Presse et revues
26 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1856-06-25
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 25 juin 1856 25 juin 1856
Description : 1856/06/25 (A1,N1). 1856/06/25 (A1,N1).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62020469
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
12 L'ISTHME DE SUEZ,
Aucun homme n'a la puissance de créer hors de propos
ces .grands mouvements des intérêts ou des esprits. Mais
lorsqu'ils se sont mis en marche, ils sont irrésistibles ;
il n'y a plus qu'à les reconnaître et à les suivre.
Les plus hautes spécialités de la science ont tenu à
honneur de porter à l'œuvre que nous venons servir le
tribut de leur savante expérience.
Pour la première fois, le public a souscrit des actions
au Caire, à Beyrouth, à Constantinople, à Smyrne.
Pour la première fois, l'Orient a formé une association
commerciale et industrielle avec l'Occident.
La voix de la presse a été le précurseur et l'interprète
de la voix des peuples.
Cependant quelques dissentiments en très-petit nom-
bre ont un instant troublé cette entente presque una-
nime.
Les uns portaient non sur l'utilité et la grandeur de
l'entreprise, mais sur les plans de l'exécution, sur le
choix des lignes que devait traverser le canal. Les au-
tres plus isolés encore soutenaient soit l'impossibilité,
soit l'inutilité de l'entreprise. Plutarque a écrit un traité
sur le parti qu'on peut tirer de ses ennemis. A Dieu ne
plaise que nous donnions cet injuste nom à d'honorables
contradicteurs dont les travaux ont été distingués, et dont
les objections elles-mêmes ont servi à éclairer et à faire
marcher la question. Oui, le percement de l'isthme de
Suez leur devra aussi leur part de remerciments et de
gratitude; il était bon et opportun que la critique vint
aussi lui proposer publiquement ses doutes à lever, ses
problèmes à résoudre. Les chimères seules ou les mau-
vaises conceptions perdent à être examinées ou appro-
fondies. Les projets sérieux, pratiques et bien conçus se
renforcent au contraire et grandissent dans la discussion.
Sans élargir le cercle des études déjà faites, la contra-
diction y a cherché le germe des difficulté 's qu'elle pré-
voyait ou qu'elle supposait. Nous osons dire que les
objections qui ont été produites ont été loin d'ébranler
la conviction et la confiance du monde savant et du
monde commercial.
Les contestations sur les avantages et les préférences
entre les tracés se sont élevées plus spécialement en
France. On y est unanime quanf aux immenses bienfaits
de l'exécution en elle-même. Les hésitations sur la pos-
sibilité de l'entreprise et sur son avenir financier se sont
particulièrement exprimées en Angleterre. Non certes
que les sympathies aient manqué en Angleterre plus
qu'ailleurs aux généreux desseins du vice-roi. Le peuple
anglais, la presse anglaise, dans leur incontestable bon
sens, ont apprécié du premier coup d'œil ce que l'ou-
verture de l'isthme devait communiquer de développe-
ment et d'essor à la première puissance maritime et
industrielle du globe.
Nommer à Londres la Compagnie royale des Indes,
c'est nommer la plus haute expression collective des
intérêts maritimes et coloniaux de ce grand pays.
Dans une sphère de prépondérance moins étendue,
placée à la tête d'une de ces vastes organisations de
paquebots par lesquelles le génie de la vapeur a jeté
comme un réseau sur toutes les lignes des mers, la
Compagnie Péninsulaire et Orientale tient aussi une place
importante dans l'expression des sentiments anglais. Ces
deux puissantes associations ont compris l'avenir que
l'ouverture de l'isthme de Suez réservait aux relations
de leur patrie, et elles ont fait la déclaration officielle
de leur opinion, en l'adressant au directeur de la Com-
pagnie universelle du canal des Deux Mers.
Après en avoir délibéré, la cour des directeurs de la
Compagnie des Indes exprime son avis par l'organe de
son secrétaire.
