Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-09-10
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 10 septembre 1856 10 septembre 1856
Description : 1856/09/10 (A1,N6). 1856/09/10 (A1,N6).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6202051m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 95
Présent fort modérés, puisqu'ils ne dépassent jamais
3 pour 100, et que même ils sont le plus souvent liori-
zontaux ; mais de la station 11 à la station 12, la route
S élève longtemps d'une manière fort sensible, et de
P "s elle court sur un fond sablonneux, ce qui en rend
e Parcours difficile. De la station 12 à la station 13 , la
oute s'abaisse d'une manière aussi sensible, et suit
Jusqu au fort Argerout le lit desséché d'un torrent qui,
à l'époque des grands orages, fort rares d'ailleurs, se
Précipite des gorges profondes de l'Attaka, et se diri-
geant au sud vers le golfe de Suez, se jette dans la mer
tollge à l'ouest et à 5,600 mètres de cette ville. Ce
Errent, qui ressemble assez aux torrents de nos mon-
des, a de temps immémorial formé des atterrissc-
nients coniques, dont les couches les plus légères, com-
posées en grande partie de limon, envahirent la mer
Rouge à l'endroit où Moïse la passa jadis à pied sec, et
a refoulèrent peu à peu hors du bassin des Lacs-Amers.
Au sortir de la gorge, on remarque dans le lit de ce
'orront de grands entassements de pierres roulées d'es-
pèces diverses , où pourtant la chaux domine. Peu à peu
les entassements diminuent, se transforment ensuite en
gravier, plus tard en sable; et, comme il a déjà été dit,
il n'y a que le limon que le torrent puisse de temps en
tenlpS chasser jusqu'à la mer Rouge. Mais cela n'arrive
que très-rarement, parce que souvent dans la contrée
de Suez il ne tombe pas une seule goutte d'eau plusieurs
années de suite, et la pluie qui vient par hasard à tom-
ber est rarement assez forte pour que l'action du torrent
Se fasse sentir en mer.
Depuis la station 14 jusqu'à Suez, la grande route est
etablie sur des dépôts du torrent desséchés et facile à
Parcourir.
Sur toute la route du Caire à Suez on ne rencontre pas
un seul pont, pas même un canal d'écoulement, parce
qu'il n'y a d'eau nulle part, et que l'eau de pluie, qui
banque souvent des années entières, s'écoule par les
fossés latéraux dans les bas-fonds , ou même par mo-
ments passe par-dessus la route. C'est du Nil près du
Caire qu'on charrie l'eau à l'usage de la plupart des
Quinze relais de poste et pour abreuver les chevaux.
A l'exception des relais et des écuries, on ne ren-
contre pas un seul édifice sur toute la route. Il n'y a
quc le fort Argerout en bon état de conservation et avec
garnison ; il se trouve vis-à-vis de la station 14.
De la station 5 à la station 13 , la route parcourt une
espèce de désert entre les chaînes de montagnes Giaffra
et Gebel Awebet, puis Amat Anesan , Méchubé, IVaban
et les ramifications de l'Attaka. C'est une vallée morne
et déserte, dépourvue de toute végétation.
Entre le Caire et Suez, on ne rencontre guère que cinq
OU six petits arbres solitaires et rabougris; autrement
Pas un buisson, pas de gazon, pas une seule petite
fleur. Cependant en traversant le pays, la Commission
aperçut non loin de la station 10 quelques perdrix du
désert qui paissaient sur les talus de la route. A cette
époque, une tribu de Bédouins nomades avait également
établi son camp en cet endroit.
C'est dans un pareil désert, sur la crête du Giaffra,
près de Dar-el-Beida, au nord et vis-à-vis de la station 8,
que le prédécesseur du vice-roi actuel, Abbas-Pacha
avait fait construire à grands frais une résidence gran-
diose avec des dépendances très-étendues et des ca-
sernes; constructions dont personne ne pouvait s'expli-
quer le but, puisque l'eau pour abreuver un seul che-
val revenait à sept piastres jpar jour, que dans une
pareille contrée pas un brin d'herbe, pas une fleur ne
venait réjouir la vue, pas un arbre n'offrait son ombre
protectrice contre les ardeurs du soleil. Mais à peine le
vice-roi eut-il cessé de vivre, que tous les travaux furent
suspendus; et maintenant ces grands édifices sont là
déserts et abandonnés avant même d'être terminés. Les
Bédouins, qui enlèvent à leur gré tout ce qu'ils y trou-
vent de bois ou de fer, en auront bientôt fait un mon-
ceau de ruines, empiétant ainsi sur les ravages du
temps.
