Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-12-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 décembre 1858 10 décembre 1858
Description : 1858/12/10 (A3,N60). 1858/12/10 (A3,N60).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203106f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2012
602 L'ISTHME DE SUEZ, VENDREDI 10 DÉCEMBRE.
grandes influences financières était moins nécessaire que
dans une compagnie autrement constituée.
Les intérêts de 5 p. 100 assurés aux souscripteurs,
et qui ont été prévus dans le budget des dépenses de
l'entreprise avec autant de justice et de droit qu'on a
dû calculer le prix des journées des travailleurs dont les
bras creuseront le canal, courront à partir du 1er janvier
prochain. D'ici là, le conseil d'administration sera ap-
pelé à fixer la date de l'appel de fonds destiné à com-
pléter le versement des deux cinquièmes du capital, et
il lui sera proposé de faire échanger dès le 1er mars les
récépissés nominatifs provisoires contre des titres au
porteur.
Je ne crois pas me tromper en disant que le premier
coup de pioche qui sera donné sur le tracé du canal,
aura dans le monde entier un long retentissement. Ce
sera le signal d'un nouveau rapprochement des peuples,
d'un immense progrès moral et matériel auquel je suis
heureux de voir mon pays contribuer le plus lar-
gement.
Le résultat ne se fera pas, d'ailleurs, très-longtemps
attendre. J'avais réuni pendant la durée de la souscrip-
tion un conseil des travaux, qui a examiné dans tous
leurs détails les projets d'exécution. Les noms des
membres de ce conseil suffisent pour donner la plus
grande autorité à leurs délibérations. Je vous remets-les
procès-verbaux de leurs séances. Ils constatent qu'en
moins de deux ans, et avec une dépense de moins de
15 millions de fr., un passage sera ouvert à une partie
de la navigation, entre la Méditerranée et la mer Rouge,
Une telle promptitude d'exécution sera doublement
satisfaisante, en ce qu'elle tranchera bientôt victorieu-
sement la question de l'ouverture de l'isthme, et en ce
qu'elle donnera une rémunération rapide aux capitaux
engagés dans l'entreprise.
Telle est la situation de l'affaire. Elle est des plus
nettes et procède par les moyens les plus simples. En
allant droit à mon but, je m'appuie sur une force qui,
je l'espère, ne me manquera pas.
La sympathie publique ne m'a pas été seulement ac-
quise à cause de la grandeur de l'œuvre dont je suis
l'humble et persévérant serviteur, mais surtout parce
que le public a toujours été initié à chacune des phases
de l'entreprise, qu'il la suit pas à pas, et qu'elle n'a
point de mystère pour lui. L'œuvre du canal de Suez con-
tinuera à puiser sa force dans la publicité de tous ses
actes.
Je ne me départirai pas de la règle qui m'a fait ob-
tenir le succès, et c'est avec cette disposition que je vous
prie de publier ma lettre : j'ajoute que je serai constam-
ment prêt à répondre à ceux des souscripteurs qui au-
raient quelques éclaircissements à obtenir : ils sont
assurés qu'aucune question sérieuse ne restera sans
examen, soit qu'ils s'adressent directement à moi, soit
qu'ils soumettent leurs observations aux agents de la
Compagnie dans les départements ou à l'étranger.
Agréez, etc.
■$L FERD. DE LESSEPS.
MORALITÉS DE LA SOUSCRIPTION.
La souscription est close; elle a couvert le fonds
social.
Aux termes des articles 21 de l'acte de concession et
4 des statuts, la Compagnie universelle est constituée
par le fait accompli de la formation de son capital.
Les actes se préparent en l'étude d'un des principaux
notaires de Paris, pour constater et le plein effet de la
souscription et cette constitution définitive.
Quant au chiffre total des demandes effectuées et à
son influence sur la prochaine répartition, il ne peut
être complétement arrêté qu'après l'entière connaissance
du résultat des souscriptions ouvertes dans les pays
étrangers.
Ces résultats ne peuvent pas être transmis et totalisés
à l'administration centrale avant le 15 de ce mois.
Ces détails, d'ailleurs, ne sont plus qu'un accessoire.
