Titre : Cosmos : revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des sciences / fondée... par M. B. R. de Monfort ; rédigée par M. l'abbé Moigno
Éditeur : [B. R. de Monfort] (Paris)
Éditeur : A. TramblayA. Tramblay (Paris)
Éditeur : bureaux du Cosmosbureaux du Cosmos (Paris)
Date d'édition : 1869-06-05
Contributeur : Moigno, François (1804-1884). Rédacteur
Contributeur : Monfort, Benito R. de (18..-18..). Directeur de publication
Contributeur : Meunier, Victor (1817-1903). Directeur de publication
Contributeur : Meunier, Stanislas (1843-1925). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32749351k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1809 Nombre total de vues : 1809
Description : 05 juin 1869 05 juin 1869
Description : 1869/06/05 (T4,A18,N23). 1869/06/05 (T4,A18,N23).
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : Art de l'ingénieur Collection numérique : Corpus : Art de l'ingénieur
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51143482p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-46242-46279
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/11/2022
COSMOS.
617
LE PRIVILEGE DE LA LIBERTÉ ET LA LIBERTÉ DU PRIVILÈGE
NUE ) EN MATIÈRE D’ENSEIGNEMENT.
ddp 7. ‘
1 r > . ' I
) Le Cosmos a cité, dans son précédent numéro, un professeur
de mathématiques (M. Rouget) à qui vient d’être refusée l'au-
torisation de faire rue Gerson un cours gratuit d’algèbre. — On
sait que le petit édifice de la rue Gerson est le siège de l'ensei-
gnement libre autorisé, protégé et surveillé par le ministre de
l’instruction publique.
Après le cas de M. Rouget, nous avons mentionné celui d’un
géologue qui, ayant fait une demande analogue à celle du pro
fesseur de mathématiques, a été moins heureux encore que ce
lui-ci, puisqu’il n’a pas même obtenu un refus, et qu’on l’a
simplement planté là après lui avoir fait subir les déplacements
et les interrogations auxquels s’expose naturellement l’homme
instruit et dévoué qui demande l’autorisation de distribuer
gratis aux ignorants son temps, son savoir et son éloquence.
Ce géologue peut se regarder comme moins bien partagé que
M. Rouget, car il est évident que le refus exprimé, qui dispense
un pétitionnaire d’une attente inutile, a un avantage marqué
(sans compter le mérite de la politesse) sur le refus non ex
primé, qu’à la longue, après toutes sortes d’hésitations anxieu
ses, le même pétitionnaire se voit, quoi qu’il en ait, obligé de
déduire du silence gardé par un noble chef de bureau qui s’obs
tine à faire le mort. Et puisque la lettre de refus n’est pas de
droit commun, il est évident que celui qui en reçoit une est un
homme favorisé. De sorte que, grâce au perfectionnement ex
trême de l’art bureaucratique, un refus peut devenir une dis
tinction et un honneur sur lesquels la vanité et l’envie trouvent
encore à mordre. Mais tout en ayant le droit de jalouser le ma
thématicien dont le Cosmos a reproduit la plainte, le géologue
dont nous avons raconté la mésaventure, ne marque nullement
par son exemple l’ultime degré de la disgrâce qu’encourt le pé
titionnaire qui implore de M. Duruy les moyens de se rendre
utile. A des profondeurs indéterminées, au-dessous de la strate
(style géologique) où gît ce solliciteur éteint (couleur locale),
ce professeur fossile, j’aperçois grouillant, dans la pénombre
Dix-huitième année. — Troisième série. — Tome IV. — 23 e livraison, 5 juin 1869.
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LE PRIVILEGE DE LA LIBERTÉ ET LA LIBERTÉ DU PRIVILÈGE
NUE ) EN MATIÈRE D’ENSEIGNEMENT.
ddp 7. ‘
1 r > . ' I
) Le Cosmos a cité, dans son précédent numéro, un professeur
de mathématiques (M. Rouget) à qui vient d’être refusée l'au-
torisation de faire rue Gerson un cours gratuit d’algèbre. — On
sait que le petit édifice de la rue Gerson est le siège de l'ensei-
gnement libre autorisé, protégé et surveillé par le ministre de
l’instruction publique.
Après le cas de M. Rouget, nous avons mentionné celui d’un
géologue qui, ayant fait une demande analogue à celle du pro
fesseur de mathématiques, a été moins heureux encore que ce
lui-ci, puisqu’il n’a pas même obtenu un refus, et qu’on l’a
simplement planté là après lui avoir fait subir les déplacements
et les interrogations auxquels s’expose naturellement l’homme
instruit et dévoué qui demande l’autorisation de distribuer
gratis aux ignorants son temps, son savoir et son éloquence.
Ce géologue peut se regarder comme moins bien partagé que
M. Rouget, car il est évident que le refus exprimé, qui dispense
un pétitionnaire d’une attente inutile, a un avantage marqué
(sans compter le mérite de la politesse) sur le refus non ex
primé, qu’à la longue, après toutes sortes d’hésitations anxieu
ses, le même pétitionnaire se voit, quoi qu’il en ait, obligé de
déduire du silence gardé par un noble chef de bureau qui s’obs
tine à faire le mort. Et puisque la lettre de refus n’est pas de
droit commun, il est évident que celui qui en reçoit une est un
homme favorisé. De sorte que, grâce au perfectionnement ex
trême de l’art bureaucratique, un refus peut devenir une dis
tinction et un honneur sur lesquels la vanité et l’envie trouvent
encore à mordre. Mais tout en ayant le droit de jalouser le ma
thématicien dont le Cosmos a reproduit la plainte, le géologue
dont nous avons raconté la mésaventure, ne marque nullement
par son exemple l’ultime degré de la disgrâce qu’encourt le pé
titionnaire qui implore de M. Duruy les moyens de se rendre
utile. A des profondeurs indéterminées, au-dessous de la strate
(style géologique) où gît ce solliciteur éteint (couleur locale),
ce professeur fossile, j’aperçois grouillant, dans la pénombre
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