Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-12-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 décembre 1858 10 décembre 1858
Description : 1858/12/10 (A3,N60). 1858/12/10 (A3,N60).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203106f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
VENDREDI 10 DÉCEMBRE. JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. #08
Sur les 400,000 actions entre lesquelles se subdivise
le fonds universel, la France en a souscrit 220,000;
sur les 200 million5 nécessaires à l'accomplissement de
l'œuvre, elle s'engage pour 110 millions. -
Sa part dans la répartition internationale dn capital
était de 40 millions, Elle a donc près de trois fois dé.
passé son contingent.
Elle a porté son tribut à la masse et à l'utilité com-
munes pour les pauvres, les inintelligents, et même pour
les ennemis.
Elle a eu le grand esprit de se montrer à la fois ma-
gnanime dans ses actes et entendue dans ses affaires.
Mais le trait le plus saillant de cette page de son
histoire, c'est le caractère individuel de sa souscription.
Jamais elle n'a plus sensiblement manifesté son unité
morale et la, propension de toutes ses classes à se fusion-
ner dans le bien d'une noble pensée. Ses princes, ses
administrateurs, ses magistrats, son clergé, son armée,
ses hommes d'affaires, ses rentiers, ses propriétaires,
ses travailleurs de tous les ordres, se sont donné, sur
ces listes positives, comme un tacite rendez-vous d'en-
tente et d'émulation. Pendant vingt-cinq jours, plus de
20,000 souscripteurs ont formé la continuité de ce large
courant. 20,000 souscripteurs pour la France seulement!
C'est encore un privilége qui distingue la souscription à
la Compagnie de Suez, de toutes les souscriptions euro-
péennes jusqu'ici proposées au public.
Mais la France et l'Europe, dans ce succès de leurs
ressources et de leurs capitaux combinés, n'ont pas
uniquement ces mutuelles félicitations à échanger. Cer-
tains orgueils se plaisaient à croire et aimaient à accré-
diter que le continent, par ses seules facultés, n'était
point capable de constituer une grande entreprise; en
un mot, qu'il ne pouvait rien tenter de considérable en
ce genre sans une assistance insulaire. Pour le cas spé-
cial, le percement de l'isthme n'était pas possible sans
la permission de l'or anglais. C'était un préjugé qui,
sur le continent lui-même, ne manquait pas d'autorité.
Or, le jour où le continent a couvert la souscription, la
France et l'Europe ont inscrit sur le frontispice du canal
de Suez le certificat de leur indépendance financière et
de la liberté de leur énergie industrielle.
Maintenant, ne l'oublions jamais, la Compagnie uni-
verselle doit être ce qu'elle était; elle doit rester fidèle
à son origine et à son titre. Elle ne représente exclu-
sivement aucune nationalité; elle est la négation de
toute espèce de préférence; elle est l'expression et la
dépositaire d'un progrès humain. Quelles que soient la
proportion et la diversité des concours qui lui viennent
des différentes parties du globe, elle ne doit connaître
dans l'impartialité de ses actes ni premiers ni derniers.
Elle est l'auxiliaire des intérêts de tous. Dans son do-
maine, tous les peuples, toutes les races, ne doivent
former qu'une seule communauté : la communauté des
affaires , la communauté des échanges.
Les souscripteurs viennent de lire la noble et simple
lettre de M. Ferdinand de Lesseps. Que pourrions-nous
ajouter à ce programme, à ces engagements d'un hon-
nête homme? Quel besoin de commenier cette volonté
à la fois prudente et inébranlable, qui sait si bien
marquer son but, tracer sa route, préparer, mûrir et
hàter les résultats ?..