Toute la grandeur de l'issue, toute la portée de l'évé-
nement, sont dans ces simples mots :—Le capital social
est couvert.
Nous pouvons donc avec joie célébrer, dès à présent,
l'inauguration d'une autre ère pour une entreprise qui
sera la gloire du siècle et qui, de l'état de projet, vient de
monter à toute sa capacité matérielle et morale d'exé-
cution.
Ainsi, pour la première fois, ce vaste problème est
résolu, de l'association financière et pacifique des com-
munautés civilisées pour la réalisation d'un grand objet
d'utilité universelle.
Le principe est posé; sa praticabilité est démontrée;
quelles promesses, quelle semence, quel précédent pour
l'avenir !
Notre époque, qui a vu tant de merveilles, n'a, selon
nous, rien fait de plus beau, de plus fécond et d'un carac-
tère plus généreusement philosophique.
Elle devra cet honneur, sans pareil jusqu'ici, aux
souscripteurs de toutes les nations qui forment désor-
mais la Compagnie du canal de Suez.
Ils ont ouvert de nouveaux horizons aux applications
de l'alliance des intérêts et des idées dans l'humanité.
Ils prouveront, par l'expérience, que l'égoïsme et la
jalousie ne sont pas seulement des vices, mais qu'ils
sont aussi de mauvais calculs.
Dans ce noble concours, la France, nous pouvons lui
rendre cet hommage sans blesser aucune susceptibilité,
la France a su dignement maintenir le rang que ses
traditions, ses élans de cœur et tous ses souvenirs lui
alignent dans le monde. Sa vive intelligence a prompte-
ment aperçu la fécondité du projet; elle l'a nourri de
ses sympathies ; elle l'a soutenu de tous ses modes d'adhé-
sion; elle l'a propagé, popularisé par ses écrivains; elle
a tendu à tous les hommes de bonne ou de mauvaise
volonté la main de la conciliation et de l'égalité; tra-
vailler pour tous, n'est-ce point travailler pour elle? Elle
a été calme, modeste, réservée; et quand le moment est
venu de passer du sentiment à l'action, elle a prouvé
combien sa foi était une foi sincère. -
grandes influences financières était moins nécessaire que
dans une compagnie autrement constituée.
Les intérêts de 5 p. 100 assurés aux souscripteurs,
et qui ont été prévus dans le budget des dépenses de
l'entreprise avec autant de justice et de droit qu'on a
dû calculer le prix des journées des travailleurs dont les
bras creuseront le canal, courront à partir du 1er janvier
prochain. D'ici là, le conseil d'administration sera ap-
pelé à fixer la date de l'appel de fonds destiné à com-
pléter le versement des deux cinquièmes du capital, et
il lui sera proposé de faire échanger dès le 1er mars les
récépissés nominatifs provisoires contre des titres au
porteur.
Je ne crois pas me tromper en disant que le premier
coup de pioche qui sera donné sur le tracé du canal,
aura dans le monde entier un long retentissement. Ce
sera le signal d'un nouveau rapprochement des peuples,
d'un immense progrès moral et matériel auquel je suis
heureux de voir mon pays contribuer le plus lar-
gement.
Le résultat ne se fera pas, d'ailleurs, très-longtemps
attendre. J'avais réuni pendant la durée de la souscrip-
tion un conseil des travaux, qui a examiné dans tous
leurs détails les projets d'exécution. Les noms des
membres de ce conseil suffisent pour donner la plus
grande autorité à leurs délibérations. Je vous remets-les
procès-verbaux de leurs séances. Ils constatent qu'en
moins de deux ans, et avec une dépense de moins de
15 millions de fr., un passage sera ouvert à une partie
de la navigation, entre la Méditerranée et la mer Rouge,
Une telle promptitude d'exécution sera doublement
satisfaisante, en ce qu'elle tranchera bientôt victorieu-
sement la question de l'ouverture de l'isthme, et en ce
qu'elle donnera une rémunération rapide aux capitaux
engagés dans l'entreprise.