« J'ai ordre de vous informer, relativement à votre
» importante entreprise, que la cour portera toujours
» un profond intérêt à toute tentative qui pourra faciliter
11 les moyens de communication entré ce pays et les
11 Indes.
» Signe : J. V. DICKENSON. »
La lettre du directeur de la Compagnie Péninsulaire
et Orientale est encore plus explicite :
« L'importance des résultats attachés à la jonction
D de la Méditerranée et de la mer Rouge par un canal
v navigable est si évidente (so patent), qu'il ne peut pas
» exister deux opinions sur cette affaire; et, si le projet
» peut être conduit à une heureuse issue, notre Compa-,
» gniedoit nécessairement participer aux avantages qu'il
» produira pour le commerce non-seulement de notre
« pays, mais encore du monde entier. )
Il nous reste à résumer, dans la mesure d'un cadre
restreint, la part de concours que chacun des organes
principaux de la publicité européenne a apportée dans
l'œuvre commune. Nous remplirons ce devoir dans notre
prochain numéro, et nous nous attacherons à conserver
dans l'avenir avec la presse de tous les pays ces bonnes
traditions de confraternité et de bienveillance.
ERNEST DESPLACES.
ÉTUDES SUR L'ADMINISTRATION ÉGYPTIENNE.
Nous avons l'intention de présenter dans une suite
d'articles une étude assez étendue sur l'état actuel de
l'administration égyptienne. Nous ne remonterons pas
au gouvernement de Méhémet-Ali, ni même à celui
d'Abbas-Pacha; nous nous occuperons exclusivement de
la situation des choses depuis que S. A. Mohammed-Saïd
est monté au pouvoir. Nous croyons que la connaissance
exacte de ces faits importe beaucoup à tous ceux qui,
dans le monde, s'intéressent à notre grande entre-
prise.
Le gouvernement nouveau de l'Égypte a pris de-
puis deux ans une foule de mesures de la plus haute
gravité, qui ne sont pas suffisamment connues en Eu-
rope. Nous en citons quelques-unes : l'abolition de l'es-
clavage, la suppression des douanes intérieures, le dé-
grèvement des villages exonérés de tout l'arriéré, la
liberté du commerce substituée pour les fellahs au mo-
nopole, le payement de l'impôt en argent au lieu du
Aucun homme n'a la puissance de créer hors de propos
ces .grands mouvements des intérêts ou des esprits. Mais
lorsqu'ils se sont mis en marche, ils sont irrésistibles ;
il n'y a plus qu'à les reconnaître et à les suivre.
Les plus hautes spécialités de la science ont tenu à
honneur de porter à l'œuvre que nous venons servir le
tribut de leur savante expérience.
Pour la première fois, le public a souscrit des actions
au Caire, à Beyrouth, à Constantinople, à Smyrne.
Pour la première fois, l'Orient a formé une association
commerciale et industrielle avec l'Occident.
La voix de la presse a été le précurseur et l'interprète
de la voix des peuples.
Cependant quelques dissentiments en très-petit nom-
bre ont un instant troublé cette entente presque una-
nime.
Les uns portaient non sur l'utilité et la grandeur de
l'entreprise, mais sur les plans de l'exécution, sur le
choix des lignes que devait traverser le canal. Les au-
tres plus isolés encore soutenaient soit l'impossibilité,
soit l'inutilité de l'entreprise. Plutarque a écrit un traité
sur le parti qu'on peut tirer de ses ennemis. A Dieu ne
plaise que nous donnions cet injuste nom à d'honorables
contradicteurs dont les travaux ont été distingués, et dont
les objections elles-mêmes ont servi à éclairer et à faire
marcher la question. Oui, le percement de l'isthme de
Suez leur devra aussi leur part de remerciments et de
gratitude; il était bon et opportun que la critique vint
aussi lui proposer publiquement ses doutes à lever, ses
problèmes à résoudre. Les chimères seules ou les mau-
vaises conceptions perdent à être examinées ou appro-
fondies. Les projets sérieux, pratiques et bien conçus se
renforcent au contraire et grandissent dans la discussion.