Cette Compagnie, dont'le nom, comme l'indiquait
d'avance le Journal des Débats, est désormais Légion,
et dont les membres sont accourus de toutes les couches
de l'ordre social autour du promoteur du projet avec
tant de résolution confiante, qui l'ont pris pour leur
mandataire et se sont faits ses collaborateurs, elle est
incontestablement animée de l'esprit qui lui a donné la
cohésion et la vie. Cet esprit, c'est la tenue dans la pour-
suite du dessein, la persévérance dans le travail, la
défiance de l'agiotage, la circonspection du père de
famille, la solidité des entreprises longuement médi-
tées et fortement conduites. Que les souscripteurs se
serrent et se maintiennent sous le drapeau commun t
et l'époque n'est pas éloignée où ils pourront mon-
trer aux gains faciles, mais éphémères, ce que peuvent
produire pour l'intérêt et public et privé la persistance,
l'ensemble et la laborieuse probité.
La Compagnie universelle du canal de Suez sera une
puissante et prospère association.
A l'ceuvre donc, sous les auspices de la paix et de la
concorde!' Déjà dans deux ans l'ouverture réalisée de
l'isthme aura confondu ses contradicteurs, comme le
succès de la souscription a démenti les faux prophètes
qui prédisaient sa chute par l'abstention des capitaux.
ERNEST DESPLACES.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE PARIS
SOCIÉTAIRE DU CANAL DE 8UE2.
Mardi dernier, 30 novembre, jour de la clôture de
la souscription, M. Germain Thibaut, président de la
Chambre de commerce de Paris, d'après une réso-
lution votée la veille, est venu lui-même inscrire cette
Chambre au nombre des souscripteurs de la Compagnie
universelle.
ERNEST DESPLACES.
COUP D'OEIL STATISTIQUE SUR LA SOUSCRIPTION.
Les listes de souscriptions de la Compagnie universelle sont
certainement une des plus curieuses études que l'on puisse
faire sur l'état moral, intellectuel, économique de la France.
Elles révèlent les ressources qu'on y peut trouver dans la
disponibilité des petits capitaux, lorsqu'on sait se concilier leur
confiance et toucher aux fibres qui les remuent.
Nous ne pouvons aujourd'hui présenter que quelques aper-
çus. Nous aurons à coup sûr l'occasion de les compléter.
Les souscripteurs français forment une masse jusqu'ici
connue de 21,035 personnes.
Cette masse se distribue ainsi parmi les différentes classes
de la population.
Mécaniciens, 91'
Ponts et chaussées, 249
Magistrature, 267
Sur les 400,000 actions entre lesquelles se subdivise
le fonds universel, la France en a souscrit 220,000;
sur les 200 million5 nécessaires à l'accomplissement de
l'œuvre, elle s'engage pour 110 millions. -
Sa part dans la répartition internationale dn capital
était de 40 millions, Elle a donc près de trois fois dé.
passé son contingent.
Elle a porté son tribut à la masse et à l'utilité com-
munes pour les pauvres, les inintelligents, et même pour
les ennemis.
Elle a eu le grand esprit de se montrer à la fois ma-
gnanime dans ses actes et entendue dans ses affaires.
Mais le trait le plus saillant de cette page de son
histoire, c'est le caractère individuel de sa souscription.
Jamais elle n'a plus sensiblement manifesté son unité
morale et la, propension de toutes ses classes à se fusion-
ner dans le bien d'une noble pensée. Ses princes, ses
administrateurs, ses magistrats, son clergé, son armée,
ses hommes d'affaires, ses rentiers, ses propriétaires,
ses travailleurs de tous les ordres, se sont donné, sur
ces listes positives, comme un tacite rendez-vous d'en-
tente et d'émulation. Pendant vingt-cinq jours, plus de
20,000 souscripteurs ont formé la continuité de ce large
courant. 20,000 souscripteurs pour la France seulement!
C'est encore un privilége qui distingue la souscription à
la Compagnie de Suez, de toutes les souscriptions euro-
péennes jusqu'ici proposées au public.
Mais la France et l'Europe, dans ce succès de leurs
ressources et de leurs capitaux combinés, n'ont pas
uniquement ces mutuelles félicitations à échanger. Cer-
tains orgueils se plaisaient à croire et aimaient à accré-
diter que le continent, par ses seules facultés, n'était
point capable de constituer une grande entreprise; en
un mot, qu'il ne pouvait rien tenter de considérable en
ce genre sans une assistance insulaire. Pour le cas spé-
cial, le percement de l'isthme n'était pas possible sans
la permission de l'or anglais. C'était un préjugé qui,
sur le continent lui-même, ne manquait pas d'autorité.
