Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1858-06-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 juin 1858 10 juin 1858
Description : 1858/06/10 (A3,N48). 1858/06/10 (A3,N48).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203094p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/10/2012
M L'ISTHME DE SUEZ, JEUDI 10 JUIN.
NOUVELLES MANOEUVRES DES ADtERSAIRES.
DU CANAL DE SUEZ.
Un journal allemand, qui est très-favorable au projet
du canal de Suez, publiait récemment l'extrait suivant
d'une correspondance datée de Constantinople, le
6 mai :
« Quelque désirable que soit le percement de l'isthme de
Suez, dans l'intérêt du commerce de l'Europe avec l'Orient,
la Porte ne donnera jamais de plein gré son consentement.
Naguère on a cru que l'influence anglaise toute seule em-
pêchait une décision ; mais c'était par erreur que l'on croyait
trouver dans la mauvaise disposition de l'un le résultat des
efforts de l'autre. La Porte a rejeté complétement tous les
projets, et ce serait s'abandonner à des illusions que de
prendre au sérieux les rusés discours des fonctionnaires
turcs. L'antipathie des Turcs contre le canal est basée sur
des préoccupations religieuses. Ils craignent qu'en facilitant
par le moyen du canal l'entrée de l'Arabie avec ses villes
saintes et ses monuments religieux, on ne porte un coup
irréparable au mahométisme. Le canal établi, ils voient déjà
les villes de la Mecque et de Médine, avec le tombeau du
prophète, tomber aux mains des infidèles, ce qui serait à leur
avis le coup de grâce de la foi mahométane. Les Turcs ne
consentiront donc jamais spontanément à l'ouverture de
l'isthme, et l'influence de l'ambassadeur français fût-elle
même plus prononcée qu'elle ne l'est, il ne pourrait en im-
poser aux Turcs par des manières brusques et absolues; il
ne saurait que produire le contraire de ce qu'il voudrait; car
la Porte n'ignore pas que le désaccord des grandes puissances
est sa meilleure garantie. Il faut y ajouter les différends an-
térieurs par suite desquels la Porte a été obligée d'annuler
les élections de la Moldavie, bien que l'Autriche et l'Angle-
terre fussent de son côté. La nouvelle que la concession du
canal avait été accordée doit être attribuée à un malentendu;
le consul d'Angleterre à Alexandrie, induit en erreur par
une lettre particulière, ayant fait des ouvertures sur ce
sujet au Vice-roi d'Égypte, elle fut reconnue fausse lorsque
l'on prit des informations à Constantinople. Mais à l'heure
qu'il est, on élève dans les cercles compétents la question de
savoir si le consentement de la Porte est bien indispensable,
et l'on insistera certainement sur une réponse négative. »
Il faut vraiment être bien peu au courant de la situa-
tion à Constantinople pour accueillir de semblables ren-
seignements, ou même pour les inventer avec quelque
espoir de les faire admettre par la crédulité la plus
aveugle. Personne n'ignore que la Porte est très-sincère-
ment disposée à donner la ratification, et que c'est la
pression seule de l'Angleterre qui l'en empêche. Prêter
à la Porte des craintes religieuses pour les villes saintes
de l'Arabie, c'est une hypothèse fort originale, mais
parfaitement fausse. On dirait vraiment que l'Europe va
faire une croisade pour éteindre le mahométisme dans
son foyer, comme jadis elle a fait des croisades pour dé-
livrer le tombeau du Christ. Les ministres turcs sont
trop éclairés pour avoir la moindre appréhension, et
c'est une assez pauvre plaisanterie que de la leur sup-
poser.
Ce qu'on veut, en publiant des articles de. ce genre,
c'est d'inspirer au Divan des scrupules qu'il n'a pas; et
ce n'est là qu'une de ces manœuvres du genre de celles
que nous avons signalées récemment, et qui consistent à
fabriquer de fausses nouvelles. La crainte pieuse qu'on
attribue à la Porte va de pair avec la lettre supposée de
Héchid-Pacha, l^démarche supposée de l'ambassadeur
français et le blàme supposé de la Porte contre S. A. le
Vice-roi d'Egypte. Tout cela est également faux, et les
journaux qui veulent du bien au canal de Suez devraient
se tenir sur leurs gardes, et ne pas répéter des bruits
aussi peu fondés et aussi malvcillants,
ERNEST DESPLACES.
L'AXNÉE SCIENTIFIQUE DE M. LOUIS FIGUIER
ET LE CANAL DE SUEZ (1).
