,782
Professions diverses ou inconnues, 1,943
Il nous parait qu'il serait dif6cile de composer une plus re-
marquable représentation de tout ce qui, dans notre société,
lit, médite, gouverne, enseigne, prie, produit, épargne, agit,
pombat, travaille. Les instincts du peuple, les sentiments de
la classe moyenne, l'intelligence des professions libérales, la
faveur affectueuse de la religion, le patriotisme militaire, le
calme jugement du magistrat, tout cela palpite en cette ana-
lyse dans une mesure en quelque sorte proportionnelle aux
milieux représentés ; et, comme pour mêler la malice gau-
loise à la gravité de cette écrasante manifestation, tandis que
le seul M. Stephenson proteste contre la possibilité du canal
de Suez, voilà qu'en tête de la souscription, 340 mécaniciens
ou membres du corps des ponts et chaussées, 340 juges spé-
ciaux, viennent un à un, sans se concerter, ridiculiser, par
l'argument irrésistible de leur participation et de leur argent,
cette infaillibilité dont le Times consent à être le vicaire.
A côté de cette première opération analytique, une autre
observation n'est pas moins intéressante : c'est celle qui con-
siste à rechercher comment se distribuent, non plus les sou-
scripteurs, mais les actions elles-mêmes; dans quelles mains
elles vont tomber; lesquelles appartiennent aux placements
sérieux, lesquelles à la spéculation mobile ou à l'agiotage.
Quelques faits simples pourront éclairer le public là-dessus.
Sur les quotités individuellement souscrites, voici ce que nous
apprennent les états de la souscription de Paris :
Souscripteurs de 1000 actions 1
— 600 — l
— 550 — 1
— 500 — 4
— 450 — 1
— 400 — 2
— 300 — 6
— 250 — 8
— 200 — 24
— 150 — 12
— 100 — 128
- 188
D'où il résulte qu'à Paris les 188 plus gros souscripteurs,
possédant au maximum 32,000 actions, forment entre eux
une moyenne de 170 actions.
Le surplus des actions Trançàises, ou 188,000 sur 220,000,
se répartit donc entre le surplus des preneurs, soit 20,847, tous
souscripteurs de moins de 100 actions : ce qui donne une
moyenne de 9 actions par souscripteur.
De ces constatations il ressort que l'agiotage n'a ni prise ni
part dans le rôle que sont réservés à jouer sur le marché les
titres de la Compagnie universelle du canal de Suez. Ces
titres, dès avant leur délivrance, sont placés entre des mains
saines et sûres; ils n'en sortiront pas.
ERNEST DESPLACES.
AMÉNITÉS.
Il parait que le succès de la souscription au canal de Suez
a fait monter la rage à son faite parmi les serviteurs de
plume d'un vieux ministre doublement déchu. Voici comment
le Globe de Londres (30 novembre) salue cet événement :
« Les souscripteurs principaux sont des garçons de café,
qui sont trompés par les journaux qu'ils ont sous la main,
et des garçons épiciers qui sont habitués à lire des a puffs »
sur les enveloppes de leurs propres paquets.
» Le clergé a été largement victimé, et trois mille portefaix
ont réuni leurs sous pour acheter des actions.
Toute l'affaire est un vol manifeste commis au préjudice
des gens simples qui se sont laissé duper; car jamais on ne
percevra seulement un maravédi du péage d'un canal im-
possible. »
Le seul châtiment à infliger à ces ignominies, c'est de les
montrer. Rappelons que le Globe a été d'abord un très-chaud
partisan du percement de l'isthme; il déclarait alors y voir
la garantie et la moralité de l'alliance anglo-française; au-
jourd'hui il l'apostrophe dans le vocabulaire des halles. Pitié
pour cette bave écumant aux lèvres de ce que Voltaire appe-
lait piltoresquemenl : « Uu Thersite anglais, ivre de bière
forte. »
ERNEST DESPLACES.
LA COMPAGNIE DE SUEZ
ET LA MAGISTRATURE FRANÇAISE.
La souscription, comme corps, de la Chambre de com-
merce de Paris, que nous avons déjà annoncée dans ce nu-
méro, est sans exemple dans les fastes de nos entreprises in-
dustrielles , et elle est certes des plus remarquablement
honorables pour la Compagnie universelle.
D'un autre côté, la Magistrature française ne s'est point
contentée de s'associer par un grand nombre de ses membres
à la réalisation d'une des plus vives aspirations des peuples :
du haut de ces sièges d'où émane sa justice, elle a voulu aussi
décerner à l'opération un témoignage public de son appro-
bation et de -son estime.
Nous empruntons au journal le Droit du 18 novembre,
les paroles suivantes, qui ont été prononcées devant un des
tribunaux de Paris par M. Ducreux, avocat impérial, organe
du ministère public dans une poursuite financière :
« On a dit que les poursuites de la nature de celle-ci sont
» de nature à paralyser l'industrie, à arrêter les grandes
» entreprises; c'est une allégation qui n'a rien de moral et
» qui n'a rien de vrai. Au contraire, quand les actionnaires
» voient la justice poursuivre la fraude, cela ne peut que
» donner confiance aux capitaux et encourager les créations
» sérieuses comme nous en voyons beaucoup aujourd'hui, telles
» que le percement de l'isthme de Suez et d'autres, Jamais
» les condamnations qui frapperont les hommes de mauvaise
» foi n'arrêteront l'essor de l'industrie! »
Que va dire le Globe?
ERNEST DESPLACES.
L'EXÉCUTION.
Nous publions en article de fin les procès-verbaux du
Conseil supérieur des travaux, que M. Ferdinand de
^04 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 DÉCEMBRE.