Or, le jour où le continent a couvert la souscription, la
France et l'Europe ont inscrit sur le frontispice du canal
de Suez le certificat de leur indépendance financière et
de la liberté de leur énergie industrielle.
Maintenant, ne l'oublions jamais, la Compagnie uni-
verselle doit être ce qu'elle était; elle doit rester fidèle
à son origine et à son titre. Elle ne représente exclu-
sivement aucune nationalité; elle est la négation de
toute espèce de préférence; elle est l'expression et la
dépositaire d'un progrès humain. Quelles que soient la
proportion et la diversité des concours qui lui viennent
des différentes parties du globe, elle ne doit connaître
dans l'impartialité de ses actes ni premiers ni derniers.
Elle est l'auxiliaire des intérêts de tous. Dans son do-
maine, tous les peuples, toutes les races, ne doivent
former qu'une seule communauté : la communauté des
affaires , la communauté des échanges.
Les souscripteurs viennent de lire la noble et simple
lettre de M. Ferdinand de Lesseps. Que pourrions-nous
ajouter à ce programme, à ces engagements d'un hon-
nête homme? Quel besoin de commenier cette volonté
à la fois prudente et inébranlable, qui sait si bien
marquer son but, tracer sa route, préparer, mûrir et
hàter les résultats ?..
Cette Compagnie, dont'le nom, comme l'indiquait
d'avance le Journal des Débats, est désormais Légion,
et dont les membres sont accourus de toutes les couches
de l'ordre social autour du promoteur du projet avec
tant de résolution confiante, qui l'ont pris pour leur
mandataire et se sont faits ses collaborateurs, elle est
incontestablement animée de l'esprit qui lui a donné la
cohésion et la vie. Cet esprit, c'est la tenue dans la pour-
suite du dessein, la persévérance dans le travail, la
défiance de l'agiotage, la circonspection du père de
famille, la solidité des entreprises longuement médi-
tées et fortement conduites. Que les souscripteurs se
serrent et se maintiennent sous le drapeau commun t
et l'époque n'est pas éloignée où ils pourront mon-
trer aux gains faciles, mais éphémères, ce que peuvent
produire pour l'intérêt et public et privé la persistance,
l'ensemble et la laborieuse probité.
La Compagnie universelle du canal de Suez sera une
puissante et prospère association.
A l'ceuvre donc, sous les auspices de la paix et de la
concorde!' Déjà dans deux ans l'ouverture réalisée de
l'isthme aura confondu ses contradicteurs, comme le
succès de la souscription a démenti les faux prophètes
qui prédisaient sa chute par l'abstention des capitaux.
ERNEST DESPLACES.
LA CHAMBRE DE COMMERCE DE PARIS
SOCIÉTAIRE DU CANAL DE 8UE2.
Mardi dernier, 30 novembre, jour de la clôture de
la souscription, M. Germain Thibaut, président de la
Chambre de commerce de Paris, d'après une réso-
lution votée la veille, est venu lui-même inscrire cette
Chambre au nombre des souscripteurs de la Compagnie
universelle.
ERNEST DESPLACES.
COUP D'OEIL STATISTIQUE SUR LA SOUSCRIPTION.
Les listes de souscriptions de la Compagnie universelle sont
certainement une des plus curieuses études que l'on puisse
faire sur l'état moral, intellectuel, économique de la France.
Elles révèlent les ressources qu'on y peut trouver dans la
disponibilité des petits capitaux, lorsqu'on sait se concilier leur
confiance et toucher aux fibres qui les remuent.
Nous ne pouvons aujourd'hui présenter que quelques aper-
çus. Nous aurons à coup sûr l'occasion de les compléter.
Les souscripteurs français forment une masse jusqu'ici
connue de 21,035 personnes.
Cette masse se distribue ainsi parmi les différentes classes
de la population.
Mécaniciens, 91'
Ponts et chaussées, 249
Magistrature, 267
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