Telle est la situation de l'affaire. Elle est des plus
nettes et procède par les moyens les plus simples. En
allant droit à mon but, je m'appuie sur une force qui,
je l'espère, ne me manquera pas.
La sympathie publique ne m'a pas été seulement ac-
quise à cause de la grandeur de l'œuvre dont je suis
l'humble et persévérant serviteur, mais surtout parce
que le public a toujours été initié à chacune des phases
de l'entreprise, qu'il la suit pas à pas, et qu'elle n'a
point de mystère pour lui. L'œuvre du canal de Suez con-
tinuera à puiser sa force dans la publicité de tous ses
actes.
Je ne me départirai pas de la règle qui m'a fait ob-
tenir le succès, et c'est avec cette disposition que je vous
prie de publier ma lettre : j'ajoute que je serai constam-
ment prêt à répondre à ceux des souscripteurs qui au-
raient quelques éclaircissements à obtenir : ils sont
assurés qu'aucune question sérieuse ne restera sans
examen, soit qu'ils s'adressent directement à moi, soit
qu'ils soumettent leurs observations aux agents de la
Compagnie dans les départements ou à l'étranger.
Agréez, etc.
■$L FERD. DE LESSEPS.
MORALITÉS DE LA SOUSCRIPTION.
La souscription est close; elle a couvert le fonds
social.
Aux termes des articles 21 de l'acte de concession et
4 des statuts, la Compagnie universelle est constituée
par le fait accompli de la formation de son capital.
Les actes se préparent en l'étude d'un des principaux
notaires de Paris, pour constater et le plein effet de la
souscription et cette constitution définitive.
Quant au chiffre total des demandes effectuées et à
son influence sur la prochaine répartition, il ne peut
être complétement arrêté qu'après l'entière connaissance
du résultat des souscriptions ouvertes dans les pays
étrangers.
Ces résultats ne peuvent pas être transmis et totalisés
à l'administration centrale avant le 15 de ce mois.
Ces détails, d'ailleurs, ne sont plus qu'un accessoire.
Toute la grandeur de l'issue, toute la portée de l'évé-
nement, sont dans ces simples mots :—Le capital social
est couvert.
Nous pouvons donc avec joie célébrer, dès à présent,
l'inauguration d'une autre ère pour une entreprise qui
sera la gloire du siècle et qui, de l'état de projet, vient de
monter à toute sa capacité matérielle et morale d'exé-
cution.
Ainsi, pour la première fois, ce vaste problème est
résolu, de l'association financière et pacifique des com-
munautés civilisées pour la réalisation d'un grand objet
d'utilité universelle.
Le principe est posé; sa praticabilité est démontrée;
quelles promesses, quelle semence, quel précédent pour
l'avenir !
Notre époque, qui a vu tant de merveilles, n'a, selon
nous, rien fait de plus beau, de plus fécond et d'un carac-
tère plus généreusement philosophique.
Elle devra cet honneur, sans pareil jusqu'ici, aux
souscripteurs de toutes les nations qui forment désor-
mais la Compagnie du canal de Suez.
Ils ont ouvert de nouveaux horizons aux applications
de l'alliance des intérêts et des idées dans l'humanité.
Ils prouveront, par l'expérience, que l'égoïsme et la
jalousie ne sont pas seulement des vices, mais qu'ils
sont aussi de mauvais calculs.
Dans ce noble concours, la France, nous pouvons lui
rendre cet hommage sans blesser aucune susceptibilité,
la France a su dignement maintenir le rang que ses
traditions, ses élans de cœur et tous ses souvenirs lui
alignent dans le monde. Sa vive intelligence a prompte-
ment aperçu la fécondité du projet; elle l'a nourri de
ses sympathies ; elle l'a soutenu de tous ses modes d'adhé-
sion; elle l'a propagé, popularisé par ses écrivains; elle
a tendu à tous les hommes de bonne ou de mauvaise
volonté la main de la conciliation et de l'égalité; tra-
vailler pour tous, n'est-ce point travailler pour elle? Elle
a été calme, modeste, réservée; et quand le moment est
venu de passer du sentiment à l'action, elle a prouvé
combien sa foi était une foi sincère. -
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