Banquiers et agents de change, 369
- Médecins, 433
Instituteurs et professeurs, 434
Clergé, - 480
Avocats, avoués, notaires, 819
Artisans, 928
Armée, 973
Fonctionnaires publics et administrateurs, 1,309
Employés, 2,195
Commerçants et industriels, 4,763
Propriétaires et rentiers, 5,782
Professions diverses ou inconnues, 1,943
Il nous parait qu'il serait dif6cile de composer une plus re-
marquable représentation de tout ce qui, dans notre société,
lit, médite, gouverne, enseigne, prie, produit, épargne, agit,
pombat, travaille. Les instincts du peuple, les sentiments de
la classe moyenne, l'intelligence des professions libérales, la
faveur affectueuse de la religion, le patriotisme militaire, le
calme jugement du magistrat, tout cela palpite en cette ana-
lyse dans une mesure en quelque sorte proportionnelle aux
milieux représentés ; et, comme pour mêler la malice gau-
loise à la gravité de cette écrasante manifestation, tandis que
le seul M. Stephenson proteste contre la possibilité du canal
de Suez, voilà qu'en tête de la souscription, 340 mécaniciens
ou membres du corps des ponts et chaussées, 340 juges spé-
ciaux, viennent un à un, sans se concerter, ridiculiser, par
l'argument irrésistible de leur participation et de leur argent,
cette infaillibilité dont le Times consent à être le vicaire.
A côté de cette première opération analytique, une autre
observation n'est pas moins intéressante : c'est celle qui con-
siste à rechercher comment se distribuent, non plus les sou-
scripteurs, mais les actions elles-mêmes; dans quelles mains
elles vont tomber; lesquelles appartiennent aux placements
sérieux, lesquelles à la spéculation mobile ou à l'agiotage.
Quelques faits simples pourront éclairer le public là-dessus.
Sur les quotités individuellement souscrites, voici ce que nous
apprennent les états de la souscription de Paris :
Souscripteurs de 1000 actions 1
— 600 — l
— 550 — 1
— 500 — 4
— 450 — 1
— 400 — 2
— 300 — 6
— 250 — 8
— 200 — 24
— 150 — 12
— 100 — 128
- 188
D'où il résulte qu'à Paris les 188 plus gros souscripteurs,
possédant au maximum 32,000 actions, forment entre eux
une moyenne de 170 actions.
Le surplus des actions Trançàises, ou 188,000 sur 220,000,
se répartit donc entre le surplus des preneurs, soit 20,847, tous
souscripteurs de moins de 100 actions : ce qui donne une
moyenne de 9 actions par souscripteur.
De ces constatations il ressort que l'agiotage n'a ni prise ni
part dans le rôle que sont réservés à jouer sur le marché les
titres de la Compagnie universelle du canal de Suez. Ces
titres, dès avant leur délivrance, sont placés entre des mains
saines et sûres; ils n'en sortiront pas.
ERNEST DESPLACES.
AMÉNITÉS.
Il parait que le succès de la souscription au canal de Suez
a fait monter la rage à son faite parmi les serviteurs de
plume d'un vieux ministre doublement déchu. Voici comment
le Globe de Londres (30 novembre) salue cet événement :
« Les souscripteurs principaux sont des garçons de café,
qui sont trompés par les journaux qu'ils ont sous la main,
et des garçons épiciers qui sont habitués à lire des a puffs »
sur les enveloppes de leurs propres paquets.
» Le clergé a été largement victimé, et trois mille portefaix
ont réuni leurs sous pour acheter des actions.
Toute l'affaire est un vol manifeste commis au préjudice
des gens simples qui se sont laissé duper; car jamais on ne
percevra seulement un maravédi du péage d'un canal im-
possible. »
Le seul châtiment à infliger à ces ignominies, c'est de les
montrer. Rappelons que le Globe a été d'abord un très-chaud
partisan du percement de l'isthme; il déclarait alors y voir
la garantie et la moralité de l'alliance anglo-française; au-
jourd'hui il l'apostrophe dans le vocabulaire des halles. Pitié
pour cette bave écumant aux lèvres de ce que Voltaire appe-
lait piltoresquemenl : « Uu Thersite anglais, ivre de bière
forte. »
ERNEST DESPLACES.
LA COMPAGNIE DE SUEZ
ET LA MAGISTRATURE FRANÇAISE.
La souscription, comme corps, de la Chambre de com-
merce de Paris, que nous avons déjà annoncée dans ce nu-
méro, est sans exemple dans les fastes de nos entreprises in-
dustrielles , et elle est certes des plus remarquablement
honorables pour la Compagnie universelle.
D'un autre côté, la Magistrature française ne s'est point
contentée de s'associer par un grand nombre de ses membres
à la réalisation d'une des plus vives aspirations des peuples :
du haut de ces sièges d'où émane sa justice, elle a voulu aussi
décerner à l'opération un témoignage public de son appro-
bation et de -son estime.
Nous empruntons au journal le Droit du 18 novembre,
les paroles suivantes, qui ont été prononcées devant un des
tribunaux de Paris par M. Ducreux, avocat impérial, organe
du ministère public dans une poursuite financière :
« On a dit que les poursuites de la nature de celle-ci sont
» de nature à paralyser l'industrie, à arrêter les grandes
» entreprises; c'est une allégation qui n'a rien de moral et
» qui n'a rien de vrai. Au contraire, quand les actionnaires
» voient la justice poursuivre la fraude, cela ne peut que
» donner confiance aux capitaux et encourager les créations
» sérieuses comme nous en voyons beaucoup aujourd'hui, telles
» que le percement de l'isthme de Suez et d'autres, Jamais
» les condamnations qui frapperont les hommes de mauvaise
» foi n'arrêteront l'essor de l'industrie! »
Que va dire le Globe?
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