Le service entre le Caire et Suez se fait par des omni-
bus à quatre roues , et des fourgons à deux roues appar-
tenant à la Société du transit. Ces voitures attelées de
quatre chevaux vont si vite qu'on fait la route en douze
heures. Mais il faut qu'elles soient d'une construction
bien solide, pour résister aux cahots occasionnés par
les trous qui se forment çà et là sur la route, sans être
jamais réparés par personne.
Du reste, ces voitures ne servent qu'au transport des
voyageurs et des marchandises à grande vitesse, le
transport proprement dit des marchandises se faisant
toujours au moyen de chameaux, qui d'ordinaire font
en trois jours la route du Caire à Suez par le désert.
Ces convois de chameaux, on en rencontre partout,
comme on en voit traverser le désert dans toutes les
directions.
Le pauvre animal, surchargé jusqu'à succomber sous
son fardeau, va silencieux et résigné, à côté de l'Arabe
toujours bruyant, toujours querellant. Ce n'est que quand
on le charge, qu'il tourne en beuglant son long cou
vers son bourreau, comme pour protester contre un
fardeau au-dessus de ses forces. Beuglements inutiles!
A peine chargés, les chameaux sont attachés l'un à
l'autre, il faut partir. Mais les innombrables carcasses
de chameau blanchies par le soleil qui jonchent et,
pour ainsi dire, jalonnent la route, ne prouvent que
trop que ce beuglement-là n'était point de la poltron-
nerie.
Pendant notre voyage du Caire à Suez, nous avons vu
jusqu'à trois chameaux fraîchement tombés; et innom-
brables étaient les carcasses qui, à demi dévorées pen-
dant la nuit par les bêtes du désert, affectaient désa-
gréablement non-seulement la vue, déjà lasse de la
solitude, mais encore l'odorat.
Les ânes et les chevaux, à l'exception de ceux qui
sont destinés au service du transit, sont peu en usage,
à cause de la difficulté de les nourrir. Les droma-
daires bien montés font souvent au trot en douze heures
tout le trajet de Suez au Caire.
Nous avons encore à remarquer qu'entre les stations
4 et 11 on trouve de très-beaux cailloux de jaspe et de
chalcédoine, et que le voyageur peut en faire une col-
Présent fort modérés, puisqu'ils ne dépassent jamais
3 pour 100, et que même ils sont le plus souvent liori-
zontaux ; mais de la station 11 à la station 12, la route
S élève longtemps d'une manière fort sensible, et de
P "s elle court sur un fond sablonneux, ce qui en rend
e Parcours difficile. De la station 12 à la station 13 , la
oute s'abaisse d'une manière aussi sensible, et suit
Jusqu au fort Argerout le lit desséché d'un torrent qui,
à l'époque des grands orages, fort rares d'ailleurs, se
Précipite des gorges profondes de l'Attaka, et se diri-
geant au sud vers le golfe de Suez, se jette dans la mer
tollge à l'ouest et à 5,600 mètres de cette ville. Ce
Errent, qui ressemble assez aux torrents de nos mon-
des, a de temps immémorial formé des atterrissc-
nients coniques, dont les couches les plus légères, com-
posées en grande partie de limon, envahirent la mer
Rouge à l'endroit où Moïse la passa jadis à pied sec, et
a refoulèrent peu à peu hors du bassin des Lacs-Amers.
Au sortir de la gorge, on remarque dans le lit de ce
'orront de grands entassements de pierres roulées d'es-
pèces diverses , où pourtant la chaux domine. Peu à peu
les entassements diminuent, se transforment ensuite en
gravier, plus tard en sable; et, comme il a déjà été dit,
il n'y a que le limon que le torrent puisse de temps en
tenlpS chasser jusqu'à la mer Rouge. Mais cela n'arrive
que très-rarement, parce que souvent dans la contrée
de Suez il ne tombe pas une seule goutte d'eau plusieurs
années de suite, et la pluie qui vient par hasard à tom-
ber est rarement assez forte pour que l'action du torrent
Se fasse sentir en mer.
Depuis la station 14 jusqu'à Suez, la grande route est
etablie sur des dépôts du torrent desséchés et facile à
Parcourir.