M. Louis Figuier a consacré un excellent article au
canal de Suez, dans son recueil bien connu, intitulé :
1JAnnée scientifique (de la page 139 à la page 150) ; et
cette fois il s'est surtout occupé du premier rapport de
M. le baron Charles Dupin. Ce document si grave méri-
tait en effet toute l'attention des savants; et M. Louis
Figuier n'a pas manqué de lui donner une place dans
la revue si intéressante qu'il consacre tous les ans aux
a principales inventions et applications de la science qui
« ont attiré l'attention publique en France et à l'étran-
» ger. «
C'est surtout à la comparaison du canal maritime de
Suez avec les autres voies de communication proposées
pour le combattre que M. Louis Figuier s'est attaché, en
prenant pour guide le rapport de M. Ch. Dupin. Il exa-
mine donc successivement ce qu'on peut attendre du
chemin de fer qui déjà traverse l'Egypte d'Alexandrie à
Suez, et du chemin de l'Euphrate de Souédié à Basso-
rah ; et enfin il reprend la grande et vieille question de
la navigation par le cap de Bonne-Espérance.
M. Louis Figuier n'a pas de peine à démontrer tous les
inconvénients et les dépenses qu'entraînent deux trans-
bordements à Alexandrie et à Suez. Les avaries subies
par les marchandises sont considérables ; et de plus, la
responsabilité n'existe plus lorsque la marchandise passe
par tant de mains. Le chemin de fer égyptien a son uti-
lité ; mais il ne peut faire concurrence au canal mari-
time, parce qu'il ne peut le suppléer.
Quant au chemin de fer de l'Euphrate, cette vérité est
plus évidente encore ; mais nous ne ra ppelons pas la dis-
cussion de M. Louis Figuier, puisque aujourd'hui ce pro-
jet conçu contre le canal de Suez est abandonné. Nos
lecteurs savent d'ailleurs que nous n'avons jamais con-
sidéré le chemin de l'Euphrate comme une concuirence
à notre entreprise, bien que dans la pensée de ceux qui
le soutenaient, cette voie lerree, à travers les déserts de
la Alésopotamie, fut destinée à remplacer l'ouverture de
l'isthme de Suez.
Enfin, quant à la navigation par le cap de Bonne-Es-
pérance, AL Louis Figuier rappelle l'énorme abiéviation
de distance que procurera le canal de Suez, et cette con-
1^1) vAnnée scientifique et industrielle, deuxième annee. cbez L. Hachette et C.,
rue l'ierre-Sana in , n° 14, l$â8, 1 vol. in-18 de 510 pages.
NOUVELLES MANOEUVRES DES ADtERSAIRES.
DU CANAL DE SUEZ.
Un journal allemand, qui est très-favorable au projet
du canal de Suez, publiait récemment l'extrait suivant
d'une correspondance datée de Constantinople, le
6 mai :
« Quelque désirable que soit le percement de l'isthme de
Suez, dans l'intérêt du commerce de l'Europe avec l'Orient,
la Porte ne donnera jamais de plein gré son consentement.
Naguère on a cru que l'influence anglaise toute seule em-
pêchait une décision ; mais c'était par erreur que l'on croyait
trouver dans la mauvaise disposition de l'un le résultat des
efforts de l'autre. La Porte a rejeté complétement tous les
projets, et ce serait s'abandonner à des illusions que de
prendre au sérieux les rusés discours des fonctionnaires
turcs. L'antipathie des Turcs contre le canal est basée sur
des préoccupations religieuses. Ils craignent qu'en facilitant
par le moyen du canal l'entrée de l'Arabie avec ses villes
saintes et ses monuments religieux, on ne porte un coup
irréparable au mahométisme. Le canal établi, ils voient déjà
les villes de la Mecque et de Médine, avec le tombeau du
prophète, tomber aux mains des infidèles, ce qui serait à leur
avis le coup de grâce de la foi mahométane. Les Turcs ne
consentiront donc jamais spontanément à l'ouverture de
l'isthme, et l'influence de l'ambassadeur français fût-elle
même plus prononcée qu'elle ne l'est, il ne pourrait en im-
poser aux Turcs par des manières brusques et absolues; il
ne saurait que produire le contraire de ce qu'il voudrait; car
la Porte n'ignore pas que le désaccord des grandes puissances
est sa meilleure garantie. Il faut y ajouter les différends an-
térieurs par suite desquels la Porte a été obligée d'annuler
les élections de la Moldavie, bien que l'Autriche et l'Angle-
terre fussent de son côté. La nouvelle que la concession du
canal avait été accordée doit être attribuée à un malentendu;
le consul d'Angleterre à Alexandrie, induit en erreur par
une lettre particulière, ayant fait des ouvertures sur ce
sujet au Vice-roi d'Égypte, elle fut reconnue fausse lorsque
l'on prit des informations à Constantinople. Mais à l'heure
qu'il est, on élève dans les cercles compétents la question de
savoir si le consentement de la Porte est bien indispensable,
et l'on insistera certainement sur une réponse négative. »
Il faut vraiment être bien peu au courant de la situa-
tion à Constantinople pour accueillir de semblables ren-
seignements, ou même pour les inventer avec quelque
espoir de les faire admettre par la crédulité la plus
aveugle. Personne n'ignore que la Porte est très-sincère-
ment disposée à donner la ratification, et que c'est la
pression seule de l'Angleterre qui l'en empêche. Prêter
à la Porte des craintes religieuses pour les villes saintes
de l'Arabie, c'est une hypothèse fort originale, mais
parfaitement fausse. On dirait vraiment que l'Europe va
faire une croisade pour éteindre le mahométisme dans
son foyer, comme jadis elle a fait des croisades pour dé-
livrer le tombeau du Christ. Les ministres turcs sont
trop éclairés pour avoir la moindre appréhension, et
c'est une assez pauvre plaisanterie que de la leur sup-
poser.
