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MAGASIN PITTORESQUE.
5
plusieurs dessins, parmi lesquels le plus répandu,
mais le plus médiocre,est celui de K[œber;Ieph)s
ferme de lignes et le plus ressemblant, celui de
Letronne, un artiste français qui se trouvait à
Vienne en 18t4, et dont le nom devait recevoir
une nouvelle illustration par les travaux de son
fils, le célèbre archéologue, professeur au Collège
de France.
Pour compléter la série des effigies de Beetho-
ven il faut encore citer un dessin de la Ruelle, un
médaillon de Gatteaux frappé à Paris en 1829, un
portrait de Jseger mentionné par Breuning, mais
qui m'est inconnu, une demi-douzaine de gravures
relevées par Nottebohm, et
une lithographie de Teycek,
faite à Prague en 1841. Cette
curieuse estampe, dont mon
ami Charles Lamoureux
possède un bel exemplaire,
est un portrait en pied. De-
bout dans une attitude mé-
ditative, le regard mi peu
vague, Beethoven est vêtu
d'une redingote et d'un pan-
talon à sous-pieds; un jabot
s'échappe d'un gilet étroit
moulé sur la poitrine; le
chapeau, rejeté en arrière,
laisse à découvert la crinière
grisonnante; les mains sont
croisées derrière le dos et
tiennent un papier de mu-
sique les pieds, sur les-
quels le pantalon déborde
jusqu'à la pointe, paraissent
chaussés d'escarpins ou de
souliers à guêtres.
Enfin, pour ne rien ou-
blier d'essentiel, il faut men-
tionner deux masques en
plâtre, l'un fait par Klein, du vivant de Beethoven,
en l'autre moulé sur les traits inanimés du
maître par le sculpteur Danhauser, le 28 mars
't827, et d'après lequel, Fortuny a fait une eau-
forte remarquable.
S'il fallait choisir, parmi les originaux que nous
venons de passer en revue, celui dont la ressem-
blance offre le plus de garantie, on serait embar-
rassé entre le dessin de Letronne et le portrait de
Schimon.
Mais il existe un dernier portrait fait du vivant
de Beethoven dont Schindler n'a pas eu connais-
sance et qui nous semble défier toute comparai-
son, c'est une charmante miniature du peintre
Horneman exécutée en 1802, précisément à l'é-
poque ou les traits de Beethoven nous paraissent
ie plus intéressants à connaître.
Ce portrait, dont l'heureux possesseur est le
docteur Gérard von Breuning, le fils de l'ami d'en-
fance de Beethoven, vient de nous être révélé tout
récemment par une excellente reproduction pho-
)!t'eth(jVtina['.)!t'dctn'nte-deuxan.s.–U':)pt't-s
unennniaturndcttomeman.
élégance dans les mouvements, mais une vivacité
singu!iére que Beethoven garda toujours, alors
même que sa surdité semblait lui commander l'in-
quiète et prudente réserve des infirmés.
Dans la rue, l'originalité de sa physionomie, le
dëbraiilé de son costume, négligé toujours, mal-
propre jamais, arrêtaient le regard et sollici-
taient les gavroches viennois à lui lancer leurs
quolibets aiguisés par l'argot pittoresque des bords
du Danube.
Il portait ordinairement un habit à la française,
bleu de couleur ou vert sombre, constellé de grands
boutons de cuivre.
Sur ce vêtement, de nuance sévère, éclatait. la note
claire de la cravate et du gilet, d'une blancheur ir-
réprochable, rayée seulement par le ruban noir de
son binocle, que sa myopie rendait indispensable.
Son chapeau de feutre, qu'il rejetait fortement
en arrit'-re n'en pouvant supporter la pression sur
son front gonflé de pensées, était en collision per-
pétuelie avec le collet de son habit, raide et très
tographique. Il présente un cachet de vérité qui
frappe à la première inspection.
C'est bien la le Beethoven tel que nous l'ont fait
connaitre les témoignages de tous ses contempo-
rains. Une tête musculeuse, haute en couleur, dont
les traits frustes étaient accentués par les stig-
mates de la petite vérole; sur le crâne, solide
comme la voûte d'une cathédrale, la végétation
touffue d'une chevelure rétive et désordonnée; le
front largement épanoui, des yeux étincelants dont
ta flamme vous pénétrait avec le frisson que donne
l'acier; le nez épais et palpitant des fauves; la
bouche ferme et bien close, meublée pourtant de
dents éblouissantes, et le
menton carré, reposant en
sa force sur la triple spirale
d'une cravate blanche, dans
laquelle le col était empri-
sonné par la mode.
Quant à sa stature, nous
savons .pertinemment que
ce grand homme était d'as-
sez petite taille, plutôt au-
dessous qu'au-dessus de la
moyenne. Mais son appa-
rence était celle d'un homme
fortement bàti. On sentait
sous la fermeté des chairs
une charpente solide trahis-
sant ses puissantes attaches
par l'épaisseur des articu-
lations. Ses jambes s'ap-
puyaient sur le sol avec la
massivité des colonnes, et
ses doigts gros et poilus, si
lestes à courir sur le clavier,
étaient carrés par le bout
et écourtés comme si on les
avait coupés au tranchant
de la hache. Du reste, nulle
5
plusieurs dessins, parmi lesquels le plus répandu,
mais le plus médiocre,est celui de K[œber;Ieph)s
ferme de lignes et le plus ressemblant, celui de
Letronne, un artiste français qui se trouvait à
Vienne en 18t4, et dont le nom devait recevoir
une nouvelle illustration par les travaux de son
fils, le célèbre archéologue, professeur au Collège
de France.