Sur toute la route du Caire à Suez on ne rencontre pas
un seul pont, pas même un canal d'écoulement, parce
qu'il n'y a d'eau nulle part, et que l'eau de pluie, qui
banque souvent des années entières, s'écoule par les
fossés latéraux dans les bas-fonds , ou même par mo-
ments passe par-dessus la route. C'est du Nil près du
Caire qu'on charrie l'eau à l'usage de la plupart des
Quinze relais de poste et pour abreuver les chevaux.
A l'exception des relais et des écuries, on ne ren-
contre pas un seul édifice sur toute la route. Il n'y a
quc le fort Argerout en bon état de conservation et avec
garnison ; il se trouve vis-à-vis de la station 14.
De la station 5 à la station 13 , la route parcourt une
espèce de désert entre les chaînes de montagnes Giaffra
et Gebel Awebet, puis Amat Anesan , Méchubé, IVaban
et les ramifications de l'Attaka. C'est une vallée morne
et déserte, dépourvue de toute végétation.
Entre le Caire et Suez, on ne rencontre guère que cinq
OU six petits arbres solitaires et rabougris; autrement
Pas un buisson, pas de gazon, pas une seule petite
fleur. Cependant en traversant le pays, la Commission
aperçut non loin de la station 10 quelques perdrix du
désert qui paissaient sur les talus de la route. A cette
époque, une tribu de Bédouins nomades avait également
établi son camp en cet endroit.
C'est dans un pareil désert, sur la crête du Giaffra,
près de Dar-el-Beida, au nord et vis-à-vis de la station 8,
que le prédécesseur du vice-roi actuel, Abbas-Pacha
avait fait construire à grands frais une résidence gran-
diose avec des dépendances très-étendues et des ca-
sernes; constructions dont personne ne pouvait s'expli-
quer le but, puisque l'eau pour abreuver un seul che-
val revenait à sept piastres jpar jour, que dans une
pareille contrée pas un brin d'herbe, pas une fleur ne
venait réjouir la vue, pas un arbre n'offrait son ombre
protectrice contre les ardeurs du soleil. Mais à peine le
vice-roi eut-il cessé de vivre, que tous les travaux furent
suspendus; et maintenant ces grands édifices sont là
déserts et abandonnés avant même d'être terminés. Les
Bédouins, qui enlèvent à leur gré tout ce qu'ils y trou-
vent de bois ou de fer, en auront bientôt fait un mon-
ceau de ruines, empiétant ainsi sur les ravages du
temps.
Le service entre le Caire et Suez se fait par des omni-
bus à quatre roues , et des fourgons à deux roues appar-
tenant à la Société du transit. Ces voitures attelées de
quatre chevaux vont si vite qu'on fait la route en douze
heures. Mais il faut qu'elles soient d'une construction
bien solide, pour résister aux cahots occasionnés par
les trous qui se forment çà et là sur la route, sans être
jamais réparés par personne.
Du reste, ces voitures ne servent qu'au transport des
voyageurs et des marchandises à grande vitesse, le
transport proprement dit des marchandises se faisant
toujours au moyen de chameaux, qui d'ordinaire font
en trois jours la route du Caire à Suez par le désert.
Ces convois de chameaux, on en rencontre partout,
comme on en voit traverser le désert dans toutes les
directions.
Le pauvre animal, surchargé jusqu'à succomber sous
son fardeau, va silencieux et résigné, à côté de l'Arabe
toujours bruyant, toujours querellant. Ce n'est que quand
on le charge, qu'il tourne en beuglant son long cou
vers son bourreau, comme pour protester contre un
fardeau au-dessus de ses forces. Beuglements inutiles!
A peine chargés, les chameaux sont attachés l'un à
l'autre, il faut partir. Mais les innombrables carcasses
de chameau blanchies par le soleil qui jonchent et,
pour ainsi dire, jalonnent la route, ne prouvent que
trop que ce beuglement-là n'était point de la poltron-
nerie.
Pendant notre voyage du Caire à Suez, nous avons vu
jusqu'à trois chameaux fraîchement tombés; et innom-
brables étaient les carcasses qui, à demi dévorées pen-
dant la nuit par les bêtes du désert, affectaient désa-
gréablement non-seulement la vue, déjà lasse de la
solitude, mais encore l'odorat.
Les ânes et les chevaux, à l'exception de ceux qui
sont destinés au service du transit, sont peu en usage,
à cause de la difficulté de les nourrir. Les droma-
daires bien montés font souvent au trot en douze heures
tout le trajet de Suez au Caire.
Nous avons encore à remarquer qu'entre les stations
4 et 11 on trouve de très-beaux cailloux de jaspe et de
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