Sans élargir le cercle des études déjà faites, la contra-
diction y a cherché le germe des difficulté 's qu'elle pré-
voyait ou qu'elle supposait. Nous osons dire que les
objections qui ont été produites ont été loin d'ébranler
la conviction et la confiance du monde savant et du
monde commercial.
Les contestations sur les avantages et les préférences
entre les tracés se sont élevées plus spécialement en
France. On y est unanime quanf aux immenses bienfaits
de l'exécution en elle-même. Les hésitations sur la pos-
sibilité de l'entreprise et sur son avenir financier se sont
particulièrement exprimées en Angleterre. Non certes
que les sympathies aient manqué en Angleterre plus
qu'ailleurs aux généreux desseins du vice-roi. Le peuple
anglais, la presse anglaise, dans leur incontestable bon
sens, ont apprécié du premier coup d'œil ce que l'ou-
verture de l'isthme devait communiquer de développe-
ment et d'essor à la première puissance maritime et
industrielle du globe.
Nommer à Londres la Compagnie royale des Indes,
c'est nommer la plus haute expression collective des
intérêts maritimes et coloniaux de ce grand pays.
Dans une sphère de prépondérance moins étendue,
placée à la tête d'une de ces vastes organisations de
paquebots par lesquelles le génie de la vapeur a jeté
comme un réseau sur toutes les lignes des mers, la
Compagnie Péninsulaire et Orientale tient aussi une place
importante dans l'expression des sentiments anglais. Ces
deux puissantes associations ont compris l'avenir que
l'ouverture de l'isthme de Suez réservait aux relations
de leur patrie, et elles ont fait la déclaration officielle
de leur opinion, en l'adressant au directeur de la Com-
pagnie universelle du canal des Deux Mers.
Après en avoir délibéré, la cour des directeurs de la
Compagnie des Indes exprime son avis par l'organe de
son secrétaire.
« J'ai ordre de vous informer, relativement à votre
» importante entreprise, que la cour portera toujours
» un profond intérêt à toute tentative qui pourra faciliter
11 les moyens de communication entré ce pays et les
11 Indes.
» Signe : J. V. DICKENSON. »
La lettre du directeur de la Compagnie Péninsulaire
et Orientale est encore plus explicite :
« L'importance des résultats attachés à la jonction
D de la Méditerranée et de la mer Rouge par un canal
v navigable est si évidente (so patent), qu'il ne peut pas
» exister deux opinions sur cette affaire; et, si le projet
» peut être conduit à une heureuse issue, notre Compa-,
» gniedoit nécessairement participer aux avantages qu'il
» produira pour le commerce non-seulement de notre
« pays, mais encore du monde entier. )
Il nous reste à résumer, dans la mesure d'un cadre
restreint, la part de concours que chacun des organes
principaux de la publicité européenne a apportée dans
l'œuvre commune. Nous remplirons ce devoir dans notre
prochain numéro, et nous nous attacherons à conserver
dans l'avenir avec la presse de tous les pays ces bonnes
traditions de confraternité et de bienveillance.
ERNEST DESPLACES.
ÉTUDES SUR L'ADMINISTRATION ÉGYPTIENNE.
Nous avons l'intention de présenter dans une suite
d'articles une étude assez étendue sur l'état actuel de
l'administration égyptienne. Nous ne remonterons pas
au gouvernement de Méhémet-Ali, ni même à celui
d'Abbas-Pacha; nous nous occuperons exclusivement de
la situation des choses depuis que S. A. Mohammed-Saïd
est monté au pouvoir. Nous croyons que la connaissance
exacte de ces faits importe beaucoup à tous ceux qui,
dans le monde, s'intéressent à notre grande entre-
prise.
Le gouvernement nouveau de l'Égypte a pris de-
puis deux ans une foule de mesures de la plus haute
gravité, qui ne sont pas suffisamment connues en Eu-
rope. Nous en citons quelques-unes : l'abolition de l'es-
clavage, la suppression des douanes intérieures, le dé-
grèvement des villages exonérés de tout l'arriéré, la
liberté du commerce substituée pour les fellahs au mo-
nopole, le payement de l'impôt en argent au lieu du
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