Pour compléter la série des effigies de Beetho-
ven il faut encore citer un dessin de la Ruelle, un
médaillon de Gatteaux frappé à Paris en 1829, un
portrait de Jseger mentionné par Breuning, mais
qui m'est inconnu, une demi-douzaine de gravures
relevées par Nottebohm, et
une lithographie de Teycek,
faite à Prague en 1841. Cette
curieuse estampe, dont mon
ami Charles Lamoureux
possède un bel exemplaire,
est un portrait en pied. De-
bout dans une attitude mé-
ditative, le regard mi peu
vague, Beethoven est vêtu
d'une redingote et d'un pan-
talon à sous-pieds; un jabot
s'échappe d'un gilet étroit
moulé sur la poitrine; le
chapeau, rejeté en arrière,
laisse à découvert la crinière
grisonnante; les mains sont
croisées derrière le dos et
tiennent un papier de mu-
sique les pieds, sur les-
quels le pantalon déborde
jusqu'à la pointe, paraissent
chaussés d'escarpins ou de
souliers à guêtres.
Enfin, pour ne rien ou-
blier d'essentiel, il faut men-
tionner deux masques en
plâtre, l'un fait par Klein, du vivant de Beethoven,
en l'autre moulé sur les traits inanimés du
maître par le sculpteur Danhauser, le 28 mars
't827, et d'après lequel, Fortuny a fait une eau-
forte remarquable.
S'il fallait choisir, parmi les originaux que nous
venons de passer en revue, celui dont la ressem-
blance offre le plus de garantie, on serait embar-
rassé entre le dessin de Letronne et le portrait de
Schimon.
Mais il existe un dernier portrait fait du vivant
de Beethoven dont Schindler n'a pas eu connais-
sance et qui nous semble défier toute comparai-
son, c'est une charmante miniature du peintre
Horneman exécutée en 1802, précisément à l'é-
poque ou les traits de Beethoven nous paraissent
ie plus intéressants à connaître.
Ce portrait, dont l'heureux possesseur est le
docteur Gérard von Breuning, le fils de l'ami d'en-
fance de Beethoven, vient de nous être révélé tout
récemment par une excellente reproduction pho-
)!t'eth(jVtina['.)!t'dctn'nte-deuxan.s.–U':)pt't-s
unennniaturndcttomeman.
élégance dans les mouvements, mais une vivacité
singu!iére que Beethoven garda toujours, alors
même que sa surdité semblait lui commander l'in-
quiète et prudente réserve des infirmés.
Dans la rue, l'originalité de sa physionomie, le
dëbraiilé de son costume, négligé toujours, mal-
propre jamais, arrêtaient le regard et sollici-
taient les gavroches viennois à lui lancer leurs
quolibets aiguisés par l'argot pittoresque des bords
du Danube.
Il portait ordinairement un habit à la française,
bleu de couleur ou vert sombre, constellé de grands
boutons de cuivre.
Sur ce vêtement, de nuance sévère, éclatait. la note
claire de la cravate et du gilet, d'une blancheur ir-
réprochable, rayée seulement par le ruban noir de
son binocle, que sa myopie rendait indispensable.
Son chapeau de feutre, qu'il rejetait fortement
en arrit'-re n'en pouvant supporter la pression sur
son front gonflé de pensées, était en collision per-
pétuelie avec le collet de son habit, raide et très
tographique. Il présente un cachet de vérité qui
frappe à la première inspection.
C'est bien la le Beethoven tel que nous l'ont fait
connaitre les témoignages de tous ses contempo-
rains. Une tête musculeuse, haute en couleur, dont
les traits frustes étaient accentués par les stig-
mates de la petite vérole; sur le crâne, solide
comme la voûte d'une cathédrale, la végétation
touffue d'une chevelure rétive et désordonnée; le
front largement épanoui, des yeux étincelants dont
ta flamme vous pénétrait avec le frisson que donne
l'acier; le nez épais et palpitant des fauves; la
bouche ferme et bien close, meublée pourtant de
dents éblouissantes, et le
menton carré, reposant en
sa force sur la triple spirale
d'une cravate blanche, dans
laquelle le col était empri-
sonné par la mode.
Quant à sa stature, nous
savons .pertinemment que
ce grand homme était d'as-
sez petite taille, plutôt au-
dessous qu'au-dessus de la
moyenne. Mais son appa-
rence était celle d'un homme
fortement bàti. On sentait
sous la fermeté des chairs
une charpente solide trahis-
sant ses puissantes attaches
par l'épaisseur des articu-
lations. Ses jambes s'ap-
puyaient sur le sol avec la
massivité des colonnes, et
ses doigts gros et poilus, si
lestes à courir sur le clavier,
étaient carrés par le bout
et écourtés comme si on les
avait coupés au tranchant
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