Ce qu'on veut, en publiant des articles de. ce genre,
c'est d'inspirer au Divan des scrupules qu'il n'a pas; et
ce n'est là qu'une de ces manœuvres du genre de celles
que nous avons signalées récemment, et qui consistent à
fabriquer de fausses nouvelles. La crainte pieuse qu'on
attribue à la Porte va de pair avec la lettre supposée de
Héchid-Pacha, l^démarche supposée de l'ambassadeur
français et le blàme supposé de la Porte contre S. A. le
Vice-roi d'Egypte. Tout cela est également faux, et les
journaux qui veulent du bien au canal de Suez devraient
se tenir sur leurs gardes, et ne pas répéter des bruits
aussi peu fondés et aussi malvcillants,
ERNEST DESPLACES.
L'AXNÉE SCIENTIFIQUE DE M. LOUIS FIGUIER
ET LE CANAL DE SUEZ (1).
M. Louis Figuier a consacré un excellent article au
canal de Suez, dans son recueil bien connu, intitulé :
1JAnnée scientifique (de la page 139 à la page 150) ; et
cette fois il s'est surtout occupé du premier rapport de
M. le baron Charles Dupin. Ce document si grave méri-
tait en effet toute l'attention des savants; et M. Louis
Figuier n'a pas manqué de lui donner une place dans
la revue si intéressante qu'il consacre tous les ans aux
a principales inventions et applications de la science qui
« ont attiré l'attention publique en France et à l'étran-
» ger. «
C'est surtout à la comparaison du canal maritime de
Suez avec les autres voies de communication proposées
pour le combattre que M. Louis Figuier s'est attaché, en
prenant pour guide le rapport de M. Ch. Dupin. Il exa-
mine donc successivement ce qu'on peut attendre du
chemin de fer qui déjà traverse l'Egypte d'Alexandrie à
Suez, et du chemin de l'Euphrate de Souédié à Basso-
rah ; et enfin il reprend la grande et vieille question de
la navigation par le cap de Bonne-Espérance.
M. Louis Figuier n'a pas de peine à démontrer tous les
inconvénients et les dépenses qu'entraînent deux trans-
bordements à Alexandrie et à Suez. Les avaries subies
par les marchandises sont considérables ; et de plus, la
responsabilité n'existe plus lorsque la marchandise passe
par tant de mains. Le chemin de fer égyptien a son uti-
lité ; mais il ne peut faire concurrence au canal mari-
time, parce qu'il ne peut le suppléer.
Quant au chemin de fer de l'Euphrate, cette vérité est
plus évidente encore ; mais nous ne ra ppelons pas la dis-
cussion de M. Louis Figuier, puisque aujourd'hui ce pro-
jet conçu contre le canal de Suez est abandonné. Nos
lecteurs savent d'ailleurs que nous n'avons jamais con-
sidéré le chemin de l'Euphrate comme une concuirence
à notre entreprise, bien que dans la pensée de ceux qui
le soutenaient, cette voie lerree, à travers les déserts de
la Alésopotamie, fut destinée à remplacer l'ouverture de
l'isthme de Suez.
Enfin, quant à la navigation par le cap de Bonne-Es-
pérance, AL Louis Figuier rappelle l'énorme abiéviation
de distance que procurera le canal de Suez, et cette con-
1^1) vAnnée scientifique et industrielle, deuxième annee. cbez L. Hachette et C.,
rue l'ierre-Sana in , n° 14, l$â8, 1 vol. in-18 de 510 pages.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.79%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.79%.
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 22/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203094p/f22.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203094p/f22.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203094p/f22.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203094p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203094p
Facebook
Twitter